Par Jean-Pierre Mbelu
La force des adversaires de l’Afrique est (aussi) dans leur capacité de travailler sur le temps long en restant attentifs aux objectifs des conquêtes que leurs devanciers s’étaient fixés. Le court-termisme et la difficile relation de plusieurs Congolais(es) et Africains à leur histoire rendent difficile leur quête d’issue à l’esclavage dans lequel notre continent ne cesse de sombrer. ‘’Les usurpateurs[1]’’ occidentaux opèrent depuis toujours en Afrique avec la complicité des ‘’négriers de peau noirs’’ souvent déguisés en ‘’hommes politiques’’ ou en ‘’joueurs dans la cour des grands’’. Malheureusement !
Rares sont les Congolais(es) qui arrivent à comprendre que leur pays n’est pas une île. Plusieurs Congolais(es) ont une relation difficile et compliquée à l’histoire ce géant situé au cœur de l’Afrique. Quand la guerre de basse intensité éclate en Ouganda en 1986, rares sont les Congolais(es) à avoir compris que ce pays était une première étape de la guerre perpétuelle menée contre l’Afrique dans sa partie orientale. Pour preuve, le Rwanda, le Soudan, le Burundi et le Congo-Kinshasa y ont été impliqués avec leurs lots de morts.
La conquête de l’Afrique utile
Dans tous ces pays de la sous-région des Grands-Lacs et au Sud-Soudan, les anglo-saxons ont soutenu des régimes terroristes et sont en train d’y installer Africom, leur armée chargée de la conquête de ‘’l’Afrique utile’’. C’est-à-dire de cette Afrique riche en matières premières stratégiques dont leurs entreprises transnationales ont cupidement besoin.
S’emparer de l’Afrique utile et l’esclavagiser n’est pas un objectif récent. Aux 17 et 18èmes siècles, les Mackinder et les Cecil Rhodes estimaient que l’Afrique orientale, du Caire au Cap, avec toute sa richesse du sol et du sous-sol, ne devrait pas appartenir ‘’aux noirs’’, cette race qui fait la honte de l’humanité.
S’emparer de l’Afrique utile et l’esclavagiser n’est pas un objectif récent. Aux 17 et 18èmes siècles, les Mackinder et les Cecil Rhodes estimaient que l’Afrique orientale, du Caire au Cap, avec toute sa richesse du sol et du sous-sol, ne devrait pas appartenir ‘’aux noirs’’, cette race qui fait la honte de l’humanité. Leur progéniture ayant lu les archives voudrait réaliser ce rêve : s’emparer de ‘’l’Afrique orientale et australe utile’’. Elle va y arriver en se servant de ses services secrets, de ses ONGs ‘’humanitaires’’ et des ‘’négriers des temps modernes’’ assumant, dans plusieurs pays de cette partie de l’Afrique, le rôle des ‘’chefs d’Etats’’.
En lisant le communique du deuxième sommet tripartite du COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe), de l’EAC (Communauté de l’Afrique de l’Est) et de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) ayant pour vision ‘’vers un marché unique’’ et pour thème ‘’renforcement de l’intégration du COMESA, de l’EAC et de la SADC’’ du 12 juin 2011, il ressort que ce projet date des années 1980. C’est-à-dire des années où plusieurs pays africains étaient pris dans les fourches caudines des IFI (dont la Banque mondiale et la Fonds monétaire international.). Pour dire les choses autrement, ce projet est né quand plusieurs pays africains avaient perdu leur indépendance économique et étaient sous le joug des ‘’tueurs à gage économiques’’ que sont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. C’est d’un.
De deux. Qui a participé au deuxième sommet tripartite comme ‘’observateurs’’ ? La Commission de l’Union africaine, la Banque africaine de développement, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, le Département du Royaume Uni pour le développement internationale et l’Union douanière de l’Afrique australe. (Rappelons que les concepteurs de l’expansion de l’empire anglo-saxon en Afrique (et ailleurs), Mackinder et Cecil Rhodes, sont des britanniques. Ceux qui ont orchestré la guerre en Afrique des Grands Lacs ont bénéficié de la bourse de Cecil Rhodes à l’université. Tel est le cas de Bill Clinton.)
Quelques années après la mort de Kadhafi…
Au cours de ce sommet tripartite, les partenaires de coopération et la communauté des bailleurs de fonds internationaux sont félicité pour ‘’leur appui annoncé en faveur du Corridor-Nord’’ au sujet du développement des infrastructures. Une invitation est lancé aux partenaires de coopération et à la communauté des bailleurs de fonds ‘’pour appuyer les programmes d’Aide pour le commerce en cours d’élaboration en faveur des autres corridors majeurs’’.
Dans ces pays majoritairement dépourvus d’un Etat social et de droit, où plusieurs régimes autoritaires et terroristes jouissent du soutien des réseaux transnationaux de prédation, où les jeunes n’ont presque pas d’avenir, quelques ‘’négriers des temps modernes’’ acceptent de créer un marché ultralibéral aux dépens de la souveraineté des peuples.
Bref, le marché commun intégré de 26 pays africains devrait compter sur ‘’l’Aide (fatale ?) des bailleurs de fonds’’ ! Ses initiateurs semblent être dépourvus de toute pensée stratégique pour une politique économique africaine faisant la part belle à la à l’intelligence et à la justice sociale.
Dans ces pays majoritairement dépourvus d’un Etat social et de droit, où plusieurs régimes autoritaires et terroristes jouissent du soutien des réseaux transnationaux de prédation, où les jeunes n’ont presque pas d’avenir, quelques ‘’négriers des temps modernes’’ acceptent de créer un marché ultralibéral aux dépens de la souveraineté des peuples.
Curieusement, cela arrive quelques années après l’assassinat de celui qui voulait privilégier la création d’un Fonds monétaire africain avant celle du marché, le lion libyen, Kadhafi. Qui l’a tué et pourquoi ? Les mêmes et pour les mêmes raisons : s’emparer des richesses de l’Afrique, comme en témoignent cette lecture des e-mails d’Hillary Clinton[2].
Il y a urgence !
De toutes les façons, l’étau risque de briser l’Afrique orientale et australe dans les jours et les mois à venir. Le marché ultralibéral autorégulé va poursuivre le détricotage de la souveraineté politique, économique et culturelle des Etats et des peuples pour créer ‘’une géographie de la guerre perpétuelle’’ : l’EAC et la SADC pourraient devenir les uniques références pour ‘’les usurpateurs’’ ayant conquis le pouvoir politique en Occident et ayant transformé ‘’les hommes et femmes politiques’’ en leurs ‘’petites mains’’.
Il y a urgence. Les élites éveillées et patriotes de tous les pays africains et occidentaux doivent pouvoir créer des réseaux alternatifs pour contrer cette supercherie et résoudre le problème de la direction dans leurs propres pays.
Dans ces pays majoritairement dépourvus d’un Etat social et de droit, où plusieurs régimes autoritaires et terroristes jouissent du soutien des réseaux transnationaux de prédation, où les jeunes n’ont presque pas d’avenir, quelques ‘’négriers des temps modernes’’ acceptent de créer un marché ultralibéral aux dépens de la souveraineté des peuples.
Qu’elles n’oublient surtout pas que ces ‘’petites mains’’ disent à ceux qui veulent les entendre : « L’Afrique est le continent de l’avenir. » Et elles disent une contre-vérité. Elles devraient dire : ‘’Nous allons tout faire pour que l’Afrique soit le continent de l’avenir de nos transnationales et du 1% d’oligarques d’argent que nous servons aux dépens des peuples. »
Curieusement, pendant que ce projet est sur le point de se réaliser, à Kinshasa comme au Burundi, les élections-pièges-à-cons captivent toute l’attention. C’est fou. Pourtant, au mois de juin, le Congo-Kinshasa et une bonne partie de l’Afrique vont être vendus au marché ultralibéral. En dehors du document du sommet tripartite susmentionné, un article d’Ecofin Finance mérite d’être lui afin de prendre la mesure du danger[3]. (à suivre)
C’est encourageant de voir que les consciences s’éveillent et que notre combat est celui de la libération du continent entier et de voir que les vrais ennemis ne sont pas nos voisins mais ceux qui les instrumentalisent, les chosifient comme outils pour atteindre leurs objectifs en créant un pouvoir centralisé pour dominer le monde entier, un monde dans lequel les noirs sont exclus en lui confisquant ses terres comme c’est le cas partout en Amérique, Australie, Afrique du nord… Ils l’ont fait avec le peuple Allemand, Russe et autres.