Par Jean-Pierre Mbelu
Un groupe de profs congolais, experts en constitutionnalisme, passe une bonne partie de son temps à enseigner la Constitution kongolaise aux compatriotes. De temps en temps, les enseignés en arrivent à toucher un mot sur « les origines » de ce texte ou plutôt sur les modèles qui l’ont inspiré.
Et la Constitution française est citée. Leurs « honorables kongolais », tout en affirmant qu’ils sont « les élus du peuple » ne se gênent pas de soutenir que leur mandat n’est que représentatif, qu’il n’est pas impératif.
Le cirque se poursuit…
Electoralistes, ils estiment qu’il suffit aux compatriotes de déposer leurs bulletins dans l’urne tous les cinq ans pour les voter sans qu’ils portent le souci de redevabilité et au besoin, celui de révocabilité en cas de non-respect de leurs cahiers des charges.
Le cirque se poursuit. Les profs constitutionnalistes enseignent toujours et feignent de comprendre qu’une Constitution portée par un système néocolonial et ultralibéral ne vaut absolument rien.
Pour eux, ce système représentatif sans mandat impératif est « le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple », c’est-à-dire une démocratie souveraine. Ils entretiennent ce mensonge depuis plus de deux décennies et les résultats « pour le peuple » ne sont visibles nulle part. Ils organisent régulièrement leur cirque, passant d’un parti à un autre, d’une plate-forme à une autre, d’une union à une autre sans des actions à impact visible pour le peuple.
Le cirque se poursuit. Les profs constitutionnalistes enseignent toujours et feignent de comprendre qu’une Constitution portée par un système néocolonial et ultralibéral ne vaut absolument rien. Et qu’elle est improductive « pour le peuple » n’ayant pas participé à sa rédaction. Elle ne profite qu’au réseau transnational de prédation et à sa guerre perpétuelle.
« La soupe est bonne » avec le système représentatif
Et si ces spécialistes constitutionnalistes se rendaient compte qu’ils ont impuissanté le peuple en copiant les erreurs d’une Constitution ayant rejeté le mandat impératif au profit d’une élite dominante, seraient-ils prêts à lutter pour une Constituante kongolaise l’instituant afin de conférer le véritable pouvoir au peuple ? Je ne sais pas…
Le mandat impératif est beaucoup moins confortable que le représentatif et l’on comprend pourquoi, depuis 1791 les Constitutions françaises, à l’exception de celle de 1793 jamais appliquée, ont interdit ce dispositif de contrôle populaire et de révocabilité des élus. Comme on dit, « la soupe est bonne » avec le système représentatif. Il maintient le peuple à l’écart du pouvoir et institue, de fait, la domination d’une élite…
Lisons et partageons ce texte, si nous le pouvons : « A l’ère des nouvelles technologies de l’information et de la communication, la vie démocratique ne peut plus se résumer, sous peine de disparaître, à poser un bulletin de vote dans une urne tous les 5 ou 6 ans. C’est la supériorité du mandat impératif sur le mandat représentatif qui oblige l’élu à rendre compte de son activité devant ses électeurs et à pouvoir, si nécessaire, en être démis s’il ne tient pas les engagements pour lesquels ils lui ont confié leur voix. Le mandat impératif est beaucoup moins confortable que le représentatif et l’on comprend pourquoi, depuis 1791 les Constitutions françaises, à l’exception de celle de 1793 jamais appliquée, ont interdit ce dispositif de contrôle populaire et de révocabilité des élus. Comme on dit, « la soupe est bonne » avec le système représentatif. Il maintient le peuple à l’écart du pouvoir et institue, de fait, la domination d’une élite – les « représentants de la nation » – qui s’arroge seule sans en rendre compte au peuple et sans avoir à s’expliquer de ses choix le privilège de décider de tout pour lui, y compris de la guerre pour des intérêts privés totalement étrangers aux siens ! » (Extrait de Jean-Loup Izambert et Claude Janvier – Le virus et le Président)
En lisant ce texte, il est possible que copier une Constitution d’autrui sans en connaître l’esprit peut être fatal pour le pays copiste.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961