Par Chantal Faida Mulenga-byuma
Au Nord-Kivu, on tue, vole, on viole, on incendie des villages entiers sous le regard indifférent des autorités compétentes.
Ce vendredi 19 Avril 2013 , à Mamunidioma, localité située à plus ou moins cinquante kilomètres au nord-est de Béni, on a enregistré un nième cas d’enlèvement. Cette fois, trente civils ont été capturés par des ravisseurs inconnus.
La société civile de la localité affirme que plus de cent personnes qui ont été kidnappées en une année sont demeurées introuvables jusqu’à ce jour. Le 20 octobre 2012, trois prêtres assomptionnistes, Jean-Pierre Ndulani, Anselme Kakule Wasukundi et Edmond Kisughu ainsi que la sentinelle du presbytère de la Paroisse Notre Dame des Pauvres à Mbau toujours à Béni ont été enlevés dans des circonstances non élucidées. Puis c’est un rapt de 8 civils revenant des champs qui a eu lieu le 11 février 2013.
A en croire les différents rapports des organisations des droits humains, on suspecte les rebelles ougandais ADF-NALU, ou milices locales revendiquant la vérité des urnes, d’être à l’origine de ces enlèvements récurrents.
En mars dernier, à Kitshanga, ville située à 80 km à l’ouest de Goma, un conflit sanglant a opposé les FARDC aux miliciens mai mai APCLS (Armée Populaire pour Un Congo Libre et Souverain). Selon le rapport du CICR Nord-Kivu, le bilan est de près de 200 morts, nombreux blessés et cent cinquante maisons ont été incendiées. A ce jour, la population vit toujours la peur au ventre car les miliciens mai mai APCLS contrôlent toujours certains villages proches de la cité Kitshanga.
Enclencher l’enquête signifie affaire classée
Le comportement d’indifférence du gouvernement congolais pour trouver les assaillants commanditaires de tous ces actes ignobles perpétrés contre la population civile du Nord-Kivu ne fait qu’échauffer les esprits.
Dans les médias et autres meetings populaires, les autorités répètent sans cesse que des opérations sont en cours pour éclairer l’opinion et sanctionner éventuellement les auteurs. En réalité, on attendra sans doute des mois et des mois, voire des années avant que justice ne soit faite ou que les familles des victimes ne retrouvent leurs proches.
Sous d’autres cieux, la vie humaine est sacrée. Mais en RDC, il n’en n’est pas question. C’est le dernier des soucis de ceux qui ont mission et mandat de garantir la sécurité sans discrimination aucune à toute la population. En tout cas, si l’enfer avait un nom, la RDC lui conviendrait très bien. De sources dignes de foi, les milices qui sévissent dans l’est de la RDC n’ont qu’une seule demande : être écoutées sur la question de gouvernance démocratique.
En décembre 2012, le chef de l’Etat congolais avait promis l’organisation dans un court délai du forum national des forces vives pour faire les états généraux de la RDC en vue de renforcer la cohésion nationale, gage de la construction de la gouvernance. Il y a donc urgence, le Dialogue national ne doit pas rester un vœu pieux.