Par Mufoncol Tshiyoyo
Comme toutes les institutions accompagnatrices du « pouvoir-os », la justice congolaise croit malheureusement dire le droit, alors qu’elle est transformée à sa plus simple mesure : agent de conspiration contre le devenir du Congo, une complice aidant à tromper la vigilance des masses populaires congolaises pendant que ses actes contrôlés participent bel et bien de la réification de l’homme congolais.
L’instrumentalisation de la « justice congolaise », telle que le pays le vit actuellement, nous place dans l’hypothèse de « l’adaptation » du mercenariat-tutsi rwandais sur le sol congolais. Aux uns, surtout dans le camp de celles et de ceux qui y trouvent leur compte, elle fait croire, et non sans raison, que l’unique solution qui reste dans un Congo devenu fertile à la permanence de la domination Tutsi, est la soumission au désordre — ordre érigé en système.
Tandis qu’aux autres, la manipulation de la justice congolaise cadre plutôt avec les difficultés que ne cesse de rencontrer le mercenariat-tutsi rwandais sur le terrain, difficultés conséquences de sa longue durée et qui, par conséquent, l’inciteraient à opter pour un changement de stratégie. On ne peut indéfiniment dominer un peuple sans qu’il y ait des remous. En définitive, le recours à la caporalisation de la justice congolaise démontre que le Congo est loin d’être totalement soumis. Il y a de quoi se féliciter. Le Congo profond résiste et vaincra nonobstant l’état de faiblesse mentale caractéristique d’une catégorie bien déterminée des autochtones – agents (intellectuels, politiques, journalistes, société civile) à la solde du mercenaire et de son Maître.
La justice congolaise, agent de conspiration contre le devenir du Congo
Tout compte fait, le mercenariat noir au Congo, tutsi rwandais, a traversé les trois phases importantes du cycle d’une vie : la naissance, la croissance et enfin, aujourd’hui, la lutte de sa survie, bien qu’encore floue, mais comparable à une période d’agonie qui précède une mort clinique, sereine et certaine, parce que déjà programmée dans son ADN. La naissance du mercenariat tutsi correspond à la période du viol. Pour des raisons chronologiques, on la situerait à partir de Sun-City. C’est le temps du transfert des clés du « pouvoir-os » vers des mercenaires Tutsi. C’est aussi le début d’un partage malicieux de ce même pouvoir avec quelques nègres autochtones qui sont bien choisis. Le viol sera suivi par le contrôle et la maîtrise du territoire national avec les différentes transformations du mercenariat tutsi tantôt en M23, tantôt en CNDP, tantôt en RCD, tantôt en MLC, tantôt en opposition, tantôt en l’UDPS, tantôt en la société civile.
La domination du Congo atteint son apogée. La direction de l’armée nationale congolaise est « tustisée », le corps de l’armée est soumis au commandement d’un leadership militaire tutsi qui est taillé sur mesure. Les masses populaires, condamnées à la célébration de la tribu souffrent du syndrome de Stockholm. L’ennemi est adulé. Dès lors qu’il est chez lui au Congo. On en dira tout ce que l’on en voudra, mais dans l’ensemble, le pays assiste actuellement à la « dernière » phase du cycle qui, fort heureusement, ressemble à du déjà-vu, à la période ayant précédé le faux départ de l’homme blanc vers les années 1960 après plus de quatre siècles de colonisation du Congo.
Comme toutes les institutions accompagnatrices du « pouvoir-os », la justice congolaise croit malheureusement dire le droit, alors qu’elle est transformée à sa plus simple mesure : agent de conspiration contre le devenir du Congo, une complice aidant à tromper la vigilance des masses populaires congolaises pendant que ses actes contrôlés participent bel et bien de la réification de l’homme congolais.
Pour rappel, le « Blanc » colonisateur (comme les Tutsi du Rwanda) commença par diriger le Congo tout seul avant de procéder à la cession de la gestion de ce qui a longtemps demeuré sa boutique à un Joker noir, congolais de souche outre du fait d’être un bon nègre au goût du maître. C’est pour dire que la domination tutsie connaît son heure de vérité, qui est aussi celle de tous les dangers. Le mercenariat – noir rentre dans une période de trouble. D’où, la mise en scène orchestrée de l’instrumentalisation de la justice congolaise.
Comme toutes les institutions accompagnatrices du « pouvoir-os », la justice congolaise croit malheureusement dire le droit, alors qu’elle est transformée à sa plus simple mesure : agent de conspiration contre le devenir du Congo, une complice aidant à tromper la vigilance des masses populaires congolaises pendant que ses actes contrôlés participent bel et bien de la réification de l’homme congolais. On n’oubliera pas de sitôt que le droit congolais a conçu juridiquement un drôle de personnage, qu’il nommera ironiquement « sénateur à vie ». Il lui a réservé toutes les prérogatives qui le transforment en « intouchable ».
Cet homme ne peut être reçu que par le supposé « président de la République » et quand bon lui semble, même pour des futilités. Et si demain, parce qu’on y est, l’histoire fait qu’il y en ait deux, deux sénateurs à vie, on peut savoir ce que deviendra le premier dont le destin juridique est d’être au-dessus de la mêlée, le premier par les premiers de la classe ? C’est tout simplement ridicule que cette institution prétend dire le droit quand de son intouchable, elle botte en touche.
L’image d’un pays qui a cessé d’exister
Pendant que l’on entretient la galerie congolaise, on apprend, comme par hasard, que la Zambie a militairement attaqué le Congo. Dans ce cas, on aimerait savoir comment le Congo, déjà affaibli, protégera ses frontières avec le Rwanda, avec l’Ouganda ? Où trouvera-t-on le financement nécessaire pour soutenir la guerre contre la Zambie, quand la priorité, c’est de construire des routes ? Qui aurait remarqué la présence de la SADC dans le coin ?
Je me demande seulement qui est celle ou celui qui refuse d’apercevoir la réalité en face ? Qui n’arrive pas à lire les signes du temps présent ? Qui fait semblant de ne rien saisir ? Au moment où la justice congolaise arrête un tel ou un tel autre, l’opinion omet que l’accent est plutôt mis sur la corruption, sur le détournement, sur le blanchiment d’argent, sur le sexe. C’est comme si tout le monde était censé savoir qui baise qui et quand ?
Je me demande seulement qui est celle ou celui qui refuse d’apercevoir la réalité en face ? Qui n’arrive pas à lire les signes du temps présent ? Qui fait semblant de ne rien saisir ?
Dans tous les cas, c’est l’image du pays qui est écornée, c’est l’image d’un pays qui a cessé d’exister, d’un État qui ne respire plus ; c’est l’image d’une jungle que l’on vend, à je ne sais pas qui, afin de faire sauter le dernier verrou qui freine encore la réalisation du projet toujours en cours, celui de la balkanisation du Congo. Tout le cinéma intervient au grand dam du Congolais, à qui il est naïvement demandé d’oublier Paul Kagame, de cesser de faire attention au jeu du mercenariat noir (Rwanda, Ouganda) au Congo.
C’est contre quoi en échange pour que les Congolais assument historiquement la responsabilité du non-génocide congolais pourtant perpétré au Congo par la soldatesque rwandaise et à la merci de Paul Kagame. Quel pays, quel peuple, qu’est-ce qui ne va pas avec nous ? Des élites Anglo-saxonnes, il n’est plus question que d’illusion, de mensonge et de mythe. En réalité, toute cette situation permet à l’ennemi du Congo de gagner du temps et d’en faire perdre autant à la lutte de l’émancipation du pays.
Qui doute encore de la trahison du droit congolais et de la justice congolaise?
La caractéristique principale d’un leadership bon nègre, dominé et enfant, c’est de désapprendre aux masses populaires à identifier l’adversaire, c’est l’inviter à cesser de culpabiliser son ennemi, dès lors que l’on se trompe à ne plus en avoir. L’issue à la crise que traverse le Congo est obstruée. On ne voit pas comment la situation peut profiter au Congo. Sauf si seulement la récupération politique envisageait de mobiliser les masses autour des idéaux du patriotisme et de nationalisme, et ce, avant la confrontation finale. Mais à la place, au lieu de rassembler les troupeaux, les efforts sont plutôt déployés vers la dispersion et la division.
La caractéristique principale d’un leadership bon nègre, dominé et enfant, c’est de désapprendre aux masses populaires à identifier l’adversaire, c’est l’inviter à cesser de culpabiliser son ennemi, dès lors que l’on se trompe à ne plus en avoir.
En 2001, une pléthore des anciennes « figures » politiques congolaises apporta sans contrepartie leur soutien au premier « coup d’État » que venait de perpétrer le mercenariat tutsi rwandais sur le sol congolais après l’assassinat de Laurent Désiré Kabila. Parmi les premiers hommes à défiler devant « Joseph Kabila », pour lui faire allégeance, figurait un ancien militaire et de surcroît général de l’armée nationale congolaise. C’est pour dire que cet homme ne devait pas son renom à « Joseph Kabila ».
Le comble, c’est quand on sait que cet homme fut non seulement ancien Premier ministre de Mobutu, ancien auditeur général de la République, mais il est également juriste de formation, constitutionnaliste et Professeur émérite de droit constitutionnel. Il incarne, à lui seul, le droit au Congo.
Les images de la télévision de l’époque le présentent habillé en tenue militaire et béret de soldat sur les épaules, aligné , il attend son tour de passer devant « le fameux Joseph » (dixit Sassou Nguesso). À ce rythme, on se demande qui doute encore de la trahison du droit congolais et de la justice congolaise. Dans « Ainsi sonne le glas ! : Les derniers jours du Maréchal Mobutu » (1 998), Honoré Ngbanda Nzambo Ko Atumba dénonce l’attitude du même général en l’accusant presque de s’être servi de la justice congolaise pour évincer et faire taire des adversaires potentiels, notamment le procès de Panu Bule, de MBiya Mwenze, de major Kalume et du père de Jacques Matanda.
La réalité de la lutte impose la persévérance
De l’assassinat de Laurent Désiré Kabila, de la nature du crime en passant par ses principaux acteurs, la justice congolaise, le droit congolais et toutes ces femmes et tous ces hommes qui l’incarnent par leur savoir ne sont jamais arrivés à dire le droit sur ce meurtre. Hormis, l’arrestation de quelques comédiens et d’autres pions dont la nature, dans ce monde-là, est d’être sacrifiés, des pauvres à livrer en pâture dans le but de mieux embrouiller les faits de droit.
« Ils tuent à Beni ». Comme ils ont massacré les Kamuina Nsapu au Kasaï avec la participation d’un autre homme de droit congolais. Les tueurs des Congolais à l’est du Congo sont de notoriété publique. Mais la justice congolaise se montre évasive sur les crimes de guerre commis à l’est du Congo. Des associations de défense des droits de l’homme se font le porte-parole de la misère congolaise. Les assassins de Floribert Chebeya Bahizire courent toujours les rues. Pendant ce temps, les partisans de la tutsisation des institutions du pays crient à la pratique du droit et de la justice au Congo.
Les populations en souffrance, que personne ne saura condamner, veulent de l’immédiateté. D’où vient l’idée chez elles de la facilité alors que la réalité de la lutte impose la persévérance.
Au Congo, des Tutsis du Rwanda ont pris des armes au motif de défendre leur « citoyenneté congolaise ». À ce sujet, un autre Tutsi rwandais menaçant écrit : « Les Tutsis congolais ne perdront jamais la citoyenneté congolaise [il veut dire le pouvoir au Congo], quels que soient les scénarii, les moyens et les alliances que déploiera cette faction… ». Or, le recours aux armes est un crime puni par la loi au Congo. Il en a même découlé mort d’hommes : des Congolaises violées et des Congolais massacrés. Le droit et la justice au Congo demeurent totalement muets sur le sujet. C’est de quel état de droit dont on nous parle ?
En conclusion, la question n’a jamais été de laisser le mercenariat-tutsi rwandais s’effondrer de lui-même au Congo, sans qu’il n’ait été préalablement soumis à un rapport de force, de qui dépendrait réellement son sort. La notion des rapports de force est encore de l’ordre de l’imaginaire au Congo. C’est de l’utopie. Les populations en souffrance, que personne ne saura condamner, veulent de l’immédiateté. D’où vient l’idée chez elles de la facilité alors que la réalité de la lutte impose la persévérance. Oui, César, qui avait conquis l’Occident, avait bien compris qu’« en règle générale, ce qui est loin de la vue dérange l’esprit des hommes [ordinaires], bien plus que ce qu’ils peuvent voir. »
Nous construisons l’avenir de l’immédiat dans la souffrance et dans la privation.
Likambo oyo eza likambo ya mabele
Mufoncol Tshiyoyo, MT,
Homme libre et dissident