Par Jean-Pierre Mbelu
Une autre « race » de Congolais serait en train de naître. Etonnant ! Cette « race » ne semble plus croire dans tout ce que »les médias dominants » jadis dénommés « médias internationaux » écrivent.
Elle donne l’impression d’avoir appris comment ils procèdent pour « fabriquer le consentement ». Elle est dubitative au sujet de certaines menaces et sanctions formulées à l’endroit de du régime appauvrissant et mortifère de « la kabilie ». Elle estime que ce sont des « menaces et sanctions » en trompe-l’oeil. Il y a, dans le chef de « cette race », comme une montée d’une conscience citoyenne collective au sujet du « complot de balkanisation et d’implosion » ourdi contre le pays de Lumumba.
La leçon de Frantz Fanon
Cette « race » est habitée par un scepticisme le poussant à ne plus compter que sur elle-même.
Aurait-elle finalement compris et assimilé la leçon de Frantz Fanon quand il écrit : « Notre tort à nous, Africains, est d’avoir oublié que l’ennemi ne recule jamais sincèrement. Il ne comprend jamais. Il capitule, mais ne se convertit pas. Notre tort est d’avoir cru que l’ennemi avait perdu de sa combativité et de sa nocivité » ? L’avenir proche nous le dira !
Ce scepticisme est porté par une certaine relecture attentive de l’histoire du Congo-Kinshasa et de l’Afrique. Il pourrait conduire la »nouvelle race de Congolais » à compter d’abord et avant tout sur eux-mêmes.
Face à certains silences de l’ONU, aurait-elle compris cette autre leçon de Frantz Fanon quand il écrit : « Il n’est pas vrai de dire que l’ONU échoue parce que les causes sont difficiles. En réalité, l’ONU est la carte juridique qu’utilisent les intérêts impérialistes quand la carte de la force brute échoue. Les partages, les commissions mixtes contrôlées, les mises sous tutelle sont des moyens légaux internationaux de torturer, de briser la volonté d’indépendance des peuples, de cultiver l’anarchie, le banditisme et la misère » ? L’avenir proche nous le dira !
En effet, connaître « une guerre raciste et de basse intensité » pendant plus de deux décennies, voir ses terres spoliées et/ou confisquées, ses richesses du sol et du sous-sol pillées, sa matière grise s’exiler, un « non-pays » transformé en « prison à ciel ouvert », dans l’impunité et dans l’indifférence totale, etc. ; tout cela peut rendre sceptique vis-à-vis des « acteurs majeurs » de cette « guerre d’usure ».
Ne pas trahir ce désir de changement
Ce scepticisme est porté par une certaine relecture attentive de l’histoire du Congo-Kinshasa et de l’Afrique. Il pourrait conduire la »nouvelle race de Congolais » à compter d’abord et avant tout sur eux-mêmes : et peut-être aussi sur »les humiliés de l’histoire » ayant accumulé une longue expérience des luttes d’émancipation politique, économique, culturelle et sociale.
Le désir de changement entretenu par les populations congolaises pourrait être trahi (en permanence) si »des collectifs citoyens » ( »tutunga ») interconnectés ne se saisissent pas, ici et maintenant, de cette question épineuse tout en luttant afin que le Congo-Kinshasa devienne d’abord un pays et un véritable Etat.
Les questions posées, dans certains pays du Nord, par »les gilets jaunes » peuvent inspirer des débats sur le devenir des gouvernements représentatifs au cœur de l’Afrique. A mon avis, la crise de la représentativité est mondiale. Elle est (entre autres) au cœur de la crise de légitimité congolaise et du »coup d’ Etat permanent » dont souffre le pays de Lumumba depuis son assassinat.
Le désir de changement entretenu par les populations congolaises pourrait être trahi (en permanence) si »des collectifs citoyens » ( »tutunga ») interconnectés ne se saisissent pas, ici et maintenant, de cette question épineuse tout en luttant afin que le Congo-Kinshasa devienne d’abord un pays et un véritable Etat.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961