Suite aux bombardements des positions des « mutins » du M23, par la Monusco et les FARDC, l’analyste politique, Jean-Jacques Wondo apporte des précisions sur les réalités du front Est de la RDC et un éclairage sur les motivations ainsi que les enjeux derrière cette opération inédite de la MONUSCO.
Les informations nous sont parvenues de nos sources FARDC et de la MONUSCO permettent de répondre comme suit:
- La dernière sortie aérienne des FARDC+MONUSCO contre les positions des mutins et rwandais, n’est pas consécutive à une quelconque décision de la hiérarchie militaire ou politique congolaise. Mais il s’agit d’une action de représailles de la MONUSCO, dont les autorités indiennes, n’auraient pas du tout apprécié que les agresseurs s’en prennent à leurs casques bleus, causant même mort d’hommes dans les rangs de la MONUSCO. L’inde n’avait pas du tout apprécié cela et avit fait la pression sur le SG de l’ONU, de revoir sa participation si rien n’était fait pour rappeler Kagame et ses hommes à l’ordre.
- Concernant cette attaque conjointe, elle a vu trois hélicoptères des FARDC et quatre hélocoptères de la MONUSCO munis des apareils performants de vision noctune, désarçonner les positions des forces ennemies. Elle a cause d’énormes pertes dans les rangs ennemis, malgré le démenti des mutins.
- Toutefois, nos contacts de la MONUSCO déplorent que cette armada aérienne n’ait pas été appuyé par des opérations terrestres FARDC devant permettre à déloger ces mutins de certaines positions ou axes stratégiques.
- CONSÉQUENCE: Après les assauts aériens, les mutins et leurs alliés rwandais, qui continuent tout de même à bénéficier de la collaboration de leurs frères restés dans les FARDC les informant de la fin de l’opération, finissent par revenir pour ré-occuper les positions initialement bombardées.
Une autre raison qui a justifié le retrait des mutins de Rutshuru et environs et leur décision de ne pas attaquer Goma, a trait à une bouffée de colère manifestée par l’émissaire spécial des Etats-Unis à l’encontre Kagame. En effet, pendant que l’américain s’entretenait avec Kagame à Kigali le jeudi 5 juillet pour exiger de lui de se tenir à l’écart de la guerre au Congo,Kagame lui a assuré que ses troupes de la RDF n’étaient pas impliquées dans la guerre au Nord-Kivu. Or il s’est fait que l’émissaire américain s’est rendu compte par la suite que c’est au moment même où ils s’entretenaient que les RDF rwandaises avaient dépêchées 2000 hommes des troupes motorisées pour surprendre les FARDC au départ des frontières ougandaises avec les conséquences que nous connaissons tous. arrivé à Goma, lors d’un briefieng avec les forces de la Monusco et ce qui restait encore de l’état-major opérationnel FARDC (car le général Mayala et une partie de son staff étaient en fuite), l’américain avait demandé à la MONUSCO et aux FARDC de préparer une action punitive de grande envergure contre les mutins. C’est qui a été fait dans la nuit du jeudi au vendredi dernier.
L’on se rend donc compte que la hiérarchie politique et militaire congolaise prend de moins en moins d’initiative dans le déroulement des opérations. Déjà, il y deux semaines, la MONUSCO aviat réuni, clandestinement, des militaires FARDC déterminées à se battre pour préparer des opérations similaires à ce qui vient de se passer. Il était question de mener ces opérations sans en informer la haute hiérarchie. Mais à deux reprises et à la surprise des FARDC concernées, ces opérations étaient annulées sur ordre de Kinshasa en dernière minute. (Les loups sont effectivement bien installés dans la bergerie). Ainsi, pour la MONUSCO, l’attaque rwandaise contre les casques bleus a constitué une raison de décider de manière unilatérale d’une opération et dfe mettre les autorités congolaises devant un fait accompli en les contraignant d’engager également les trois seuls hélicoptères de combat dont dispose toute l’armée. C’était le seul langage que la hiérarchie politique et militaire FARDC a compris.
Dans mes précédents envois, j’ai fait mention de la présence du Gén. Didier Etumba à Goma et de la réunion qu’il devait tenir avec les commandants d’unités opérationnels des zones des combats. Cette réunion voulue par les FARDC au front devrait se consacrer à la réorganisation des commandements des (petites) unités déployées sur le terrain car plusieurs d’entre elles disposent encore en leur sein des commandants ex-CNDP ou ethniquement proches aux mutins, soupçonnés de connivence avec les agresseurs M23 et Rwanda. L’on nous signale qu’une semaine après, cette réunion n,’a pas encore eu lieu car Etumba n’ose pas tenir cette réunion avec les officiers supérieurs, dont certains ne cachent plus leur colère contre la manière dont Kinshasa leur donne des ordres de bataille ne leur permettant pas de mener leurs actions avec efficacité et coordination. Ils se sont d’ailleurs plaints auprès de la MONUSCO. D’où l’exigence entre autre de Reynders qui a demandé au régime de tout faire pour opermettre aux FARDC de mener des actions de façon coordonnée et avec efficacité.
Par ailleurs, les FARDC déployées sur le terrain nous disent d’informer l’opinion que ce n’est pas au niveau de la Région Militaire (Commandat de la Région) qu’il faut opérar les changements car ayant peu de contacts opérationnels directs avec les troupes au combat, mais bien au niveau des Compagnies qu’il faut absolument revoir la chaîne de commandement. En effet, certains commandants de compagnie agissent indépendamment des ordres venus de la hiérarchie. (Ndlr: Pour les profanes, la structure actuelle des FARDC comprend grosso modo au niveau d’une région militaire: les Brigades(remplacées par les régiments: 1500 à 2500 hommes), les bataillons (600 à 1200 hommes), les compagnies (100 à 250 hommes), les pelotons (30 à 40 hommes), les sections (8 à 10 hommes).
Une précision concernant la fuite du général Vainqueur MAYALA, il ne s’agissait pas d’une fuite en termes d’abandon des troupes. Au fait, son staff de commandement s’est retrouvé pris en étau par les RDF rwandaises venus des frontières ougandaises. Il s’est dès lors réfugié dans un blindé qui lui a permis, via une manoeuvre d’exfiltration, de sortir de l’encerclement pour se retrouver hors zone de combats. Une fois rassurée de se trouver dans une zone sûre, c’est via son poste de transmission radio, nous indiquent nos sources FARDC dans le Nord-Kivu, qu’il a d’initiative repris contact avec l’état-major opérationnel, qui a dépêché un hélico de la Monusco pour aller le rechercher.
Il est remplacé par le général BAHUMA, ressortissant du Maniema, ancien commandat de la 5ème Région Militaire au Kasaï-Oriental. On dit l’avoir muté à la 2ème Région Militaire au Bas-Congo. On espère qu’il ne subira pas le sort du feu Général MBUZA MABE qui, après avoir vaillamment défendu Bukavu en 2004 contre les hommes du colonel rwandais Jules MUTEBUSI, compagnon d’armes de J. Kabila sous APR et AFDL, a été déporté à Kitona (Bas-Congo). Et la suite nous la connaissons. Même si ici, je dois préciser que le général MAYALA Vainqueur n’a à son actif aucun fait d’armes glorieux comparable à MBUZA MABE. On peut tout de même s’inquiéter du sort qui peutlui être réservée alors que les criminels de pires espèces comme Makenga, Vianney, Ntaganda,..continuent de bénéficier des soutiens tacites de Kinshasa.
Concernant enfin les inquiétudes de la prise de Goma, nous pouvons rassurer nos frères gomatraciens que cette ville ne sera jamis prise car Kagame ne peut plus se permettre de s’aventurer dans un baroud risqué d’attaquer et occuper cette ville dévenus désormais symbole de la crédibilité, de la raison d’existence et de survie de la MONUSCO. car une attaque contre Goma ce sera un défi que Kagame lancerait contre l’ONU, fortement critiquée dans son action au Congo via la MONUSCO.
Mais aussi contre les Etats-unis,ses parrains, de plus en plus indexés par le reste du monde, les britanniques et ONG: HRW, ICG, comme étant très copmplaisants avec le régime Kagame qui ne bénéficie de moins en moins de l’état de grace lui concédé dans les milieux diplomatiques chaque fois qu’il mettait en avant l’alibi « génocide ». Telles sont les certitudes qui nous proviennent des hautes sources de la MONUSCO.
Néanmoins, Kagame continuera à faire constamment pression de vouloir brandir la menace d’attaquer GOMA, pour permettre de maintenir la pression psychologique sur la RDC et la Communauté internationale et maintenir un certain statut quo militaire, politique au Congo et diplomatique qui lui convient très bien actuellement car lui étant favorable.
J’expliquerai sans doute prochainement d’autres raisons tactiques et stratégiques qui feront que Kagame ne peut se permettre de précipiter son « suicide » politique au Rwanda et au Congo, via ses alliés locaux au sommet du pouvoir, en attaquant GOMA. Question de vous laisser « déjeuner en paix » en ce début de week-end et avoir le temps de bien digérer toutes ces informations en provenance du front. Nos sources locales s’étendent maintenant vers la MONUSCO.
Le messager des combattants FARDC du Front-Est,
JJW