Par Jean-Pierre Mbelu
« La sous-traitance » peut donner l’illusion du pouvoir et de la toute-puissance au point de pousser à accorder trop d’importance aux épiphénomènes. Une certaine allusion à la France et à l’Allemagne limitée aux approches approximatives de l’histoire de ces deux pays pour justifier « la normalisation de la bêtise » au Congo-Kinshasa signe, en permanence, le refus de savoir, la volonté d’ignorer, la paresse intellectuelle, l’ignorance ou tout cela à la fois.
Une certaine allusion à l’histoire de la France et de l’Allemagne pousse à croire que plusieurs compatriotes sont fixés dans un passé « officiel » non revisité par les historiens, politiciens ou autres chercheurs de ces deux pays.
Contrairement à cet acte de foi naïf, les choses se passent autrement depuis longtemps. Plusieurs Français (et Allemands) savent que la guerre pour « américaniser » leurs pays et produire une « Europe américaine » est un projet dont la réalisation est aussi passée par « le plan Marshall ». Certains, preuves à l’appui, connaissent le rôle joué par « les Pères fondateurs ». L’un des derniers livres sur cette question est celui de Philippe de Villiers intitulé « J’ai tiré sur le fil du mensonge et tout est venu » (2019). Lu au même moment que celui d’Annie Lacroix-Riz intitulé « Aux origines du carcan européen (1900 -1960). La France sous influence allemande et américaine » (2014), ce livre aide à rompre avec des lieux communs.
« La sous-traitance » peut donner l’illusion du pouvoir et de la toute-puissance au point de pousser à accorder trop d’importance aux épiphénomènes.
Il y a deux ans, un Français publiait un livre au sous-titre interpellant : « Civilisation. Comment nous sommes devenus américains » (2017). Ce livre est de Régis Debray. Bien avant lui, Danielle Mitterrand, consciente de l’importance de l’histoire dans la vie des peuples publiait un livre intitulé « Le livre de ma mémoire » (2007). Elle était convaincue qu’un peuple sans mémoire ne peut pas être un peuple libre.
Ignorer cette documentation et parler de la France et de l’Allemagne (même en faisant allusion au Tribunal des « Vainqueurs » de Nuremberg) peut retarder la compréhension de ce qui est survenu politiquement et économiquement entre ces deux pays. D’ailleurs, il n’y a pas longtemps, Merkel disait à qui voulait l’entendre que « l’ordre d’après-guerre est terminé ».
Parler de l’histoire des autres en la limitant à un moment vanté historiquement par « les faiseurs des rois » tapis dans l’ombre est injuste. Vouloir justifier la naïveté de sa foi dans le syndrome de larbin et/ou de Stockholm en renvoyant à peu de frais à « la réconciliation » de la France et de l’Allemagne en accusant la minorité d’éveillés, ces historiens, ces politiciens, ces philosophes et ces autres chercheurs congolais s’inscrivant dans la perspective des « empêcheurs de penser en rond » de jaloux et de haineux, c’est participer de la normalisation de la bêtise. De là à prendre « les acteurs apparents » comme étant « les acteurs pléniers », il y a un pas à ne pas franchir.
Babanya Kabudi