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Charniers au Congo, xénophobie en Afrique du Sud, drames en méditerranée : Les africains face aux guerre de prédation et de déstabilisation

Charniers au Congo, xénophobie en Afrique du Sud, drames en méditerranée : Les africains face aux guerre de prédation et de déstabilisation

Charniers au Congo, xénophobie en Afrique du Sud, drames en méditerranée : Les africains face aux guerre de prédation et de déstabilisation 985 647 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu rappelle les mécanismes de la guerre perpétuelle contre le Congo, analyse les causes structurelles de l’immigration congolaise et le lien avec les actes xénophobes en Afrique du Sud, insiste sur l’importance de l’éducation pour y faire face, revient sur le drame africain en méditerranée et explique pourquoi l’Afrique, de manière générale, risque l’implosion.

Sur la guerre perpétuelle contre le Congo

En étudiant cette affaire, des fosses communes au Congo, de plus près, nous nous rendons compte que c’est une même guerre, d’extermination des congolais, qui se perpétue.
Ceux qui orchestrent la guerre perpétuelle contre le Congo ont leurs agents dans les institutions congolaises. Ces agents procèdent à la vente des terres. Après avoir vendu les terres, ces agents savent que nos populations vont errer et aller vers les villes et les cités. Et là-bas, ils y meurent. C’est une façon de participer à l’extermination des congolais par la faim, la maladie et le dépaysement, dans l’indifférence générale.
Depuis la guerre de l’AFDL jusqu’à ce jour, combien de ministres ont démissionné suite à des motions contre eux ? On entretient l’illusion de la politique au Congo, mais nous ne le dirons jamais assez : Il n’y a pas de politique au Congo. Il y a juste une élite compradore, qui se retrouve pour se redistribuer l’argent du Congo en faisant semblant de pouvoir s’adonner à la politique, à quelques exceptions près. Il n’y a rien à attendre à ce niveau là.
Ce qu’on peut espérer, c’est que le peuple, avec ses patriotes éveillés, prennent de plus en plus conscience qu’il y a là une extermination systématique et planifiée des congolais. Et cette extermination devrait être contrée par les masses populaires aidées par des patriotes éveillés.

Sur la justice et les enquêtes au Congo

Depuis que Chebeya est mort, à quoi les enquêtes menées ont-elles abouti ? Depuis que Laurent-Désiré Kabila est mort, à quoi les enquêtes menées ont-elles abouti ?
Il n’y aura pas d’enquête indépendante pour les fosses communes. N’oublions pas que la guerre qui se mène au Congo est aussi la guerre de la politique et de la justice internationale.
Le rapport mapping n’a pas été suivi d’effet. La mise en place des chambres mixtes pour juger les crimes commis depuis 2001 n’a jamais vu le jour. La mise sur pied d’une commission vérité et réconciliation ? Cette commission n’a jamais fonctionné convenablement. Ce n’est pas demain que nous aurons des enquêtes bien fouillées. N’oubliez pas que les politicards congolais ont soutenu que la fosse de Maluku n’est pas la seule à Kinshasa.
Nous nous leurrons en croyant qu’il y a un quelconque pouvoir au Congo. Il y a un non pouvoir qui laisse pourrir les situations. De temps en temps, Lambert Mende essaie de redonner de la forme à ce non pouvoir en entretenant un discours bien ficelé.

Sur l’éveil des consciences

Enterrer les congolais comme des indigents, dans l’indifférence et sans dignité sont des signes de négation et de déni de l’humanité des congolais. Mais ce déni est fondamentalement lié à la guerre qui se mène au Congo depuis les années 1990. Il n’y a donc rien à attendre de bon d’une quelconque enquête.
Il ne s’agit pas de prôner l’inaction. Il s’agit de prôner l’éveil des consciences tout simplement. Il s’agit de prôner un changement de méthode dans l’approche de ce qui nous arrive. Que nos patriotes éveillés travaillent avec nos masses populaires à réidentification des véritables acteurs de la tragédie dans laquelle le Congo se retrouve aujourd’hui. Il faut que les congolais essaient de voir dans quelle mesure ses masses populaires peuvent à moyen terme constituer des masses critiques capables de pouvoir renverser les rapports de force.
Ce dont il s’agit, c’est de pouvoir renverser les rapports de force, et non de tabler sur des cas isolés pour pouvoir entretenir un faux processus politique. Il faut rompre avec ce faux processus.

Sur les violences xénophobes en Afrique du Sud

Pourquoi il y a-t-il xénophobie en Afrique du Sud et maintenant ? Il ne faut se limiter à ce qui se passe maintenant et aux attaques entre peuples noirs. A qui profit ces violences ? Quels sont les liens que l’Afrique du Sud tisse avec d’autres pays émergents aujourd’hui qui peuvent faire qu’il soit dans le viseur de certaines puissances du monde qui travaillent les populations à pouvoir s’opposer les unes autres, afin de pouvoir déstabiliser, non seulement l’Afrique du Sud, mais aussi toute l’Afrique.
Ne nous limitons pas aux actes de xénophobie, posons-nous cette question : Qui tire profit de ces actes de xénophobie ? N’est-ce pas toute l’Afrique que l’on voudrait mettre sans dessus dessous ? Quand on chasse les congolais, les namibiens ou les zimbabwéens d’Afrique du Sud, eux aussi dans leurs propres pays, pourront s’en prendre aux Sud-Africains, et c’est toute l’Afrique va s’embraser. C’est l’Afrique qui, petit à petit, va aller vers son implosion si, dans cette Afrique là, il ne se lève pas des patriotes africains et panafricanistes à même de sauver l’Afrique de ce danger.
Il y a certainement par ci, par là, des compatriotes africains qui mettent du feu aux poudres. Mais il ne faut pas se limiter aux épiphénomènes. S’il y a des responsabilités à établir, elles le seront. Mais il ne serait pas exclu qu’il y ait une main noire derrière.

Sur l’immigration congolaise et ses causes structurelles

Jusque vers les années 1980, il avait certainement des congolais qui allaient vivre à l’extérieur mais ce n’était pas aussi prononcé qu’aujourd’hui. Les programmes d’ajustements structurels ont appauvri sérieusement le Congo à partir des années 1980. Avec les dettes que le pays avait contracté auprès de la banque mondiale, il avait été obligé d’exporter les matières premières et de négliger l’agriculture. Ce qui fait que plusieurs de nos villages ont été désertés et que nos populations sont en train d’aller chercher ailleurs des meilleures conditions de vie.
Si vous ajoutez, à ces programmes d’ajustements structurels, la guerre qui a commencé dans les années 1990, vous combinez la guerre, les programmes d’ajustements structurels, le manque d’infrastructures à travers tout le pays, tout cela constitue des causes structurelles qui font que les congolais clochardisés puissent chercher à aller trouver mieux ailleurs.

Sur l’importance de l’éducation

L’éducation est essentielle pour ne pas revivre ce qui se passe en Afrique du Sud. Quand nous voyons comment les populations de l’Amérique latine sont en train de se mettre ensemble aujourd’hui, nous avons là un exemple que nous pouvons imiter. Mais si l’ignorance n’est pas combattue par l’école et par la culture, elle peut s’avérer être un frein à la constitution de l’unité africaine.
Quand vous vivez dans un pays où vous-même, vous êtes clochardisé, intellectuellement, psychologiquement, moralement, et matériellement, vous manquez de ressources qui puissent vous aider à analyser les causes profondes de la situation que vous vivez, et il arrive qu’on prenne facilement, l’autre, le frère, le voisin comme bouc émissaire.

Sur les processus politiques initiés au Congo

La classe politique congolaise participe du processus du chaos constructeur. Les principaux partis politiques congolais, au moins 5 d’entre eux, sont financés par les agences de sédition américaines. C’est-à-dire que leur vide idéologique est entretenu par une main extérieure.
Demain que va-t-il se passer ? Ces partis, comme ils entretiennent leur esprit partisan, malgré leur vide idéologique, vont s’empoigner pour pouvoir perpétuer le chaos. Ceux qui ont été aux affaires en 2006 et 2011, qui ont commis de crimes ne vont pas facilement accepter de partir et vont recourir à la tricherie, à la fraude et à la corruption pour rester khalife à la place du khalife. Et les autres qui n’accepteront pas, vont riposter le chaos va se poursuivre.
Tant que nous ne comprendrons pas que nous devons rompre avec ce processus lié à la guerre de basse intensité imposée à notre pays, les élections ne pourront pas constituer une réponse à cette guerre perpétuelle.

Sur le drame africain en méditerranée

La Libye a été détruite. Et rares, sont ceux d’entre nous, qui ne se posent plus la question de savoir pourquoi la guerre livrée contre la Libye fondée sur la recherche de la démocratie et le respect des droits de l’homme n’a pas pu imposer la démocratie et le respect des droits de l’homme en Libye ?
Nous avons affaire à un mensonge qui révèle ses limites aujourd’hui. La guerre qui avait été menée contre la Libye n’avait pas pour but de pouvoir permettre à ce pays de vivre dans la démocratie, c’était une guerre de déstructuration, pas seulement de la Libye mais aussi d’autres pays de l’Afrique du Nord. C’était une guerre qui visait la déstabilisation, la destruction d’un leader charismatique d’un pays, Mouammar Kadhafi et de tout ce qu’il avait comme idées pour l’Afrique.
Kadhafi mort, l’Afrique du Nord et beaucoup d’autres pays qui regardent vers l’Europe, et qui passent par la Libye, se ruent vers l’Europe et l’Europe démocratique ferme ses frontières. Elle fait semblant de ne plus analyser les causes structurelles qui font qu’avec les programmes d’ajustements structurels, avec les guerres imposées à plusieurs pays africains, les africains cherchent par tous les moyens à pouvoir gagner les pays où ils peuvent gagner leur vie tant bien que mal.

Nous avons intérêt à analyser sérieusement les causes structurelles de la mort des africains dans la méditerranée. Les africains ne peuvent être à l’aise ni dans leurs pays, où il y a guerre et des famines, ni ailleurs où les murs se sont dressés pour les empêcher d’atteindre ces pays, qui ont alimenté la guerre et les programmes d’ajustements structurels.
Les peuples ont toujours cherché à se déplacer et à immigrer mais si les pays occidentaux avaient réellement envie de pouvoir aider les pays africains à garder chez eux leurs ressortissants, que feraient-ils ? Ils laisseraient tout simplement aux pays africains leur capacité de s’autodéterminer et de s’autogérer, et feraient tout pour que les pays africains soient souverains. En d’autres termes, ils arrêteraient d’orchestrer les guerres contre les pays africains pour pouvoir les déposséder de leurs matières premières, ils arrêteraient d’imposer aux pays africains, par le truchement du Fonds Monétaire Internationale et de la Banque mondiale, des programmes d’ajustements structurels et des mécanismes d’austérité.

C’est aux africains qu’il appartient de voir ce qui est en train de se passer et de s’organiser autrement. Et cela est possible. Nous nous rendons compte que les pays latino-américains ont réussi. La Russie est en train de réussir.
Si vous n’avez pas vos propres pays qui se respectent et qui se font respecter parce qu’ils ont des gouvernants au service de leurs populations, personne ne va vous respecter à travers le monde.

INGETA.

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