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Front citoyen face à la Kabilie: Comment ces deux camps travaillent à maintenir le Congo dans l’occupation et la sous-tutelle extérieure et occidentale

Front citoyen face à la Kabilie: Comment ces deux camps travaillent à maintenir le Congo dans l’occupation et la sous-tutelle extérieure et occidentale

Front citoyen face à la Kabilie: Comment ces deux camps travaillent à maintenir le Congo dans l’occupation et la sous-tutelle extérieure et occidentale 592 403 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu revient sur le forum de Dakar (rencontre de Gorée), expose le mensonge et le théâtre que jouent les deux camps congolais du statu quo, décrypte l’oubli révélateur de Kabila ainsi que le mode opératoire des Occidentaux en quête de l’oiseau rare au Congo. Il démontre également comment les exigence du « Front Citoyen » sont fantaisistes et explique pourquoi l’essentiel, pour nous, doit être de maîtriser notre histoire et de nous en tenir au débat de fond sur nos le contrôle de nos ressources stratégiques et de nos terres et mers.

Sur le mensonge autour de ce forum à Dakar

Le régime de Kabila sait d’où il est issu, et est mieux situé pout évaluer à sa juste valeur, ce qui s’est passé à Dakar. Sa nervosité se justifie parce que les deux camps sont issus des mêmes parrains, et des mêmes processus fomentés de l’extérieur. La guerre que se mènent les deux camps qui font partie du statu quo est liée à ceci : les deux camps savent comment fonctionnent leurs parrains. Quand ils réalisent qu’à un certain moment, ces parrains ont une préférence pour le camp appelé Opposition, ils s’insurgent contre le camp de l’opposition et contre certains de leurs parrains. Parce que certains autres de ces parrains les soutiennent. Ce qui est important, pour le moment, c’est d’aider nos populations, au nom de la liberté d’expression et d’opinion, à pouvoir comprendre le théâtre que ces deux camps du statu quo sont en train de lui jouer en ce moment.
Le mensonge, actuellement, est qu’il y a un camp qui dit pouvoir lutter pour la souveraineté du Congo et l’autre qui dit pouvoir lutter pour la défense de la démocratie et des droits de l’homme.

Sur l’effacement de notre mémoire collective

Quel est le nom du diable ? Est-ce que faire alliance avec les parrains de Kabila d’hier, et qui le soutiennent en sous-main aujourd’hui, à travers avec Kagamé, c’est faire alliance avec le diable ? Non, c’est de la mise en scène
Ce que l’on pourrait reconnaître de positif dans ce qui se passe aujourd’hui, c’est qu’il y a un front qui s’est créé. Mais la différence, entre ce que nous demandons, un grand mouvement populaire congolais unifié, et ce qui vient de se passer avec ce front citoyen, est que quand Lumumba parlait de mouvements populaires et de partis africains et congolais unifiés, il identifiait l’adversaire. Il le nommait, il parlait de l’impérialisme et du colonialisme. Aujourd’hui, nous sommes face à deux camps qui s’invectivent mais qui n’arrivent pas à nommer l’adversaire face auquel le Congo-Kinshasa est placé. Et ces deux camps sont en train d’effacer notre mémoire collective. Or que nous apprend notre mémoire collective ?
Notre mémoire collective nous apprend que nous avons été, en tant que pays, agressés par les petites mains de l’ultralibéralisme depuis les années 1990. Et ces petites mains sont nommés occidentaux, anglo-saxons et leurs proxys rwandais, ougandais.

Sur le mensonge du front citoyen

Or le camp qui a formé le front citoyen, voudrait conduire les congolais à croire qu’ils ont affaire à Kabila comme acteur majeur de la tragédie congolaise. Et là, c’est un mensonge. D’autant plus que certains qui se retrouvent maintenant dans ce front citoyen ont travaillé à la fabrication du régime de Kabila. Ils sont donc en train de mentir au peuple, en essayant de mettre entre parenthèses les véritables acteurs de la tragédie congolaise pour désigner l’un de leurs camarades comme étant la cible principale. C’est-à-dire que ce front citoyen ne veut pas aider les populations congolaises à vouloir rompre avec le système qui a créé Museveni, Kagamé, Kabila et le système qui gère pour le moment les Grands Lacs africains.

Sur l’oubli révélateur de Kabila

C’est le fils de Warren Buffet, l’un des maîtres du système de prédation, qui a contribué à la construction du barrage que Kabila est allé inaugurer à Rutshuru. Warren Buffet est celui qui dit sans ambages que « Nous les riches nous sommes en guerre contre les pauvres, et nous sommes en train de la gagner ». Quand Joseph Kabila, qui avait il y a peu que la solution aux problèmes du Congo ne viendra ni des Nations-Unies, ni de l’Occident, ni de l’Orient, et qui tout d’un coup, oublie, s’en va inaugurer ce barrage là, il prouve à 100% qu’il participe du système que ceux qui ont financé la rencontre du front à Dakar, créent et entretiennent.

Sur le mode opératoire de l’Occident

Le problème n’est pas d’ignorer l’Occident. Il s’agit de dire comment l’Occident procède-t-il pour défendre ses intérêts. Quand vous passez le mode opératoire de cet Occident, vous vous rendez compte que pour pouvoir défendre ses intérêts, il est disposé à détruire des pays. Est-ce qu’il faut détruire des peuples, des pays, des cultures pour pouvoir défendre ses intérêts, ou est-ce qu’il y a moyen de jouer à visage découvert et de négocier ces intérêts dans le respect du droit humanitaire?

Sur la quête de l’oiseau rare

Quand les camps impliqués dans cette mise en scène disent qu’ils défendent la constitution, la démocratie, ils mentent. Ce qui se passe, c’est que les faiseurs de rois sont en train de chercher leur oiseau rare. C’est ainsi qu’ils ont ameuté les deux camps. Quand ils l’auront trouvé, ils vont passer à la vitesse supérieure, et faire que les deux camps s’entrechoquent et qu’ils en arrivent à imposer leur oiseau rare. Cette mise en scène implique beaucoup d’acteurs apparents. Ils sont utilisés comme des marionnettes dans le jeu des faiseurs de rois. Il faut avec nos populations voir comment rompre avec ce jeu de dupes pour pouvoir travailler à la création de masses critiques capables de renverser des rapports de force, qui nous sont jusque là défavorables.

Sur la manipulation de l’opinion

Nous sommes là face à un processus de la fabrication d’une révolution de couleur dont les congolais ne sont pas les acteurs principaux… L’opinion est fondée sur l’ignorance. Il y a beaucoup d’ignorance et une inculture crasse. Nos amis qui viennent de Dakar, et qui prennent la parole sur la place publique, induisent l’opinion en erreur. Cela avait été la même chose, avant l’entrée de l’AFDL. Il y avait eu une mobilisation pas possible au sein de l’Union sacrée de l’opposition, par exemple, mais cette mobilisation avait fait long feu. Pourquoi ? Pour la simple raison que les véritables adversaires n’avaient pas été identifiés. Et même quand ceux qui avaient réussi à savoir qui les instrumentalisaient, ils n’ont pas communiqué avec les masses congolaises.
Si aujourd’hui, nous prenons la décision, au nom de la liberté d’expression et d’opinion, de pouvoir débattre de ces questions, c’est pour éviter que, demain, des compatriotes disent, « mais vous saviez et vous n’en aviez pas parlé ». On débat très très peu sur ces questions sensibles et il y a des compatriotes qui estiment qu’ils sont malins quand ils passent dans les médias et se mettent à dire « essayons d’oublier nos différences, mettons-nous ensemble, rejoignons le front, pour que nous puissions bouter Kabila dehors ». Alors qu’ils sont à côté de la plaque. Le problème est de changer le système.

Sur le document de déclaration du front citoyen

Ce front est lancé, et nos mais voudraient nous convaincre que c’est la première fois que les congolais réussissent à se mettre ensemble. Ce qui est faux. Les congolais se sont mis ensemble pour aider Lumumba et ses amis à gagner les élections en 1960. Ils s’étaient déjà mis ensemble lors de la Table Ronde à Bruxelles. Les Congolaise se sont mis ensemble pour que la conférence souveraine puisse aller de l’avant. Mais à un certain moment, les compteurs ont été remis à 0. Quand ces gens disent la nation est en péril, ils ne disent pas pourquoi elle est en péril.

Sur l’essentiel à maîtriser

L’essentiel est la maîtrise de notre histoire. Sinon, nous allons tomber dans l’éternel recommencement. Les mêmes qui ont fabriqué Kagamé, Museveni, Kabila sont ceux qui sont en train de fabriquer les amis du front citoyen aujourd’hui. Si nous nous trompons d’adversaire politico-économique et social, nous allons tomber dans ce jeu de recommencement. Voilà pourquoi, nous appelons à une bonne maîtrise de l’histoire qui nous permette de pouvoir identifier les acteurs majeurs, de pouvoir indiquer leur mode opératoire, de pouvoir maîtriser les stratégies et les méthodes auxquels ils recourent pour que le Congo qu’ils ont produit comme Etat raté le demeure à tout jamais.

Sur ce que nous devons faire

Que faire ? Nous devons commencer par connaître notre histoire sur le temps long. Le temps long nous aide aussi à maîtriser les principes auxquels recourent les acteurs pléniers pour pouvoir nous maintenir dans l’Etat de vassaux incapables de fabriquer des alliances offensives, des vassaux incapables de coaliser pour rompre avec le servilisme et l’assujettissement et redevenir souverain.
Il faut donc une bonne maîtrise de notre histoire, mais aussi une bonne identification des acteurs.Voilà pourquoi nous avons besoin qu’il naisse de plus en plus au Congo, des lieux de réflexion, des lieux de savoirs, qui nous permettent de débattre sans tabou. Parce que pour le moment, il y a beaucoup de tabous et on met des gants pour aborder certaines questions.
Le problème n’est pas de rentrer frontalement en conflit avec les occidentaux. Le problème est d’échanger avec eux, en fonction des principes qu’ils sont supposés respecter. Qu’ils nous écoutent ou qu’ils nous écoutent, l’essentiel est que nous nous mettions ensemble autour de ce véritable débat mais aussi que nous apprenions de plus en plus à diversifier les partenaires géostratégiques. Nous ne parlons que de l’Occident à tout moment, dans un monde qui devient de plus en plus multipolaire. Et l’Occident a horreur de voir l’Afrique échapper à sa mainmise parce qu’il ne voudrait pas que le monde devienne multipolare. Il tient à un monde atlantiste multipolaire. C’est là le débat de fond. Les amis du Front Citoyen passent à côté de ce débat de fond pour blablater, parler de Kabila ou de la constitution. Pourtant le débat de fond ne porte pas sur Kabila ou la constitution, il porte sur nos terres, nos airs, nos eaux, sur le contrôle de nos ressources stratégiques. Ce qui fait que le fils de Warren Buffet peut faire ce qu’il veut à l’Est de notre pays, ce qui fait que la Banque mondiale et le Fonds Monétaire International qui sont la main économique détruisant le Congo ont encore leur mot à dire chez nous.

INGETA.

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