Par Jean-Pierre Mbelu
« L’avenir a un long passé ». Cette phrase du Talmud de Babylone « exprime pourtant une évidence : seule une mé moire claire, instruite de ce qui s’est réellement passé, assure au peuple martyr l’avenir qu’il est en droit d’espérer. » – J. ZIEGLER
Depuis bientôt trois décennies, des livres publiés sur le Kongo-Kinshasa ont un grand succès dans certains milieux kongolais. Mais un succès souvent semblable à un feu de paille. Un succès semblable à celui des »questions dites d »actualité ». Pierre Péan, Charles Onana et Colette Braeckman peuvent être cités parmi les écrivains étrangers dont les livres bénéficient d’une grande audience dans les milieux kongolais. Colette Braeckman un peu moins que les deux autres.
Un auto-dénigrement entretenu
Chaque fois qu’un ami étranger écrit sur le Kongo-Kinshasa, son livre est plébiscité et proposé pour lecture dans les milieux kongolais. Ses mérites sont vantés aux dépens des Kongolais. Ceux-ci sont présentés comme des moins que rien, incapables de s’occuper de leur pays et d’écrire sur ce qui s’y passe. Curieusement, en lisant attentivement les livres des amis étrangers, on se rend compte qu’ils citent leurs sources kongolaises et mentionnent les livres publiés par les Kongolais (dont ils s’inspirent).
Chaque fois qu’un ami étranger écrit sur le Kongo-Kinshasa, son livre est plébiscité et proposé pour lecture dans les milieux kongolais. Ses mérites sont vantés aux dépens des Kongolais. Ceux-ci sont présentés comme des moins que rien, incapables de s’occuper de leur pays et d’écrire sur ce qui s’y passe. Curieusement, en lisant attentivement les livres des amis étrangers, on se rend compte qu’ils citent leurs sources kongolaises et mentionnent les livres publiés par les Kongolais (dont ils s’inspirent).
Il y a comme un auto-dénigrement entretenu dans certains milieux kongolais par des compatriotes ignorant tout du travail d’écriture abattu par les leurs. Cet auto-dénigrement se transforme souvent en autoflagellation des compatriotes estimant que les leurs ne sont capables de rien. Mawa !
Curieusement, en allant sur d’autres médias, il arrive que des compatriotes écrivains soient cités et mis en exergue. Franklin Nyamsi wa Kamerun wa Afrique cite souvent Patrick Mbeko. Dernièrement, sur Afrique Média, une Italienne ayant travaillé avec Boniface Musavuli sur la guerre à l’Est du pays a pu recadrer ce média panafricain sur son narratif au sujet de cette guerre de prédation et de basse intensité.
Une amnésique chronique
Il y a une autre curiosité. Ces livres des amis étrangers sont évoqués sur les réseaux kongolais comme des »questions dites d’actualité ». Il y a quelque semaines, plusieurs compatriotes parlaient de »Holocauste au Congo. L’omerta de la communauté internationale. La France complice ? » de Charles Onana. Ce livre puise dans les archives de l’Occident collectif et est très riche en sources. Il démontre que le complot pour la balkanisation et l’implosion du Kongo, l’extermination des Kongolais et la mainmise sur les richesses du sol et du sous-sol kongolais n’est pas une vue de l’esprit. Des compatriotes affirment l’avoir lu et proposé aux autres comme étant une lecture indispensable. Rappelons que le livre traite d’un »holocauste » au Kongo. Un »holocauste » de tous les Kongolais.
Ou nous lisons et nous sommes amnésiques et/ou complaisants. C’est-à-dire que nous souffrons d’une amnésique chronique et nous ne sommes pas sérieux. Ou nous ne lisons pas et nous faisons semblant. Ou nous lisons réellement et nous nous moquons des enjeux engageant notre responsabilité personnelle et collective.
Et voilà ! Il est curieux que des compatriotes ayant prétendu avoir lu ce livre aient tout de suite oublié que »l’holocauste » concerne tout le Kongo et que l’une des méthodes utilisée par ceux qui l’ont orchestré est la prise en charge des »minorités » contre les majorités. Et voilà que des malins, pantins des globalistes apatrides ayant orchestré cette guerre raciste de prédation et de basse intensité, trouvent parmi les lecteurs de Charles Onana des compatriotes disposés à jouer leur jeu.
Une question : « Lisons-nous réellement les livres que nous mettons en exergue en nous autoflagellant ? » Moi, je commence à douter. Ou nous lisons et nous sommes amnésiques et/ou complaisants. C’est-à-dire que nous souffrons d’une amnésique chronique et nous ne sommes pas sérieux. Ou nous ne lisons pas et nous faisons semblant. Ou nous lisons réellement et nous nous moquons des enjeux engageant notre responsabilité personnelle et collective.
A vrai dire, je suis en train de chercher à comprendre cette capacité qu’ont des compatriotes de vanter les livres des amis étrangers et à faire comme s’ils ignoraient tout de leur contenu. Je ne comprends pas.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961