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Poursuite du pillage des ressources congolaises, destin de Kabila, & perpétuation de l’ultralibéralisme : Les véritables enjeux derrière les élections au Congo

Poursuite du pillage des ressources congolaises, destin de Kabila, & perpétuation de l’ultralibéralisme : Les véritables enjeux derrière les élections au Congo

Poursuite du pillage des ressources congolaises, destin de Kabila, & perpétuation de l’ultralibéralisme : Les véritables enjeux derrière les élections au Congo 750 500 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu décrypte les véritables enjeux derrière la distraction que constituent les prochaines élections en RDC, met en lumière le jeu de la communauté internationale au Congo et soulève le problème du fonctionnement des médias au Congo. Il explique également pourquoi nous devons faire preuve de beaucoup d’intelligence, beaucoup de sagesse, et une très grande maîtrise, et du fonctionnement du système néolibéral et du fonctionnement du mode opératoire des acteurs impliqués dans ce système néolibéral.

Sur les véritables enjeux derrière les élections

Les véritables enjeux de ce qui est en train de se passer au Congo-Kinshasa, actuellement, ne sont pas d’abord les élections en tant que telles. Il y a au moins 3 enjeux.
Le premier est le sort de Kabila à la fin de ce que la constitution estime être son mandat. Le deuxième enjeu est la part accordée aux multinationales dans un pays où elles ont financé et armé les milices pour pouvoir tuer les congolais, les chasser de leurs terres, occuper cette terre là et exploiter les matières premières stratégiques. Il y a un débat autour du code minier. Les multinationales et les oligarques miniers n’acceptent pas de rapatrier suffisamment les capitaux produits sur place au Congo même. Ils sont donc pour l’évasion fiscale, l’évasion des capitaux du Congo. Quand on vous dit de temps en temps, le Congo a atteint une croissance à deux chiffres, c’est simplement une inversion sémantique. C’est une façon de nous dire, actuellement, le Congo est sérieusement pillé par les oligarques miniers. Pour, par exemple, que le budget qu’on utilise sur place, puisse profiter à la population, il faut qu’il y a rapatriement des capitaux. Or les oligarques miniers ne veulent pas en entendre parler. Ces oligarques font partie du corps électoral, contrairement à ce que nous pensons habituellement.
Le troisième enjeu, qui est lié au deuxième, est celui de la perpétuation de l’ultralibéralisme, chez nous. Qui va accéder aux affaires demain pour pouvoir assurer la perpétuation de l’ultralibéralisme ? Beaucoup de compatriotes se bousculent au portillon, font des va et vient en Occident, ils sont constamment présents dans certains ambassades, pour garantir aux pays dont les multinationales qui ont élu domicile chez nous que demain aux aussi vont garantir les intérêts de ces multinationales s’il y avait ce qu’ils appellent, l’alternance politique.
Nous devrions tenir compte de ces 3 enjeux dans l’analyse de ce qui se passe chez nous.

Sur le jeu de la communauté occidentale au Congo

Ces messieurs, s’ils ont des garanties, que demain leurs intérêts économiques et financiers, les intérêts économiques et financiers du 1% d’oligarques d’argent pourront être sauvegardés par Joseph Kabila, ils peuvent fermer les yeux sur la constitution. On est habitué à leur jeu. Ils peuvent se réveiller un matin et dire, voilà la constitution est ceci, mais nous avons donné des conseils, il ne veut pas suivre donc, c’est aux congolais qu’il appartient de se prendre en charge. C’est toujours important d’avoir à l’esprit, les 3 enjeux.

Sur le financement des élections et les problèmes qu’il crée

Le budget du pays que l’on nous présente comme connaissant une croissance économique extraordinaire, est de 9 milliards de dollars, seulement. Sur ces 9 milliards, le 1.2 milliard imparti aux élections, n’a pas été prévu. D’où viendra l’argent pour ces élections là ? Est-ce que les élites compradores qui ont mis leur argent en dehors, après l’avoir pillé au Congo, pourront y recourir pour pouvoir financer ces élections pièges à cons ou ils vont dire, non, tendons la main aux « partenaires » extérieurs, pour qu’ils puissent financer les élections ?
S’ils tendent la main vers les partenaires extérieurs, afin qu’ils puissent financer ces élections, eux qui se disent nationalistes, ils ne pourront pas justifier le fait que leur nationalisme ou leur patriotisme marche de pair avec la trahison d’un grand acte de souveraineté qui est le financement des élections du pays par le pays lui-même. Voilà un point qui montre que toutes les gesticulations actuelles pourront conduire à ce que certains compatriotes appellent « glissement ».
A propos de « glissement », on utilise des termes comme pour avaliser un processus politique biaisé. Ce n’est pas un glissement, c’est une perpétuation de la misère, de la guerre de basse intensité imposée au Congo, du pillage du Congo, par une distraction que l’on crée autour des élections.
On parle beaucoup des élections, mais par exemple, rarement, on fait allusion à la révision du code minier. Le pays dans son entièreté est pris en otage, par un seul sujet de débat : Les élections. C’est signe que ce sujet de débat est une distraction. Le coût des élections va donc poser problème.
Mais il y a deuxième problème, au-delà du coût des élections. Kagame a demandé que son parlement accepte les signatures des rwandais qui ne veulent pas qu’il puisse partir du pouvoir. Donc, en 2017, Kagame risque de se reconduire à la tête de ce pays là, comme marionnette des forces extérieures. Il y a aussi Museveni qui risque de rester, et Nkurunziza qui va se représenter pour la 3ème fois. Donc, quelles garanties avons-nous que les créateurs de ces Jean Schramme, de ces Bob Denard, vont accepter que leur cheval de Troie qui est au Congo passe la main ? Il y a un problème de ce qu’ils vont appeler la « stabilité régionale » qu’ils vont vouloir soulever. Il y a donc la dimension géopolitique à prendre en compte.

Sur la communauté internationale et la recolonisation du Congo

Souvent quand nous parlons de la communauté internationale, essayons aussi d’ouvrir les yeux pour voir quels pays de la communauté internationale est impliqué dans ce qui se passe au Congo. Il y a les Etats-Unis et l’Union Européenne, ce sont des signes qui ne mentent pas. Il y a eu la création du marché de l’Afrique australe et de l’Afrique de l’Est. Qui aujourd’hui domine le Kenya, l’Ethiopie, la Somalie ? Qui aujourd’hui, commande l’Ouganda, le Rwanda, le Congo ? Qui aujourd’hui essaie d’occuper le Sud-Soudan ?
De plus en plus, il y a des compatriotes qui vous disent : « Ah mais ça ne fait rien, qu’on règle d’abord le processus politique même si eux nous occupent économiquement, on va faire comme l’Afrique du Sud. Regardez Mandela il a accepté de prendre le pouvoir politique, et il a laissé aux autres le pouvoir économique. »
Pourquoi de plus en plus de congolais réfléchissent dans ce sens là ? Parce qu’ils sont fatigués. Lutter pendant longtemps, ce n’est pas facile du tout. Ainsi, Avoir de petits postes ministériels leur importe beaucoup plus que de lutter pour avoir la souveraineté économique qui pourra aider les politiques à financer les projets sociaux pour la société.
Telles que les choses avancent, nous risquons demain de recommencer ce qui s’est passé à l’entrée de l’AFDL au pays. C’est-à-dire que le pays va continuer à être recolonisé par les entreprises transcontinentales, il y aura quelques ministres et députés qui recevront les miettes qui tomberont des tables de ces entreprises, et ces marionnettes nous diront, « circulez mesdames et messieurs, il n’y a rien à voir. »
Le processus nous exige beaucoup d’intelligence, beaucoup de sagesse, et une très grande maîtrise, et du fonctionnement du système néolibéral et du fonctionnement du mode opératoire des acteurs impliqués dans ce système néolibéral. Souvent, nous passons beaucoup plus de temps à traiter de la question politique, sans nous poser la question du financement des politiques à adopter demain en matières des programmes sociaux, éducatifs, sanitaires si la souveraineté économique n’est pas gagnée.

Sur le fonctionnement des médias au Congo

Les fameuses consultations sont orientées. Et pourtant, pendant un temps, on nous disait que toutes les questions pouvaient être débattues sans tabou. Le Congo qui a plus de 2.34 millions de km² n’a qu’une radio, radio okapi, à travers tout le pays, et les médias dominants que l’on suit. Où sont les médias congolais ? Où sont les médias alternatifs congolais qui pourraient permettre, qu’au lieu qu’il y ait un seul son de cloche, on en donne 4 ou 5. Comment voulez-vous qu’un pays qui estime organiser des consultations et des dialogues, ne soit pas ouvert à plusieurs radios locales, communautaires et pluralisme médiatique ?
Il y a certains les journaux, qui s’autocensurent, mais ils ne sont pas lu dans les coins et recoins du pays. L’information de ce qui se passe à Kinshasa, est partagé entre quelques citoyens et citoyennes, la grande masse populaire congolaise est oubliée et n’est pas informée à temps sur les questions qui engagent son avenir.
Est-ce qu’on peut aller à ces fameuses élections sans avoir trouvé une solution au pluralisme médiatique au Congo ? Et surtout une solution à l’avènement des médias alternatifs… Autant de questions, qui constituent peut-être des questions taboues pour ceux qui estiment être aux affaires. Parce que ce qui compte pour eux, ce n’est pas le peuple congolais, c’est leur ventre.

Sur l’affaire des jeunes activistes congolais

Il y a eu un usage abusif du mot terrorisme. Ceux qui sont terrorisés sont considérés comme des terroristes. Les disciples congolais de l’Occident terroriste ont le mot terroriste dans la bouche pour pouvoir disqualifier ceux qui remettent en question le système néolibéral.
Cependant, nous ne devrions pas perdre de vue qu’aujourd’hui, il y a quand même un groupe de jeunes congolais et africains qui sont manipulés par les forces extérieures pour continuer les révolutions de couleur. Des révolutions de couleur qui ne profitent pas à leurs propres pays, mais profitent aux forces extérieures. Ces forces extérieures qui ont souvent tendance à diviser pour régner.
Il faut que les jeunes ouvrent l’œil et le bon. Ils abordent des questions sérieuses, ils sont soucieux de voir leur pays fonctionner normalement de façon à ce qu’ils aient un avenir, qu’ils aient de l’emploi, qu’ils aient accès à la santé et l’éducation, mais il faut qu’ils soient vigilants.

INGETA.

REINVENTONS

LE CONGO

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