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Les USA vont aider la RDC comme ils l’ont fait en ex-Yougoslavie et au Soudan…

Les USA vont aider la RDC comme ils l’ont fait en ex-Yougoslavie et au Soudan…

Les USA vont aider la RDC comme ils l’ont fait en ex-Yougoslavie et au Soudan… 818 614 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu | Les USA vont aider la RD Congo comme ils l’ont fait en ex-Yougoslavie et au Soudan.

Le 11 février 2013, devant le think tank américain, The Brookings Institution, Johnnie Carson le sous-secrétaire d’État aux Affaires africaines, a soutenu que son pays était disposé à contribuer à l’avènement de la paix en RDC en travaillant avec l’ONU et des partenaires africains. Ce faisant, les USA partageraient avec la RDC leur expérience faite en ex-Yougoslavie et au Soudan. Quelle a été cette expérience ? Quand a-t-elle été faite ? Comment a-t-elle été faite ? Que visait-elle réellement ? Quelles ont été ses conséquences ? Pourquoi a-t-elle été faite ? Notre article va tenter de répondre à ces questions. En marge de la rhétorique « très officielle » et en relisant un peu l’histoire des USA après la Chute du Mur de Berlin. Nous partons aussi d’un constat : « Tout ce qui nous arrive est étudié et programmé ».

Après les attentats du 11 septembre 2001 aux USA, un ex-général de l’armée américaine, Wesley Clark, s’est rendu au Pentagone où il  voulait rencontrer Donald Rumsfeld. « Alors que je descendais pour quitter le Pentagone, soutient, Wesley Clark, un officier de l’Etat Major m’appelle dans on bureau et me dit : « Je veux que vous sachiez que nous allons attaquer l’Irak »[1]. » A la question de savoir pourquoi cette attaque allait-t-elle avoir lieu, son interlocuteur  répondra : « Nous ne savons pas. »  Cet officier soutint même qu’il n’y avait pas de lien entre Saddam Hussein et le 11 septembre 2001. Plus tard, à son retour au Pentagone, Wesley Clark posa cette question au même officier : « Est-il toujours prévu que nous attaquions l’Irak ? » Son interlocuteur lui répondit : « Monsieur, c’est bien pire que ça. »  Il lui montra un document en disant : « J’ai reçu un mémo (top secret) du secrétaire à la Défense qui dit que nous allons attaquer et détruire les gouvernements dans 7 pays sur 5 ans. Nous allons commencer avec l’Irak, et puis nous irons en Syrie, Liban, Libye, Somalie, Soudan et Iran. » C’est beaucoup plus tard que Wesley Clark parviendra à établir un lien entre cette confidence et une réunion qu’il avait eue avec Paul Wolfowitz.  « Je me suis souvenu, dit-il, d’une réunion que j’ai eue avec Paul Wolfowitz en 1991. En 2001, il était  le sous-secrétaire, soit le numéro 3 au Pentagone. Il m’avait dit : « Nous avons 5 ou 10 ans pour nettoyer tous ces régimes dévoués à l’ex-Union Soviétique : la Syrie , l’Iran, l’Irak avant que la prochaine superpuissance n’émerge  pour nous défier.[2] »  Ce texte est extrait d’une conférence.

Au début de cette conférence de Wesley Clark (à San Francisco le 03 octobre 2007), il soutint que les USA avaient connu un « coup d’Etat » (avec l’élection de Georges Bush Jr. (en novembre  2000)). Ce « coup d’Etat »   fut orchestré par un groupe composé de Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, Dick  Cheney, etc.

(Ces messieurs font partie de ce que Peter Dale Scott nomme « l’Etat profond » (ou le gouvernement parallèle des USA), porteur du Projet pour le Nouveau Siècle Américain[3].)

Le point de vue de Wesley Clark est partagé par Luciano Canfora qui, en 2002, fustigeait « l’imposture démocratique » aux USA. Il notait ce qui suit : « Le fait vraiment nouveau de novembre 2000 est (…) le coup de force. Pour la première fois a prévalu l’interdiction de compter les voix : une opération qui aurait déterminé la défaite du candidat qui devait gagner. Ce coup d’Etat (c’est ainsi qu’en a parlé M. Al Gore lui-même à l’un des moments les plus chauds de ce long bras de fer) est un inédit dans l’histoire des Etats-Unis.[4] » Pourquoi ce coup d’Etat a-t-il été orchestré par « l’Etat profond » ? Pour réaliser le Projet susmentionné. L’une des priorités de ce Projet, c’est « la guerre contre  la Chine  ». Aux yeux de Luciano Canfora, « l’autre priorité, si possible, plus inquiétante encore : le projet d’écraser la Chine , considérée comme le seul adversaire possible de la domination mondiale des Etats-Unis (militairement, l’Europe n’est qu’un club apprivoisé et inoffensif). [5]» Pour preuve, « dès le 30 janvier 2001, soit vingt jours à peine après l’entrée  en fonction de Bush Jr., le Pentagone simulait la bataille virtuelle entre les Etats-Unis et la Chine à coups de missiles et de « bouclier spatial », en prévision d’un conflit non pas virtuel, mais bien réel, prévu, sous bénéficie d’inventaire, pour 2017.[6] »

Ce recours à Wesley Clark, à Peter Dale Scott et à Luciano Canfora aide à mieux situer les propos de Johnnie Carson. Quand, le 11 février 2013, du haut de la chaire de Bookings Institution, il dit: « Nous sommes parvenus à une telle solution pour mettre un terme au conflit dans l’ex-Yougoslavie par le biais des Accords de Dayton. Nous avons réussi à mettre un terme à la plus longue guerre civile qu’ait connue l’Afrique, le conflit au Soudan, grâce à l’Accord de paix global négocié par les États membres de l’EGAD et appuyé par les États-Unis, la Norvège et la Grande-Bretagne. Il faut maintenant un nouvel effort international dynamique au service de la RDC », il semble supposer que  les Congolais(es) ignorent tout de cet engagement des USA sur « la route du nouveau désordre mondial » après la Chute du Mur de Berlin.

Reprenons le cas du Soudan. Il a été programmé pour être  « attaqué et détruit » par « l’Etat profond du Pentagone » après le 11 septembre après qu’il ait été classifié parmi  tous ces « régimes dévoués à l’ex-Union Soviétique ».  Quand Johnnie Carson soutient que « nous avons réussi à mettre un terme à la plus longue guerre civile qu’ait connue l’Afrique, le conflit au Soudan », il dit une contre-vérité.

La guerre au Soudan comme celle du Congo  est une guerre de basse intensité orchestrée par les USA (et leurs alliés).  Elle a abouti à la partition de ce pays. Le Congo doit aussi avoir été programmé pour son implosion.

Il en va de même de l’ex-Yougoslavie. Dans un article intitulé « Armes de destruction massives :5 guerres, 3 continents et  les mêmes mensonges[7] »,    F. ARBUTHNOT indique que « le 24 mars 1999, l’OTAN a commencé a “libérer” le Kosovo de la Serbie (Opération Noble enclume). Le Kosovo avait une quantité “inépuisable” de minerais d’une valeur estimée à dix trillions de dollars dans les mines de Trebca. La “libération” a consisté en 78 jours de bombardement intense, comprenant l’emploi d’armes à l’uranium appauvri. 20.000 tonnes de bombes ont été lâchées, détruisant systématiquement les centres de communication, les dépôts de carburant, les aéroports, le réseau routier, les trains, les marchés, et même l’ambassade de Chine ( la Chine était opposée à l’agression, et l’OTAN a boiteusement allégué qu’elle avait une mauvaise carte de Belgrade), et évidemment le centre de presse.[8] »

Comment le Pentagone avait-il justifié cette guerre ? « Avant l’agression, le Pentagone avait affirmé que l’armée yougoslave disposait d’au moins deux sortes de gaz toxiques, avec les moyens de les produire (…). Curieusement, une fois commencées les frappes aériennes, l’OTAN n’a pas dit un mot sur le fait que l’attaque pouvait être motivée par la conviction américaine que la Serbie était en mesure de produire des armes chimiques. (Zagreb Globus, 16 avril 1999, pp. 18-19.) »

Qui a participé à « cette guerre de libération » ?

« Le 14 août 2000, 900 hommes lourdement armés – anglais, français, italiens, pakistanais et membres de la KFOR – ont été amenés par hélicoptères sur le site. Les managers et ouvriers qui ont essayé de les combattre ont été maîtrisés par gaz lacrymogènes et balles en plastique. Le personnel qui avait résisté a été arrêté. Les journaux de l’OTAN ont décrit l’action comme le “commencement de la démocratisation du Kosovo”. En fait l’attaque a ouvert la voie à la vente des mines – contenant les “inépuisables” réserves de 77.302.000 tonnes de charbon, cuivre, zinc, plomb, nickel, or, argent, marbre, manganèse, fer, amiante et calcaire, pour ne citer que quelques ressources – à des groupes privés étrangers. »

Qui avait entraîné et financé l’armée engagée dans cette guerre ?

« L’ “Armée de libération du Kosovo” (UCK) avait été entraînée et financée par des millions de dollars et de marks allemands de la CIA et du BND (services de renseignements de Berlin), pendant des années, pour cette guerre, faussement baptisée “guerre civile”  par les gouvernements de l’OTAN et leurs porte-paroles. Les meurtriers effets toxiques et radioactifs de l’UA ont été provoqués dans toute l’ex-Yougoslavie. » Un nombre important de la population ex-Yougoslave et plusieurs casques blues italiens, portugais, belges et français ont souffert  du cancer provoqué par l’uranium enrichi et en sont morts.

Disons qu’après la Chute du Mur de Berlin, les USA ont été soumis à l’influence de « l’Etat profond » du Pentagone et de la CIA soucieux d’engager le monde dans le « Projet pour le Nouveau Siècle Américain » ; un projet  belliqueux fondé sur la peur de l’émergence d’autres  superpuissances.  L’émergence effective de la Chine et le retour en force  de la Russie sur la scène mondiale,  la possibilité de l’émergence d’un monde désormais polycentré font terriblement peur à « l’Etat profond » US.  Il orchestre des guerres sur le style « hard power » ou « soft power ». Toutes les autres guerres de basse intensité (dont souffre terriblement l’Afrique et) faussement dénommées « guerres civiles »  sont des moyens auxquels recourt « une puissance économique » sur le déclin  pour se maintenir au rang des « grandes puissances ».  Tel est le contexte dans lequel les USA veulent apporter leur « l’aide »  à la RDC. Cette   « aidé empoisonnée » est une autre appellation de la destruction de notre pays comme  « Etat plurinational ». Cette destruction est entreprise depuis l’assassinat de Lumumba avec la complicité des élites vénales internes au pays.

Aux dires de Johnnie Carson, elle va être bientôt achevée avec l’appui de l’ONU et des « partenaires africains » des USA (dont le Rwanda et l’Ouganda). Est-ce une fatalité ? Nous ne croyons pas. Maintenant que nous sommes avertis clairement pour la énième fois,  « les minorités organisées et agissantes »  devraient  devenir  davantage résistantes et organiser des missions vers nos masses populaires pour leur dire, en des termes très simples, comment les USA et leurs alliés  ont décidé de finaliser leur projet de l’implosion du Congo. Il nous faut plus qu’un dialogue national présidé par les élites compradores. Peut-être des consultations populaires à la Mobutu …La situation semble être très grave. Mais elle n’est pas désespérée. Approcher stratégiquement les Brics, la Celac (Communauté des Etats latino-américains et des Caraïbes)  et les autres  « indignés » du monde  tout en jouant diplomatiquement cartes sur table avec « l’Etat profond » US serait salutaire. A terme.  Géostratégiquement, dans ce contexte, signer des Accords de paix avec les pays africains demeure insuffisant. Et peut-être politiquement incorrect…

 

Mbelu Babanya Kabudi


[2] Ibidem. Cette  citation et les précédentes sont tirées de la référence précédente. Nous soulignons.

[3] Lire P.D. SCOTT, La route vers le nouveau désordre mondial. 50 ans d’ambitions des Etats-Unis, tr. de l’américain par Maxime Chaix et Anthony Spaggiari, Paris, Demi-Lune, 2011,  p.267.

[4]  L. CANFORA, L’imposture démocratique. Du procès de Socrate à l’élection de G. W. Bush, tr. de l’italien par Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, Flammarion, 2002, p. 33. L’auteur souligne.

[5] Ibidem, p. 34.

[6] Ibidem.

[7] http://www.michelcollon.info/Le-mythe-des-armes-de-destructions.html. Les citations suivantes sont extraites de cet article.

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