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Jean-Jacques Wondo, Judi Rever et la guerre

Jean-Jacques Wondo, Judi Rever et la guerre

Jean-Jacques Wondo, Judi Rever et la guerre 664 443 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

« Si on détruit l’histoire, on rend la population incapable de comprendre l’actualité. » – A. LACROIX-RIZ

 

Le fait que certains acteurs apparents de la guerre que connaît le Kongo-Kinshasa depuis plus de trois décennies bombent le torse au cours des négociations bidons orchestrés par  »les faiseurs des rois » peut en gauchir une relecture avertie.

Il me semble important que  »les spécialistes » de cette guerre soient lus et relus pour que  »les questions d’actualité » ne plongent plusieurs de ses commentateurs dans la paresse intellectuelle et l’ignorance.

Jean-Jacques Wondo

Jean-Jacques Wondo évite de s’enfermer dans le court terme pour comprendre ce qui se passe dans la partie orientale du Kongo-Kinshasa. Il remonte jusqu’au début de la guerre de l’AFDL en montrant pourquoi l’EAC ne peut pas participer à la sortie de cette guerre de basse intensité. Même s’il n’ajoute pas la dimension raciste et néocoloniale de cette guerre, il en donne une approche beaucoup plus rationnelle et raisonnable. Se confiant à Actualité.cd, il note ceci :

« Nous devons avoir une conscience historique que les Etats de l’EAC sont partie prenante active de la crise qui ronge l’est de la RDC pour avoir été à la base de l’invasion du Zaïre en 1996 pour des motivations géoéconomiques.

En réalité, derrière l’argument sécuritaire invoqué par les Etats de l’EAC pour justifier le déploiement de la force régionale, les vrais mobiles de ces interventions militaires restent éminemment mercantiles et économiques.

Le déploiement de la force de l’EAC répond à l’objectif non avoué de maintenir la RDC dans un ordre géopolitique d’un pays militairement vaincu. La preuve en est qu’aujourd’hui les FARDC sont interdites d’entrée dans les territoires occupés par le M23 et laissés sous contrôle de la Force de l’EAC. C’est ni plus ni moins une perte de souveraineté sur une partie du territoire national.

La situation sécuritaire instable de l’est de la RDC et la guerre du Rwanda en RDC sont à placer dans le continuum des dynamiques géopolitiques qui règnent dans la région des Grands-Lacs après le génocide rwandais (avril 1994) et la chute de Mobutu (mai 1997) consécutif à la fin de la Guerre froide, dans un contexte international de mondialisation qualifié de « New scramble for Africa », c’est-à-dire la « ruée sur les matières premières de l’Afrique utile et rentable ».

En réalité, derrière l’argument sécuritaire invoqué par les Etats de l’EAC pour justifier le déploiement de la force régionale, les vrais mobiles de ces interventions militaires restent éminemment mercantiles et économiques. L’enjeu reste le réinvestissement militaire des territoires qu’ils ont occupés et contrôlés entre 1996 et 2002 et dans le but d’opérer une nouvelle redistribution de la carte économique dans une zone très riche en diverses ressources naturelles, minières et énergétiques en vue de consolider leurs positions économiques dans l’est de la RDC.

Pour le Rwanda, c’est une triple question de survie politique, économique et démographique d’un régime ethniquement hégémonique. »

Revisiter les sources

Eviter de comprendre les enjeux de cette guerre facilite l’opposition des Kongolais les uns contre les autres et fragilise davantage la cohésion nationale et retarde l’engagement collectif dans une lutte commune pour la souveraineté et l’intégrité territoriale.

Eviter de comprendre les enjeux de cette guerre facilite l’opposition des Kongolais les uns contre les autres et fragilise davantage la cohésion nationale et retarde l’engagement collectif dans une lutte commune pour la souveraineté et l’intégrité territoriale.

Le rappel fait par Jean-Jacques Wondo devrait inciter les courtermistes kongolais à revisiter certaines sources écrites sur la guerre par procuration imposée au Kongo-Kinshasa. Ils pourraient savoir de quoi Paul Kagame est le nom en lisant et/ou en relisant Judi Rever (dans  »Rwanda. L’éloge du sang », Paris, Max Milo, 2020).

La relecture des sources aide à ne pas prendre les acteurs apparents pour des acteurs pléniers et à ignorer les coulisses de la guerre d’usure imposée au Kongo-Kinshasa.

 

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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