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Francophonie : Un théâtre éclipsé par les problèmes du Congo

Francophonie : Un théâtre éclipsé par les problèmes du Congo

Francophonie : Un théâtre éclipsé par les problèmes du Congo 512 341 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu décrypte le sommet de la Francophonie à Kinshasa et nous invite à faire preuve de discernement face aux discours de faux-semblants afin de cultiver notre propre discours et nous engager dans une lutte où nous serons les premiers acteurs de notre devenir collectif.

Sur le voyage de François Hollande à Kinshasa

Quand Hollande organise son voyage pour le Congo, il sait que l’organisation internationale de la Francophonie a violé ses principes. Il se rend dans un pays qui a viré dans la dictature, un pays où le pluralisme politique n’est pas respecté et un pays dans lequel les libertés fondamentales pas du tout respectés. François Hollande avec tous les membres de l’OIF violent les idéaux fondateurs de l’organisation même. Violer ses idéaux et ensuite commencer à se plaindre est inconséquent.

Sur les déclarations de Hollande au sujet des droits de l’homme et de la démocratie

A entendre les critiques et remises en question faites par le président français, on pourrait penser que la situation telle qu’elle est vécue aujourd’hui au Congo n’a rien à voir avec l’engagement de l’Union Européenne dans notre pays. Or ce système que M. Hollande essaie de remettre en question fait partie d’un processus qui a été porté à bout de bras par l’Union Européenne, qui a financé, en 2006 la mascarade électorale qui avait été encadrée par l’armée de l’Union européenne, l’EUFOR. Il y a donc quelque chose de flou dans la démarche de François Hollande, parce qu’il met entre parenthèses la responsabilité de l’Union Européenne dans le processus ayant mené à la violation des droits de l’homme, à la violation des libertés fondamentales et au manque de pluralisme politique.

Sur la rencontre Hollande – Kabila

Hollande, et tout ce monde là, se moquent de nous. Les discours c’est bien mais il faut réparer le mal qui a été fait en 2011 au peuple congolais. Le message fort passé par François Hollande va-t-il remettre en question le système dans lequel l’Union Européenne nous a plongé en soutenant la mascarade électorale. comment l’UE va nous tirer de cette situation qu’elle a contribué à mettre en place au Congo?
Il y a une théatralisation de la politique entre les pays occidentaux et le Congo, une théatralisation à laquelle nous devons pouvoir mettre en fin. Nous devons être vigilants. Parce que ce qu’ils ont avec cette mascarade électorale est en quelque sorte ce qu’ils avaient en 1960 avec Patrice Emery Lumumba… Parce qu’ils sont en train de se préparer un à nous imposer un autre faux président après qu’ils nous aient imposé celui qu’ils critiquent aujourd’hui.

Sur la médiathèque Floribert Chebeya au centre culturel français à Kinshasa

On a décérné un monument à Lumumba après l’avoir tué. Et dans l’entretemps, le Congo a perdu parce que le processus démocratique entamé depuis 1960 en a souffert. Est-ce qu’il suffit de dédier un monument à un défenseur des droits de l’homme pour que la défense des droits de l’homme devient une priorité du gouvernement du pays dans lequel le monument est érigé? Qu’est-ce que la France va faire demain pour qu’il n’y ait pas d’autres Floribert Chebeya?

Sur les relations franco-congolaises

La matrice organisationnelle sur laquelle les relations franco-congolaises sont fondées est une matrice néolibérale, donc une matrice promotrice de violence. Il ne faut pas oublier que si Hollande est venue à Kinshasa, c’est en partie sous la « pression » des multinationales françaises comme Areva, Total ou Bolloré. Quelle marge de liberté, Hollande aura-t-il pour que cette matrice organisationnelle fondée sur le néolibéralisme ne puisse pas l’emporter sur ses bonnes intentions?
En tant que congolais, nous ne devons pas trop compter sur ce monsieur qui tient de beaux discours parce qu’il a beaucoup d’intérêts économiques à sauvegarder dans notre pays.

Sur les déclarations de Reynders à Kinshasa

Le discours de Reynders va dans le sens de ce que la Belgique voudrait entretenir comme relation avec le Congo parce que celui qui avait eu un discours comme celui de François Hollande, Karel De Gucht, a été mis de côté… Dans tous les cas, il faut toujours faire preuve de discernement et se demander ce que ces occidentaux veulent en tenant tel discours, à partir de quelles positions ils parlent et pouvoir cultiver notre propre discours. Et nous engager dans une lutte où nous serons les premiers acteurs de notre devenir collectif.

Sur le regard des médias occidentaux sur le sommet

Il y a des signes qui ne trompent pas. Vous ne pouvez pas chercher à organiser un sommet sérieux dans un pays où ceux qui estiment être au pouvoir ne jouissent d’aucune légitimité politique ni d ‘aucune autorité morale et essaient de s’imposer par les armes et la violence. Les médias qui sont rendus à Kinshasa se sont rendus compte que le manque de légitimité politique et morale peut être un frein sérieux à l’organisation de choses sérieuses. Les problèmes du Congo ont éclipsé ceux du sommet…. On a essayé d’embellir les endroits que les hôtes du sommet allaient fréquenter et on a laissé l’arrière pays. Mais les journalistes se sont intéressés à l’arrière pays et se sont rendus compte que l’arrière pays côtoie la misère.

Sur la rencontre Hollande – Tshisekedi

Il s’agit d’une rencontre entre deux acteurs politiques du monde actuel, de surcroit socialistes tous les deux. En quoi, cette rencontre constitue-t-elle un geste fort? Pendant que la majorité présidentielle populaire présente Tshisekedi comme le véritable président élu, Hollande va le rencontrer comme l’opposant. Il y a une ambiguité dans cette démarche. On veut le conserver dans son rôle d’opposant.

Sur les négociations entre Kinshasa et le M23 à Kampala

Le gouvernement usurpateur de Kinshasa issu du hold-up électoral de novembre 2011 a fabriqué avec le Rwanda, ce M23, avec pour objectif de cacher Bosco Ntaganda pour qu’on ne le traduise pas à la CPI mais aussi parce qu’il fait partie du réseau transnational de prédation qui sévit au Congo. Tous les protagonistes qui ont contribué à la mise en place du M23 sont en train aujourd’hui d’arranger leurs affaires entre eux. Le M23, le gouvernement de Kinshasa, le gouvernement de Kigali, c’est blanc bonnet et bonnet blanc.

Sur la réapparition de Diomi Ndongala

Ce que Mende raconte est ridicule. L’écouter, c’est perdre son temps. Diomi Ndongala a été arrêté par les services secrets du gouvernement usurpateur de Kinshasa, trimbalé d’un cachot à un autre, à chaque fois les yeux bandés. Au Congo, la vie d’un homme ne représente plus rien pour ce gouvernement usurpateur.

INGETA.

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