Par Jean-Pierre Mbelu
« Ils nous dominent plus par l’ignorance que par la force » (S. BOLIVAR)
Le processus affairo-politique vicieux et vicié initié dans notre pays depuis la guerre de prédation et de basse intensité anglo-saxonne par des proxies ougando-rwando-burundo-angolo-kongolais interposés ne m’a jamais poussé à faire confiance aux compatriotes kongolais et africains ayant, en conscience, accepté de participer au réseau transnational de prédation détruisant le pays de Lumumba. Dieu merci. Certains, parmi eux, la main sur le cœur, affirment qu’ils sont une mafia. Les preuves de fonctionnement de cette mafia sont quotidiennement données. Le pays perd, depuis plus de deux décennies, plus de 20 milliards de dollars par an. Les cours et les tribunaux, selon le témoignage de l’un des conseillers de Luzolo Bambi, sont infiltré par cette mafia. L’armée et la police aussi.
Malheureusement, il arrive quand même que les populations kongolaises appauvries anthropologiquement puissent croire que ces compatriotes peuvent opérer des miracles en tirant le pays du gouffre sans fond où il est plongé. Plusieurs, par exemple, croient en « l’union sacrée pour la nation ».
L’expression et les quiproquos
Malheureusement, ils ne s’intéressent pas au sens donné à cette expression et aux quiproquos qu’elle est en train de susciter. La crise de sens et la déstructuration culturelle sont tellement profonde qu’elles sont devenues une débâcle. Il me semble utile de revenir sur cette expression et sur ces quiproquos pour aider les plus crédules d’entre nous à comprendre, s’ils le veulent, que « l’union sacrée » est morte dès qu’elle a été portée sur la place publique. Sera-t-elle enterrée ? L’avenir (proche) nous le dira.
Il me semble utile de revenir sur cette expression et sur ces quiproquos pour aider les plus crédules d’entre nous à comprendre, s’ils le veulent, que « l’union sacrée » est morte dès qu’elle a été portée sur la place publique.
En fait, cette expression est prononcée par Felix Tshilombo Tshisekedi après les consultations qu’il a organisées. Au cours de celles-ci, il assure avoir rencontré les forces sociales et politiques les plus représentatives du pays. Elles lui ont présenté leurs mémos et autres cahiers des charges. Il les a lus et en a retenu quelques propositions.
Après, il est revenu vers les populations kongolaises pour égrainer certaines de ces propositions en affirmant qu’il les partageait et qu’elles constituaient une base sur laquelle il pouvait tabler pour lancer « une union sacrée pour la nation ». Adhérer à celle-ci serait synonyme d’ adhérer aux actions, aux valeurs et aux principes pour une cause (et non pour un individu) : le salut de la nation kongolaise.
Les discours ayant précédé le lancement de ces consultations et les ayant clôturées n’ont jamais parlé de « l’union sacrée » comme étant « une coalition des partis politiques » ou « un élargissement du gouvernement actuel » aux autres partis. Il est possible que je n’ai pas tout lu ou suivi. Je peux être corrigé.
Ce qui est sacré, c’est quoi ?
A bien entendre tous ces discours, ce qui est sacré, c’est quoi ? C’est l’union autour des valeurs, des principes et des actions. Pour quel objectif ? Pour la nation kongolaise, pour toutes les filles et les fils ayant le Kongo-Kinshasa comme terre natale et mère et pour lesquels l’identité kongolaise ne peut pas être foulée au pied. Les actions, les principes et les valeurs ayant suscité l’adhésion à »l’union » auraient pour objectif de consolider cette identité, d’entretenir sa cohésion et sa stabilité territoriales, de les sécuriser et/ou de les défendre.
De plus en plus, il est question de la transhumance politique, de la coalition des partis politiques, des postes ministériels, de l’élargissement du gouvernement actuel aux autres partis politiques, de la protection du »Sénateur à vie », de la candidature de Félix Tshisekedi aux »élections de 2023 », de la blanchisserie des criminels de guerre et des criminels contre l’humanité, etc. Le culte de la personnalité et la course à la mangeoire reprennent leur droit. Tout se passe comme s’il n’y avait en ni consultations, ni mémos ni cahiers des charges ayant précédé le lancement de « l’union pour la nation ».
« Est sacré », ce qui ne peut pas être traité avec légèreté, ce qui suscite à la fois le grand respect et le grand estime, la grande fascination et « la crainte »; ce qui ne peut pas être foulé au pied sans conséquences dommageables pour le plus grand nombre (qui y croit).
Eh bien ! Les contacts ayant eu lieu après tous ces discours semblent avoir changé la donne officielle. De plus en plus, il est question de la transhumance politique, de la coalition des partis politiques, des postes ministériels, de l’élargissement du gouvernement actuel aux autres partis politiques, de la protection du »Sénateur à vie », de la candidature de Félix Tshisekedi aux »élections de 2023″, de la blanchisserie des criminels de guerre et des criminels contre l’humanité, etc. Le culte de la personnalité et la course à la mangeoire reprennent leur droit. Tout se passe comme s’il n’y avait en ni consultations, ni mémos ni cahiers des charges ayant précédé le lancement de « l’union pour la nation ». Les valeurs, les principes, les actions pour la nation, c’est fini, on en parle plus. Bon sang !
Oui. Il est de plus en plus fréquent qu’après les rencontres avec celui qui a initié les consultations, les a conclues et a lancé « l’union sacrée », on entende un autre discours que ceux qui ont été servi officiellement.
Que s’est-il donc passé ?
Que s’est-il donc passé ? Y aurait-il eu des discours pour la consommation publique et d’autres pour « les ventriotes impénitents » en interne ? Celui qui a tenu ces discours les a-t-il toujours sous les yeux et/ou dans sa tête ? Les discours tenus en français sont-ils toujours compréhensibles au pays de Lumumba ou il est temps que tout ça se fasse en nos langues vernaculaires ? « Les politiciens » kongolais ont-ils une petite culture partagée du pays qu’ils veulent léguer aux générations futures ?
Dans un pays où l’école et l’université semblent avoir rendu l’âme, les choses se compliquent davantage. Une rupture est indispensable pour remettre les pendules à l’heure.
Poser toutes ces questions, c’est en quelque sorte y répondre. Ce n’est pas en faisant la même chose et toujours la même chose avec ceux qui ont, de près ou de loin, créer des problèmes au pays qu’il faudrait s’attendre aux résultats différents pour le bonheur national partagé.
Bon ! Il est aussi possible que la polysémie des mots et des expressions puissent prêter à confusion. Celle-ci peut être contourné si les discours sont étudiés dans leur contexte et si leur intention est identifiée. En cas de doute, la question pourrait être posé à celui qui les a prononcés.
La critique littéraire, l’exégèse et l’herméneutique des textes, la philosophie du langage et la philosophie analytique peuvent venir au secours des lecteurs et des interprètes. Dans un pays où l’école et l’université semblent avoir rendu l’âme, les choses se compliquent davantage. Une rupture est indispensable pour remettre les pendules à l’heure.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961