Par Mufoncol Tshiyoyo
L’histoire bégaie au Congo, et c’est à dessein.
Dans son livre « L’ascension de Mobutu : Comment la Belgique et les USA ont fabriqué un dictateur », Ludo de Witte rapporte la surprise et le désarroi de Moïse Tshombe quand ce dernier découvre que ses « maîtres », qui pourtant sont allés le chercher alors qu’il se la coulait douce à Madrid dans son exil doré, n’ont jamais eu d’estime pour leur pauvre nègre et de service en plus.
En effet, « Tshombe était perçu comme la façade politique derrière laquelle les Belges et les Américains avaient écrasé les soulèvements populaires. Dans cette lutte contre la révolte, Tshombe fut brûlé politiquement. Et il le savait : à la mi- 1965, quand les manœuvres en coulisse contre le Premier ministre congolais furent bien enclenchées, son conseiller Mario Spandre dit à l’ambassadeur de Belgique que Tshombe avait le sentiment « d’avoir été roulé ». On lui avait fait faire le sale boulot, […] Mais Dès que la situation se clarifia. On tenta de se défaire de lui » (De Witte, 2017 : 192-193).
L’histoire de la rencontre avec l’homme occidental soumet des faits à l’appréciation de notre conscience. Beaucoup en font ce qu’ils en peuvent. Mais la réalité reste impitoyable à celles et ceux qui, pour une raison ou une autre, avaient choisi de l’ignorer.
L’histoire de la rencontre avec l’homme occidental soumet des faits à l’appréciation de notre conscience. Beaucoup en font ce qu’ils en peuvent. Mais la réalité reste impitoyable à celles et ceux qui, pour une raison ou une autre, avaient choisi de l’ignorer. La déception de Tshombe face à ses maîtres ressemble fort malheureusement à la phrase réponse de Mobutu à Bill Richardson, alors ambassadeur et envoyé spécial des USA qui fut porteur d’un message particulier des USA à Mobutu. Comme Tshombe, Mobutu en fait l’expérience à son tour : lui aussi n’aurait été qu’une autre marionnette à la tête d’un pouvoir-os. Dans « Ainsi sonne le glas : Les derniers jours du maréchal Mobutu », Honoré, qui le rapporte, écrit que Mobutu mécontent des recommandations de Bill Richardson lui déclare, et je cite de mémoire (car c’est un livre que j’ai lu alors que je me trouvais encore de passage en exil à Brazzaville) : « C’est comme cela que l’Amérique me remercie après de loyaux services que je lui ai rendus ? ».
L’histoire bégaie au Congo, et c’est à dessein. Le Rwanda se frotte les mains. Car son mercenariat au service des élites Anglo-Saxonnes gagne en se faisant oublier à peu de frais. C’est aussi tout cela le Congo.
Mufoncol Tshiyoyo, MT,
Un Homme libre