Par Jean-Pierre Mbelu
Le désir de changement est tellement fort chez plusieurs compatriotes qu’il semble avoir un côté très dangereux : le refus de penser ce changement en revisitant l’histoire et en se livrant à un minimum d’opération-vérité.
Quand Laurent-Désiré Kabila, accompagné de ses « créateurs africains » et des tireurs de ficelles tapis dans l’ombre, rentre au Congo-Kinshasa en 1997, la foule crie, joyeuse : « Libérés, libérés, libérés, libérés ». A ses yeux, l’AFDL venait « libérer » les Congolais. Plus de deux décennies après, elle se rend compte que cette « libération » n’a pas eu lieu. Le temps de la compréhension a pris son temps. Néanmoins, il ne semble pas avoir transformé les cœurs et les esprits. Certains cœurs et certains esprits.
« Le Congo occupé » est « une prison à ciel ouvert »
« Le Congo occupé » est « une prison à ciel ouvert ». Dans cette « prison » où les règles et les principes élémentaires de la politique sont absents, des compatriotes croient qu’un changement arrive dans quelques jours. Le désir de changement est tellement fort chez eux qu’ils refusent de lire « les signes des temps ». Ils refusent de regarder ce qui se passe au Congo-Kinshasa et à ses alentours. « Les discours réconciliateurs » que « leurs gourous » débitent comme de «bons éléments de langage» se moquent des martyrs de l’histoire congolaise de ces vingt dernières années. Désorientés par un fanatisme hébétant, ils donnent l’impression de ne pas tenir compte du fait qu’une bonne éthique reconstructive est fondée sur la vérité, la justice et la réconciliation.
Dès que les deux premiers termes de cette éthique manquent, la quête de la réconciliation s’affaiblit. « Ils ont des yeux et ne voient pas » ; « ils ont des oreilles et n’entendent pas ». Ils sont sur les réseaux sociaux, lisent ce qui y est écrit et ne questionnent pas certains messages donnés par « les médias dominants ».
« Le Congo occupé » est « une prison à ciel ouvert ». Dans cette « prison » où les règles et les principes élémentaires de la politique sont absents, des compatriotes croient qu’un changement arrive dans quelques jours.
Dieu merci ! Une « autre race de Congolais » est née . Elle dépanne dans la mesure où elle intervient sur les mêmes réseaux sociaux pour lire « les signes des temps » et en en esquisser un certain sens. Dans le cas contraire, la désorientation des foules congolaises serait sans appel.
Discours élogieux, éléments de langage et accès à la mangeoire
Certaines « alliances » en vue et certains « discours élogieux » tenus à l’endroit du « Raïs 100% » finissent par avaliser notre théorie des « copains et des coquins », adeptes du statu quo, se servant des foules fanatisées et appauvries pour avoir accès à « la mangeoire » sans penser à une quelconque alternative. Un « pouvoir-os » entrevu comme accès à « la mangeoire » n’hésite pas à dévorer des membres de ces foules fanatisées et même des compatriotes luttant en conscience pour un Congo plus beau qu’avant.
J’espère que ces foules fanatisées suivent « ces discours élogieux » tenus à l’endroit du « Raïs 100% » et qu’elles se garderont d’aller dans la rue afin de se faire massacrer par ses milices si jamais l’un ou l’autre de « ses copains et coquins » venait à les y inviter pour avoir été écarté de l’accès au « pouvoir-os ». J’espère qu’elles ne s’en prendront pas les unes aux autres après avoir entendu les déclarations de « leurs gourous » garantissant l’impunité du « Raïs 100% » en promettant d’en faire « un sénateur à vie ». Tout cela, quelques années et/ou quelques mois après la publication des rapports Kassem et Mapping, les massacres des adeptes de Bundu dia Kongo et du Pasteur Mukungubila, les fosses communes de Maluku, celles du Kasaï, de Beni, etc.
J’espère que ces foules fanatisées suivent « ces discours élogieux » tenus à l’endroit du « Raïs 100% » et qu’elles se garderont d’aller dans la rue afin de se faire massacrer par ses milices si jamais l’un ou l’autre de « ses copains et coquins » venait à les y inviter pour avoir été écarté de l’accès au « pouvoir-os ».
Bon ! Je prends en compte cette possibilité que « les discours élogieux » susmentionnés soient aussi des « éléments de langage » dictés par « les acteurs pléniers » de la guerre raciste, perpétuelle et de basse intensité menée contre le Congo-Kinshasa. N’empêche qu’ils puissent être incompréhensibles et désorientants pour toutes ces familles des martyrs congolais de « la kabilie » et témoigner que la sortie de notre « non-pays » de l’auberge ne semble pas être pour demain.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961
