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Le memorandum de la CENCO et l’amnésie collective

Le memorandum de la CENCO et l’amnésie collective

Le memorandum de la CENCO et l’amnésie collective 800 480 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

« Un peuple sans mémoire ne peut pas être un peuple libre » D. MITTERRAND

Certaines attaques menées contre la Conférence Episcopale Nationale du Congo (Kongo) pourraient être révélatrice de la nuisible maladie collective dont souffre plusieurs compatriotes au pays de Lumumba : l’amnésie. Mais aussi du refus du pluralisme de la pensée.

Ces compatriotes ont déjà très vite oublié que la CENCO venaient de participer aux consultations organisées au pays parmi les forces sociales et politiques considérées comme étant « représentatives ». « Représentatives » de quoi ? D’une église catholique ayant une tradition prophétique ; d’une portion importante de populations kongolaises ayant des croyances et des convictions citoyennes : d’une lutte menée, malgré la fragilité et la vulnérabilité liées à la condition humaine, pour « le salut » et le bien-être du plus grand nombre (jusqu’au martyre) ; d’une lecture politique de l’histoire du pays ayant un suivi, etc.

Les 6 principes de la CENCO

En effet, au cours des consultations ayant précédé la création de « l’Union Sacrée », la hiérarchie de l’église catholique du Kongo a formulé quelques principes et quelques propositions à mettre en pratique en vue d’aider le pays à sortir de « la crise » et d’assurer le bien-être de la population.

La CENCO pensait qu’il était souhaitable d’évaluer l’Accord conclu entre le CACH et le FCC dans le respect de certaines valeurs que sont la vérité, la justice et la paix.

La CENCO avait formulé six principes que voici :
1. Le respect de la Constitution
2. La sécurité nationale
3. L’intégrité territoriale
4. La stabilité de l’Etat et des institutions
5. La paix sociale
6. L’Etat de droit et la démocratie

La CENCO pensait qu’il était souhaitable d’évaluer l’Accord conclu entre le CACH et le FCC dans le respect de certaines valeurs que sont la vérité, la justice et la paix.

A ses yeux, la reforme de la loi électorale pourrait redonner confiance au peuple et la légitimité aux institutions pouvant être issues des élections à venir. Pour elle, cette légitimité pourrait participer de l’émergence d’un véritable Etat de droit.

L’immédiatisme et le courtermisme

Donc, dans leur mémorandum, les évêques de la CENCO parlaient déjà du respect de la Constitution et des prochaines élections. Ce qu’ils disent aujourd’hui étaient déjà écrit dans leur memorandum. Ils ne font qu’assurer un suivi à ce memorandum signé le 09 novembre 2020. Ils y ajoutent un plus en organisant les « Actions 2023 ». Ils sont cohérents avec la méthode « Voir-Juger-Agir ».

Une lutte acharnée contre le culte de la personnalité, l’immédiatisme, le courtermisme et l’amnésie collective pourrait être salutaire pour ce pays.

Leur reprocher la fidélité à leur memorandum me semble un peu bizarre. Comment peut-on leur demander de ne pas être cohérents avec cette démarche initiée au cours des consultations ?

S’ils n’étaient rien et ne représentaient rien, il ne fallait pas les consulter parmi « les forces sociales et politiques représentatives » du pays. Les consulter et leur demander après de se taire sur les principes et les propositions qu’ils ont formulés me paraît contradictoire. Cela va à l’encontre du pluralisme de la pensée.

A mon avis, cela participe aussi de l’incohérence, de la contradiction majeure dans lesquelles s’empêtrent des compatriotes partisans de l’immédiatisme et du courtermisme, sans stratégie ni méthode de travail, partisans du culte de la personnalité, adeptes de l’amnésie collective.

La question de « Fatshi béton » demeure

Personnellement, je me suis toujours inscrit en faux contre le processus affairo-politique, vicieux et vicié, mafieux, dans lequel le pays est engagé depuis le début de la guerre perpétuelle, raciste de prédation et de basse intensité qui lui est imposée jusqu’à ce jour. Je ne crois pas en des élections dignes de ce nom dans une « néocolonie ». Cependant, cela ne pousserait pas, par exemple, à m’en prendre à la CENCO qui, depuis le dépôt de son memorandum, reste cohérente dans sa démarche et ses actions.

Le pluralisme de la pensée et le goût d’un travail méthodique abattu sur le court, moyen et long terme doivent être cultivés afin d’aider le Kongo-Kinshasa à sortir du gouffre sans fond où il se retrouve.

Il peut encore être compréhensible que cette démarche et ces actions puissent être critiquées. Mais y ajouter des insultes et des attaques personnelles, cela me paraît très peu respectueux de la dignité humaine. Si elle signifie encore quelque chose au pays de Lumumba…

Une lutte acharnée contre le culte de la personnalité, l’immédiatisme, le courtermisme et l’amnésie collective pourrait être salutaire pour ce pays. Le pluralisme de la pensée et le goût d’un travail méthodique abattu sur le court, moyen et long terme doivent être cultivés afin d’aider le Kongo-Kinshasa à sortir du gouffre sans fond où il se retrouve.

Le fait est là que les fanatiques, les thuriféraires et les tambourinaires n’ont pas encore dit leur dernier mot. Et la question de « Fatshi béton » peut être reposée (et nous y répondront de manière détaillée très prochainement) : « Je ne comprends pas pourquoi des gens meurtris, affamés, frappés par le chômage et tous genres de calamités chantent à notre gloire alors qu’ils devraient nous exiger plus comme c’est le cas en occident.»

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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