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Jean-Pierre Bemba n’est pas encore libéré. C’est du bluff !

Jean-Pierre Bemba n’est pas encore libéré. C’est du bluff !

Jean-Pierre Bemba n’est pas encore libéré. C’est du bluff ! 768 444 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

Voir un fils du Congo-Kinshasa libre de ses mouvements après qu’il ait été, d’une certaine façon, victime de l’une ou de l’autre façon des  »guerres secrètes de la politique et de la justice internationales », cela ne peut laisser plusieurs de ses compatriotes indifférents. A première vue, cela est une bonne nouvelle pour eux. Il est normal qu’ils se réjouissent. Passé le temps des réjouissances et de l’émotion, il serait important de se poser des questions qui fâchent. Pourquoi la décision d’acquitter Jean-Pierre Bemba des crimes dont il était accusé tombe-t-elle après la lettre d’Herman Cohen à la CPI ? Que représente Herman Cohen pour le Congo-Kinshasa ? Quel rôle joue-t-il dans la guerre raciste et de basse intensité menée contre le pays de Lumumba par les anglo-saxons et leurs proxys Ougandais et Rwandais ? Comment Jean-Pierre Bemba a-t-il été impliqué dans cette guerre par l’Ouganda interposé ? Pourquoi Museveni et Kagame demeurent-ils impunis jusqu’à ce jour pendant que lui, Jean-Pierre Bemba, vient de passer une dizaine d’années à la CPI avant de se voir laver des crimes dont il était accusé ? Pourquoi est-il acquitté avant la mascarade électorale en préparation ?

Pour les amnésiques, je rappelle qu’après les élections-bidon de 2006, Jean-Pierre Bemba a été attaqué dans sa résidence par la milice du  »Raïs 100% » pendant qu’il échangeait avec quelques membres de  »la communauté occidentale » et avant qu’il accepte  »l’inacceptable ».
Va-t-il, demain, dire à ses compatriotes le contenu de  »cet inacceptable » et assumer sa part de responsabilité du point de vue des conséquences produites par son acceptation ?

Justice internationale et guerres secrètes des grandes puissances en Afrique

Il est curieux que plusieurs compatriotes n’aient pas encore compris l’implication de  »la justice dite internationale » dans  »les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique ». Cela est curieux et pénible ! Il est plus pénible de se rendre compte que  »l’autre », celui qui mène ses guerres secrètes en Afrique (et au Congo-Kinshasa) n’est pas suffisamment étudié et connu dans sa capacité de vassaliser ceux qu’il veut détruire.

La disqualification des  »intellectuels » et/ou leur auto-flagellation » a détourné plusieurs compatriotes de l’étude et de la lecture. Elle sème dans les cœurs et les esprits le refus de savoir et la volonté d’ignorer. L’ignorance entretenue au cœur de l’Afrique conduit plusieurs compatriotes à ne pas questionner l’existence de deux juridictions dites internationales depuis le procès bâclé du FPR/APR de Paul Kagame au TPIR et l’arrestation de plusieurs responsables politiques africains à la CPI. Pour rappel,  »ces deux juridictions ad hoc s’apparentent à des tribunaux politiques exécutant les agendas inavouables de certaines puissances sous couvert de  »la lutte contre l’impunité ».

Il est curieux que plusieurs compatriotes n’aient pas encore compris l’implication de « la justice dite internationale » dans « les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique »

Leur objectif majeur est bien d’assurer l’impunité de certaines puissances et de leurs alliés impliqués dans les conflits armés tout en renforçant la politique d’injustice sur la scène internationale. C’est une manière grossière de recourir au droit pour régenter les relations internationales et surveiller l’émancipation des Etats du Tiers-Monde. » (C. ONANA, Menaces sur le Soudan et révélations sur le procureur Ocampo. Al-Bashir & Darfour. La contre-enquête, Paris, Duboiris, 2010, p. 464.) Ces deux institutions ont fait le choix de ne s’occuper que des  »seconds couteaux » (Lire J. BRANCO, L’ordre et le monde. Critique de la Cour pénale internationale, Paris, Fayard, 2016)

L’ instrumentalisation du droit dans les batailles idéologiques, géopolitiques, économiques et géostratégiques semble être la chose la moins connue des masses populaires congolaises fanatiques de la CPI. Pourtant, il y a plus de six décennies que Frantz Fanon y faisait allusion en indiquant que le recours au juridique par  »les grandes puissances de la mort » est fait pour casser toute velléité de résistance chez les peuples épris du désir de liberté.

Le message à lire derrière l’acquittement de Jean-Pierre Bemba

En questionnant sérieusement l’acquittement de Jean-Pierre Bemba, il y a lieu de soutenir qu’il n’échappe pas à ce schéma. Lié avec son MLC à l’Ouganda, il a, comme plusieurs membres de l’AFDL, du RCD, du CNDP, du M23, etc. proches du FPR/APR de Paul Kagame, participé, comme sous-traitant, à  »la guerre perpétuelle des Clinton et Blair » dans les Grands-Lacs africains.

L’arrêter en laissant libres les Clinton et les Blair, c’est tout un message. Celui-ci dit l’usage que ces derniers font de ce qu’ils considèrent comme leurs vassaux. Ils peuvent les opposer les uns aux autres pour éviter qu’ils coalisent et constituent une menace pour  »leurs créateurs ».

Ils peuvent les faire coffrer avant de leur proposer des  »pistes de collaboration » avantageant leurs intérêts et ceux de leurs multinationales dans  »une guerre politique pour des élections-pièges-à-cons », etc. Ces vassaux s’y engagent en trahissant la cause de leurs propres populations composées en partie d’applaudisseurs, de thuriféraires et de tambourinaires. Et,  »souvent, Rome ne paie pas ses traîtres ».

Arrêter Bemba en laissant libres les Clinton et les Blair, c’est tout un message. Celui-ci dit l’usage que ces derniers font de ce qu’ils considèrent comme leurs vassaux. Ils peuvent les opposer les uns aux autres pour éviter qu’ils coalisent et constituent une menace pour « leurs créateurs ».

Malheureusement,  »ces traîtres » et leurs fanatiques souffrant du syndrome de Stockholm et du larbinisme ont du mal à rompre avec  »leurs créateurs ». Ils ont peur de payer le prix de la liberté.

Bemba et le nécessaire temps de recul

Tel est le contexte dans lequel se trouve une partie importante de la population congolaise. Sans une thérapie collective et une révolution culturelle de qualité, elle va demeurer mûre pour l’esclavage. L’amnésie, l’émotion, l’ignorance, le fanatisme, le larbinisme, etc. ont fini par manger ses cœurs et ses esprits. Dieu merci ! Le petit reste veille ! A ses risques et périls !

Prendre le temps de recul éviterait à Bemba de retomber dans la guerre perpétuelle, raciste et de basse intensité menée contre la dignité des populations congolaises à travers des élections-bidon.

Jean-Pierre Bemba pourrait réellement devenir un homme libéré s’il accepte de prendre un peu de temps de recul afin de méditer sur les dix ans passés à cette Cour financée par l’Union Européenne et George Soros. Et je lui conseillerai trois livres en plus de ceux qui sont cités dans cet article :  »Europe, Crimes et censure au Congo. Les documents qui accusent » (de Charles Onana) et  »Les réseaux Soros à la Conquête de l’Afrique » (dont le sous-titre,  »Les réseaux d’influence à la conquête du monde », est tout un avertissement). Il est co-écrit par Stéphanie Erbs, Vincent Barbe et Olivier Laurent. Le troisième livre est un dictionnaire. Il est intitulé  »Ingeta. Dictionnaire pour une insurrection des consciences » (de Jean-Pierre Mbelu).

Prendre le temps de recul lui éviterait de retomber dans la guerre perpétuelle, raciste et de basse intensité menée contre la dignité des populations congolaises à travers des élections-bidon. Et c’est à cela que l’invite celui qui, avant son acquittement, a écrit à la CPI. Il le fait dans un Tweet : « The International Criminal Court acquittal of #DRC political leader Jean-Pierre Bemba is a healthy outcome for his country as the time approaches for presidential candidates to declare themselves. Bemba will add considerable weight to the anti-Kabila coalition. » S’il tombe dans ce schéma, son acquittement ne pourrait pas aboutir à une véritable libération, mais à du bluff ! C’est mon hypothèse.

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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