L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu revient sur le forum de Dakar (rencontre de Gorée), expose le mensonge et le théâtre que jouent les deux camps congolais du statu quo, décrypte l’oubli révélateur de Kabila ainsi que le mode opératoire des Occidentaux en quête de l’oiseau rare au Congo. Il démontre également comment les exigence du « Front Citoyen » sont fantaisistes et explique pourquoi l’essentiel, pour nous, doit être de maîtriser notre histoire et de nous en tenir au débat de fond sur nos le contrôle de nos ressources stratégiques et de nos terres et mers.
Sur le mensonge autour de ce forum à Dakar
Le mensonge, actuellement, est qu’il y a un camp qui dit pouvoir lutter pour la souveraineté du Congo et l’autre qui dit pouvoir lutter pour la défense de la démocratie et des droits de l’homme.
Sur l’effacement de notre mémoire collective
Ce que l’on pourrait reconnaître de positif dans ce qui se passe aujourd’hui, c’est qu’il y a un front qui s’est créé. Mais la différence, entre ce que nous demandons, un grand mouvement populaire congolais unifié, et ce qui vient de se passer avec ce front citoyen, est que quand Lumumba parlait de mouvements populaires et de partis africains et congolais unifiés, il identifiait l’adversaire. Il le nommait, il parlait de l’impérialisme et du colonialisme. Aujourd’hui, nous sommes face à deux camps qui s’invectivent mais qui n’arrivent pas à nommer l’adversaire face auquel le Congo-Kinshasa est placé. Et ces deux camps sont en train d’effacer notre mémoire collective. Or que nous apprend notre mémoire collective ?
Notre mémoire collective nous apprend que nous avons été, en tant que pays, agressés par les petites mains de l’ultralibéralisme depuis les années 1990. Et ces petites mains sont nommés occidentaux, anglo-saxons et leurs proxys rwandais, ougandais.
Sur le mensonge du front citoyen
Sur l’oubli révélateur de Kabila
Sur le mode opératoire de l’Occident
Sur la quête de l’oiseau rare
Sur la manipulation de l’opinion
Si aujourd’hui, nous prenons la décision, au nom de la liberté d’expression et d’opinion, de pouvoir débattre de ces questions, c’est pour éviter que, demain, des compatriotes disent, « mais vous saviez et vous n’en aviez pas parlé ». On débat très très peu sur ces questions sensibles et il y a des compatriotes qui estiment qu’ils sont malins quand ils passent dans les médias et se mettent à dire « essayons d’oublier nos différences, mettons-nous ensemble, rejoignons le front, pour que nous puissions bouter Kabila dehors ». Alors qu’ils sont à côté de la plaque. Le problème est de changer le système.
Sur le document de déclaration du front citoyen
Sur l’essentiel à maîtriser
Sur ce que nous devons faire
Il faut donc une bonne maîtrise de notre histoire, mais aussi une bonne identification des acteurs.Voilà pourquoi nous avons besoin qu’il naisse de plus en plus au Congo, des lieux de réflexion, des lieux de savoirs, qui nous permettent de débattre sans tabou. Parce que pour le moment, il y a beaucoup de tabous et on met des gants pour aborder certaines questions.
Le problème n’est pas de rentrer frontalement en conflit avec les occidentaux. Le problème est d’échanger avec eux, en fonction des principes qu’ils sont supposés respecter. Qu’ils nous écoutent ou qu’ils nous écoutent, l’essentiel est que nous nous mettions ensemble autour de ce véritable débat mais aussi que nous apprenions de plus en plus à diversifier les partenaires géostratégiques. Nous ne parlons que de l’Occident à tout moment, dans un monde qui devient de plus en plus multipolaire. Et l’Occident a horreur de voir l’Afrique échapper à sa mainmise parce qu’il ne voudrait pas que le monde devienne multipolare. Il tient à un monde atlantiste multipolaire. C’est là le débat de fond. Les amis du Front Citoyen passent à côté de ce débat de fond pour blablater, parler de Kabila ou de la constitution. Pourtant le débat de fond ne porte pas sur Kabila ou la constitution, il porte sur nos terres, nos airs, nos eaux, sur le contrôle de nos ressources stratégiques. Ce qui fait que le fils de Warren Buffet peut faire ce qu’il veut à l’Est de notre pays, ce qui fait que la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International qui sont la main économique détruisant le Congo ont encore leur mot à dire chez nous.