Par jean-Pierre Mbelu
Pour mettre de l’ordre dans l’organisation disait Mao, il faut commencer par la mettre dans les idées. Quelles sont les idées dominantes de la gestion du Congo-Kinshasa aujourd’hui ? Sur quoi la négation de sa souveraineté est-elle fondée ? Pourquoi ce pays risque-t-il d’être balkanisé et d’imploser ? Les idées ultralibérales ont pénétré dans les cœurs et les esprits de plusieurs compatriotes. Ils sont devenus des consommateurs du marché ultralibéral. Désormais, ce sont les clients de ce marché privilégiant ‘’l’avoir’’ par rapport à ‘’l’être’’ qui voudraient être aux commandes de ce pays demain. Ils ne sont en rien différents des ‘’nouveaux prédateurs’’ qui le dirigent aujourd’hui. Tous, ils sont prisonniers du mondialisme. C’est-à-dire l’expansion du marché ultralibéral et de ses valeurs narcissiques.
Les questions internes au Congo-Kinshasa devraient être traitées en lien avec le mondialisme. Le marché ultralibéral pénètre partout, envahit tout. Il mange les cœurs et les esprits en y inculquant les idées de consommation, de l’avoir plus important que l’être, du narcissisme atomisant plus important que l’union qui fait la force, etc. Pour le marché ultralibéral, seul le profit importe. Il ne comptabilise pas les coûts et les dégâts sociaux.
Souvent, il prend les plus naïfs d’entre nous à son piège dénommé ‘’liberté’’. Souvent, ses petites mains n’avouent pas que la liberté qu’elles vantent est celle du renard dans un poulailler. Et comme il ne tient pas compte des coûts et des dégâts sociaux, la mort des victimes de ses mesures d’austérité ou d’autres programmes d’ajustement structurel demeure pour lui un fait divers. Il fait la promotion de ‘’la culture du déchet’’. Les humains devenus encombrant pour la réalisation de son profit maximal peuvent être jetés dans la poubelle de l’histoire.
Là où le marché ultralibéral s’impose, il crée la mort et la désolation. Les exclus du banquet de la vie sont vite assimilés aux ‘’indigents’’. Ils n’ont rien. Pour les petites mains de l’ultralibéralisme, ils ne sont rien.
Plusieurs Congolais(es) et Congolais sont fanatiques de ce marché ultralibéral. Consciemment et/ou inconsciemment. Ils ont participé, de près ou de loin, à l’enterrement de plusieurs cadavres de leurs frères et sœurs à travers le pays dans des fosses communes.
Là où le marché ultralibéral s’impose, il crée la mort et la désolation. Souvent, il prend les plus naïfs d’entre nous à son piège dénommé ‘’liberté’’. L’expansion du marché ultralibéral en Afrique détruit la culture du respect de ‘’Muntu wa Bende wa Maweja’’ (l’humain-d’autrui-de-Dieu). Il tue l’être au cœur de plusieurs Africains et Congolais au profit de l’avoir. Les foyers se disloquent. Les familles sa divisent au nom de ‘’Mammon’’. Sans nier l’importance de l’avoir, d’un avoir soutenant la dignité de l’être humain, il se pose aujourd’hui, en Afrique des Grands Lacs, la question du retour à la promotion de l’être..
Ces frères et sœurs enterrés nuitamment n’avaient rien. Pour leurs compatriotes fanatiques du marché ultralibéral, ‘’ils n’étaient rien’’. Ces frères et sœurs ont été jetés dans des trous comme des ‘’déchets’’. Ce geste est posé dans un pays où ‘’les nouveaux prédateurs’’ et les autres mercenaires lobbyistes des multinationales et de nouveaux ‘’Bob Denard’’ et ‘’Jean Schramme’’ des Grands Lacs africains font pousser des maisons et des hôtels comme des champignons.
Oui, le mondialisme conduit à la culture du déchet et du déni de la dignité humaine. L’expansion du marché ultralibéral en Afrique détruit la culture du respect de ‘’Muntu wa Bende wa Maweja’’ (l’humain-d’autrui-de-Dieu). Il tue l’être au cœur de plusieurs Africains et Congolais au profit de l’avoir. Les foyers se disloquent. Les familles sa divisent au nom de ‘’Mammon’’.
Sans nier l’importance de l’avoir, d’un avoir soutenant la dignité de l’être humain, il se pose aujourd’hui, en Afrique des Grands Lacs, la question du retour à la promotion de l’être.
Qui sont des Africains et Congolais habitant ce cœur de l’Afrique ? D’où viennent-ils ? Où vont-ils ? N’ont-ils que leurs richesses du sol et du sous-sol à partager ? Comment en sont-ils arrivés à croire qu’ils peuvent se tuer pour l’acquisition des ‘’bintu’’ (des choses matérielles périssables) ?
Udi ne tshinyi ? Utu ne tshinyi ? (Qu’as-tu ? Qu’a-t-il ?) sont devenues désormais des questions plus importante que celle-ci : « Udi nganyi » (Qui es-tu ?)
Comment renverser la vapeur ? Il faudrait peut-être, que ceux qui n’ont rien commencent par comprendre qu’ils doivent être eux-mêmes acteurs de leur destinée pour devenir capables de partager ‘’les bintu’’ dont ils sont exclus. Pour ce faire, ils ont besoin de travailler avec des élites organiques et structurantes ayant de la voyance et privilégiant (sans négliger) l’être par rapport à l’avoir. Ces élites ne sont à confondre ni avec ‘’les clients’’ de Nicolas Sarkozy et d’Herman Cohen, ni avec ceux du ‘’Bob Denard rwandais’’ ou du ‘’Jean Schramme ougandais’’. Ni même pas avec les lobbyistes de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international au Congo-Kinshasa. Eux sont dans la logique de l’avoir. Ils n’existent pas par eux-mêmes. Ils ne sont pas.
Mbelu Babanya Kabudi