Par Jean-Pierre Mbelu
Plusieurs d’entre nous ne sommes pas encore sensibles à toutes ces publications du Nord indiquant que tout se s’achète à Paris, Bruxelles, Londres et Washington. Tapoter sur le clavier de l’ordinateur semble avoir poussé plusieurs d’entre nous à la paresse intellectuelle et à l’inculture. Lire des journalistes d’investigation et d’autres chercheurs critiques de la marchandisation de la politique ne semble pas être la chose la plus partagée au Nord et au Sud du monde. L’analphabétisme et l’inculture politiques gagnent de plus en plus les cœurs et les esprits au Nord et au Sud. Cela n’augure pas des lendemains politiques qui chantent dans le court terme. A ce point nommé, les incantations d’une certaine ‘’opposition du statu quo’’ au Congo-Kinshasa ne sont d’aucune utilité pour le devenir politique collectif.
Une certaine inculture nous fera encore courir pendant longtemps derrière la politique après son acte de décès. En effet, la politique comme art de participer à l’édification de la cité par la parole fondée sur des arguments vantant la justice sociale et la dignité humaine pouvant être sauvegardées par des actions concertées est en train de disparaître au profit de la théâtralisation de la ‘’politicardie’’ .
L’art de la politique est en train de disparaître
C’est-à-dire que l’art de la politique est en train de disparaître au profit de marché entretenu par ‘’le circus politicus’’[1] et soutenu par les lobbyistes du Nord capables d’acheter à vil prix ‘’les politicards du Sud’’ cupides et avides d’argent et prêts à se vendre au plus offrant pourvu que celui-ci leur permette de porter ‘’le costume-du-pouvoir-os’’. Oui. Tout se vent et s’achète à Paris, Bruxelles, Londres et Washington.
Les politicards congolais s’amusent avec les populations congolaises en se présentant comme appartenant à des camps différents : ‘’le pouvoir’’ et ‘’l’opposition’’. Ils savent que nos populations préoccupées par les questions du manger et du boire, appauvries et analphabétisées ne seront pas capables d’aller fouiner pour savoir ce qui se trame à Kinshasa après le marché de Washington, Paris, Bruxelles et Londres.
Katumbi a acheté ses lobbyistes à Washington et cela constitue un secret de polichinelle pour ‘’les fouineurs’’. Avec lui, les Jeannine Mabunda, le gouvernement fantoche de Kinshasa et bien d’autres politicards congolais ont procédé de la même façon : donner de l’argent aux lobbyistes anglo-saxons pour que leurs causes soient plaidées auprès des décideurs américains. Mentalement, tous s’inscrivent dans la perspective d’un monde unipolaire dominé par l’Etat profond anglo-saxon. Ils ne semblent pas être disposés à se convertir à l’avènement d’un monde multilatéral fondé sur le respect de l’égalité souveraine, du principe de la réciprocité et de la non-ingérence dans les affaires intérieurs. Ils ont opté pour la vassalité et l’esclavage volontaire payants.
Sur terrain, tous ces adeptes de ‘’la politicardie’’ s’amusent avec les populations congolaises en se présentant comme appartenant à des camps différents : ‘’le pouvoir’’ et ‘’l’opposition’’.
Ils savent que nos populations préoccupées par les questions du manger et du boire, appauvries et analphabétisées ne seront pas capables d’aller fouiner pour savoir ce qui se trame à Kinshasa après le marché de Washington, Paris, Bruxelles et Londres. Analphabétisées et inculturées, ces populations liront difficilement ‘’Circus politicus’’ ou ‘’56’’[2]. L’analphabétisme et l’inculture sont les véritables armes de destruction massive dont se servent les vendeurs d’illusions politiques au Nord et au Sud du monde pour vendre nos terres, nos forêts, nos mers et nos populations au marché néolibéral et transnational afin que le 1% d’oligarques d’argent en dispose comme il l’entend.
« Le cirque politique » congolais sent mauvais et n’augure rien de bon pour les populations congolaises
La propagande des médias dominants (RFI, VOA, BBC, Jeune Afrique) et le fanatisme alliés à cet analphabétisme et à cette inculture constituent des freins sérieux à la production des masses critiques au cœur de l’Afrique. Des masses capables renvoyer dos à dos ces politicards du ‘’pouvoir-os’’ et de ‘’l’opposition du statu quo’’.
Cette propagande entretenue par les médias dominants cherchent à ‘’fabriquer’’ un homme ou une femme populaires pouvant être vendus aux Congolais(es) au profit du marché néolibéral et transnational. Ses spécialistes savent que les populations analphabétisées, appauvries et inculturées se nourrissent de pains et de jeux. Au Congo-Kinshasa, choisir ou poursuivre ‘’la fabrication’’ du Président du T.P. Mazembe constitue pour eux une donne de taille.
A court terme, ‘’le cirque politique’’ congolais sent mauvais et n’augure rien de bon pour les populations congolaises. Les élites organiques et structurantes doivent être sur leurs gardes et prêtes à lutter sur le temps long en vue de la re-création de l’espace politique mangé par le marché néolibéral et ‘’la politicardie’’.
Dans ce ‘’cirque politique’’, les élites organiques et structurantes sont souvent tournées en bourriques. Elles n’ont ni moyens matériels, ni pécuniers, ni relationnels pour abattre le même travail que les lobbyistes de Paris, de Bruxelles, de Washington et Paris. Elles ne sont pas prises en charge par des bourgeoisies nationales et patriotes capables de déjouer, sur la place publique, le jeu des lobbyistes du Nord, travaillant main dans la main avec leurs proxys du Sud.
Disons que la question politique du Sud et plus particulièrement au Congo-Kinshasa est aussi une question d’alphabétisme politique, d’information, de formation et de culture politique ; une question portée par une bourgeoisie nationale et patriote manquant cruellement au Congo-Kinshasa de Lumumba. Disons qu’à court terme, ‘’le cirque politique’’ congolais sent mauvais et n’augure rien de bon pour les populations congolaises. Les élites organiques et structurantes doivent être sur leurs gardes et prêtes à lutter sur le temps long en vue de la re-création de l’espace politique mangé par le marché néolibéral et ‘’la politicardie’’.
Mbelu Babanya Kabudi