L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu apporte un éclairage sur l’engouement politique vis-à-vis des élections provinciales et l’intérêt suscité par les politiciens pour la prochaine présidentielle au Congo, rappelle pourquoi le Congo est un Etat raté, décrypte l’enjeu des divisions en politique, et expose les trois problèmes à résoudre d’urgence pour le Congo.
Sur l’engouement politique vis-à-vis des élections provinciales
Il n’y a pas de politique au Congo. Ce qui se fait au Congo, c’est un processus de démembrement, de balkanisation et de vente du pays au marché ultralibéral.
Une frange de l’opposition politique congolaise, les Forces Acquises aux Changements, s’est réveillée un peu tard, même si mieux vaut tard que jamais. Pour avoir cautionné le processus électoral en 2006 et 2011, cette frange de l’opposition s’est engagée dans un processus bidon. Mais si ce groupe que le processus, tel qu’il est engagé au pays, hypothèque l’avenir du Congo, il faudrait peut-être qu’ils s’engagent à lutter autrement plutôt que de persévérer dans la bêtise.
Sur la vente de l’Afrique au marché ultralibéral
Sur le processus électoral en RD Congo
Il est impossible de compter sur des élections dignes de ce nom, avec un corps électoral inconnu. Le fait que le corps électoral soit inconnu ouvre ce processus là à plusieurs manipulations. C’est aussi un signe qui trahit le fait que le Congo est un Etat raté. Dans un Etat raté, l’administration ne fonctionne pas et les manifestations de l’Etat raté sont aussi le fait que les habitants de cet Etat raté ont perdu toute mémoire historique et sont tombés dans l’amnésie.
Sur le problème anthropologique au CongoLes politiques au Congo ont un raisonnement conjoncturel. Ils ont, pour la plupart, perdu toute capacité de pouvoir nous projeter dans l’avenir, d’avoir une pensée stratégique à long terme. Mais le problème du Congo n’est pas que politique. Il est anthropologique. Anthropologique dans le sens où il implique toutes les dimensions de la vie au pays : La dimension politique, la dimension économique, la dimension spirituelle, la dimension éthique, la dimension morale. C’est à ce problème là que nous devrions travailler pour que demain, au lieu de nous contenter de solutions conjoncturelles, nous puissions avoir une pensée qui nous projette vers l’avenir. Mais vous ne pouvez pas travailler à la mise sur pied d’une pensée prospective concertée dans un Etat raté. Il est d’abord urgent de pouvoir résoudre le problème de la direction dans ce pays. Voilà pourquoi, au lieu de s’attarder sur cette question des élections, nous aurions pu nous organiser et aider le peuple à pouvoir aller jusqu’au bout de ce qu’il avait entrepris les 19, 20 et 21 janvier 2015.
Sur les exigences à répondre avant des élections dignes de ce nom au Congo
Nous devrions aujourd’hui apprendre à conjuguer l’approfondissement de notre connaissance historique, et la conscience d’être nous-même pour nous projeter dans l’avenir. Jusque là, cette capacité, beaucoup de compatriotes ne s’en sont pas encore emparés et nous sommes plusieurs, à encore naviguer à vue.
Ni en 2006, ni en 2011, il n’y a eu d’élections au Congo. Il y a eu fraudes, tricheries, arrangements pour ceux qui devaient être commis au service des multinationales puissent occuper quelques postes de responsabilité afin de pouvoir faciliter les réseaux transnationaux de prédation au Congo. Voilà la vérité, le reste, c’est du blabla.
Sur les divisions en politique au Congo
Voilà pourquoi nous devrions créer une structure supra-partisane au Congo. Sans une structure supra-partisane au Congo qui coordonne les organisations de la société civile, comme les partis politique, une structure qui soit au dessus de la mêlée, une structure qui soit composée des élites structurantes et organiques qui puisse donner un autre avenir au Congo, sans cela, nous l’allons pas avancer.
Sur les problèmes urgents à résoudre
Si ces 3 problèmes ne sont pas résolus d’urgence, la balkanisation du Congo va éclater au grand jour. Parce que le Congo et l’Afrique sont de nouveau très mal repartis.
Sur le dialogue au Congo
La documentation dont nous disposons aujourd’hui a aidé plusieurs compatriotes à bien discerner qui a fait quoi. Pourquoi ne pas aller directement vers ces gens qui nous ont mené la guerre pour que nous puissions négocier avec eux ? Pourquoi nous entêter à organiser des dialogues bidon avec leurs marionnettes ?