Par Mufoncol Tshiyoyo
La récente conférence de presse de Macron au Cameroun et le discours de Philippe aux Belges à l’occasion de la Fête nationale du royaume de la Belgique le 21 juillet dernier s’inscrivent dans la même perspective idéologique de type « coloniale ».
Au Cameroun, Macron déclare à tue-tête que la France avec sa « diplomatie » et sa « puissance » (économique et militaire) vient « aider » le pays de Paul Biya. Le ton est donné avec l’utilisation du verbe « aider ». Étrangement, on retrouve presque la même posture chez le roi des Belges concernant le Congo cette fois-ci. Dans son allocution, le souverain belge revient sur sa visite en République Démocratique du Congo. S’adressant aux Belges, le roi Philippe fait croire à ces derniers que « Le peuple congolais a de grandes attentes vis-à-vis de [la Belgique]. [Pour se faire], il invite ses sujets à [travailler] ensemble pour aider [le Congo] à progresser vers plus de sécurité, de justice et de démocratie ».
Le choix de l’utilisation du verbe « aider »
Donc, c’est à la France et à la Belgique d’établir en bons médecins le diagnostic de la maladie dont souffriraient le Congo et le Cameroun pour définir et décider du type d’activités à mener dans lesdits pays. D’où, le choix de l’utilisation du verbe « aider ».
Pourquoi personne ne s’arrête pour s’interroger si les modèles français et belges à exporter vers le Cameroun et le Congo demeuraient compétitifs face à la rivalité des concurrents fraichement débarqués dans le monde ? Que devrait-on encore copier de l’Occident sans douter alors que le modèle occidental est non seulement rattrapé et dépassé, mais aux antipodes des exigences d’autonomie nationale et d’émergence de nouvelles cultures !
La France va « assister » le Cameroun comme si cela ne l’a jamais été fait auparavant. Sans se poser des questions sur les premiers secours apportés au Cameroun, la France revient au Cameroun toujours avec la même condescendance. La France aide. La Belgique qui aurait tiré les leçons du passé rassemble ses filles et ses fils pour « aider » le Congo à son tour. « Aider » ?
D’un côté, ce qui reste de l’Occident « dénonce » le paternalisme. Tandis qu’il le pratique en douceur de l’autre côté. En effet, tout (y compris les non-dits) se trouve dans l’interprétation et la compréhension du verbe « aider ». Là-dessus, des questions se posent quand des « consciences humaines » aux intérêts multiples et divergents reformulent la même version des faits. On souhaite savoir comment on arrive à juger moralement de la nature de l’acte à poser vis-à-vis des autres peuples vers lesquels la diplomatie bilatérale et multilatérale impose des relations à établir.
Doit-on continuellement « aider » des peuples si l’on ne les juge au départ incapable, immatures, indigènes, inférieurs ? Pourquoi personne ne s’arrête pour s’interroger si les modèles français et belges à exporter vers le Cameroun et le Congo demeuraient compétitifs face à la rivalité des concurrents fraichement débarqués dans le monde ? Que devrait-on encore copier de l’Occident sans douter alors que le modèle occidental est non seulement rattrapé et dépassé, mais aux antipodes des exigences d’autonomie nationale et d’émergence de nouvelles cultures !
L’ordre mondial en construction interdit l’infantilisation et la subordination des peuples
Est-ce qu’aider le Cameroun et le Congo à travers la diplomatie française et belge ne limiterait pas le champ de mouvement de ces deux pays ? Ne serait-il pas une façon d’inviter les nouveaux concurrents de l’Occident à devoir passer d’abord et avant tout en Occident avant de contracter un marché avec des pays africains soumis à la double dépendance de conscience te politique.
Le passé du Congo et les événements subis actuellement par les peuples du Congo condamnent le Congo à sa survie. L’ordre mondial en construction interdit l’infantilisation et la subordination des peuples.
Il n’y a aucun mal que le modèle occidental ne souffre de la concurrence. Puisque de l’affrontement, des peuples se mesurent à leur créativité. De l’antagonisme, ils naissent. Ils grandissent et assurent leur survie historique. Emmanuel Kabongo Malu qui cite le philosophe congolais Kombe Oleko rappelle aux Congolais que « Chaque peuple incarne une certaine volonté de puissance. Si cette fierté est vaincue et si cette volonté de puissance est gelée, ce peuple est réduit à rien » (Malu E.K., 2020, 110).
Nous ne sommes pas tous condamnés à chanter et à danser à la gloriole de quelques individus instruments au service de la chosification du Congolais que le Système souhaiterait maintenir dans l’obscurantisme. La dynamique communicationnelle se donne pour tâche de transformer l’homme congolais en conscience historique. Le passé du Congo et les événements subis actuellement par les peuples du Congo condamnent le Congo à sa survie. L’ordre mondial en construction interdit l’infantilisation et la subordination des peuples.
Mufoncol Tshiyoyo, M.T.,
La Dissidence congolaise, D