Par Jean-Pierre Mbelu
« La connaissance unit ceux que la distance sépare. »
« Rwanda. L’éloge du sang » (2020) est une mine d’or. Ce livre de Judi Rever, lu et relu ouvre l’intelligence à ce qui se passe dans les Grands Lacs Africains depuis plus de deux décennies. Un exemple. L’APR/FPR s’est à la fois servi de la milice Interahamwe au plus fort du génocide tout en l’accusant d’être l’unique coupable. Ses cadres civils, »les abakada » ont travaillé avec les responsables des partis d’opposition pour torpiller l’action du gouvernement en place. Ces responsables des partis d’opposition ont facilité la fabrication des fausses cartes d’identité hutues et des fausses cartes de membre du parti au pouvoir pour faciliter l’infiltration déstructurante.
Il y a dans cette démarche une constante marquant les méthodes utilisées par l’APR/FPR et ses alliés pour atteindre ses objectifs :le recours et l’usage du faux. Ici, il s’agit plus précisément de la fausse identité ethnique et politique.
Le recours et l’usage du faux
Recourir et faire usage du faux a (aussi) permis à l’APR/FPR de prendre le pouvoir (os) au Rwanda. Ses alliés et autres « chevaux de Troie » utilisent la même méthode au Congo-Kinshasa. Sur le temps long, cet usage du faux contribue à torpiller la dynamique de l’unité et/ou de l’union interne au pays. Les hommes de Paul Kagame se sont battus sur plusieurs fronts. Mais aussi sur le front intellectuel.
En tuant les intellectuels, ils estimaient que leurs méthodes, leurs tactiques et leurs stratégiques resteraient inconnues ainsi que l’éclosion de la vérité sur leurs crimes. Ils croyaient qu’aucune résistance ne viendrait contrarier leur « pouvoir ».
Recourir et faire usage du faux a (aussi) permis à l’APR/FPR de prendre le pouvoir (os) au Rwanda. Ses alliés et autres « chevaux de Troie » utilisent la même méthode au Congo-Kinshasa. Sur le temps long, cet usage du faux contribue à torpiller la dynamique de l’unité et/ou de l’union interne au pays.
En fait, « le FPR voulait s’assurer qu’aucun Hutu ne s’empare du pouvoir. La population illettrée, ça leur allait très bien ; des gens qu’ils pouvaient contrôler et utiliser à leur guise. Les Hutus qui réussissaient dans la vie, sur le plan économique ou intellectuel, devaient être éliminés pour permettre aux autorités de gouverner sans contrainte. » (J. REVER, 2020, p.203)
Au Congo-Kinshasa, ses alliés et autres « chevaux de Troie » s’en sont pris aux centres de documentation et aux archives pour effacer l’histoire de tout un peuple en vue de la « réécrire » à leur goût. Tout le débat sur Minembwe et sur l’identité des « Banyamulenge » est à comprendre (aussi) dans le sens cette « réécriture de l’histoire » du Congo-Kinshasa.
Parler et écrire au sujet des crimes de l’APR/FPR
Dieu merci ! Certains compatriotes ont pu, pour l’éviter, recourir aux archives du Musée de Tervuren et leurs arguments ont été fondés sur des bases historiques incontestables. Croire qu’il suffisait d’éliminer les intellectuels Hutus pour arriver à gouverner le Rwanda sans contrainte s’est révélé, à la longue, être un faux calcul pour l’APR/FPR. Pourquoi ? Les hommes de Paul Kagame n’ont pas compris que « la connaissance unit ceux que la distance sépare ».
Les hommes de Paul Kagame n’ont pas compris que «la connaissance unit ceux que la distance sépare».D’autres intellectuels, unis par la connaissance, se sont levés à travers le monde pour écrire sur les crimes de l’APR/FPR.
D’autres intellectuels, unis par la connaissance, se sont levés à travers le monde pour écrire sur les crimes de l’APR/FPR. Les menaces de mort de Paul Kagame et de ses lobbies n’ont pas suffi pour obtenir leur silence. Pierre Péan, Charles Onana, Robin Philpot, Honoré Ngbanda, Bénédicte Kumbi, Mufoncol Tshiyoyo, Muhindo Nzangi, Florence Hartmann, Carl Del Ponte, Judi Rever, etc., se sont levés pour parler et écrire au sujet des crimes de l’APR/FPR. Des rapports des experts de l’ONU et d’autres « ONG internationales » les ont mis sur la place publique.
Le problème est que tous ces crimes demeurent impunis jusqu’à ce jour. Les efforts de Carl Del Ponte, du juge français Bruguière et ceux du juge espagnol Andreu Merelles n’ont pas encore abouti. Les Congolais mobilisés autour des recommandations du Rapport Mapping n’ont pas encore eu « leur Tribunal ». Pourquoi ?
« Le vrai pouvoir » est entre les mains des mondialistes
Il est possible que Kagame et ses hommes sont des « garçons de course » des multinationales, de l’ONU, de Bill Clinton et de Tony Blair. Des intouchables ! C’est ça le socle du vrai pouvoir au Rwanda.
Les véritables détenteurs du pouvoir à Kigali, ce ne sont pas Paul Kagame et ses hommes. Non. « Le vrai pouvoir » est ailleurs. Il est entre les mains des mondialistes dont Bill Clinton et Tony Blair sont des héritiers
Judi Rever en témoigne. Elle écrit ceci : « Les organes politiques et de défense des Etats-Unis ont soutenu Kagame après le génocide (mais aussi avant) et donné leur feu vert à l’invasion du Zaïre (…). » (p. 223) Elle note aussi ceci : « A la fin de son mandat, Blair créa une association caritative privée, largement financée par le millionnaire Lord Sainsbury of turville ; cette association fut baptisé African Governance Initiative (AGI) – son but supposé étant d’aider au développement et à la mise en place des services publics au Rwanda. L’AGI est connue pour s’être elle-même intégrée parmi les institutions gouvernementales du Rwanda, où ses membres travaillent dans les bureaux du président et du premier ministre, ainsi que dans ceux du conseil du développement et du ministère des services publics. » (p. 212)
Si après avoir lu « Rwanda. L’éloge du sang » de Judi Rever, on peut aussi lire ou relire « Clinton cash », on comprendrait que les véritables détenteurs du pouvoir à Kigali, ce ne sont pas Paul Kagame et ses hommes. Non. « Le vrai pouvoir » est ailleurs. Il est entre les mains des mondialistes dont Bill Clinton et Tony Blair sont des héritiers.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961