Par Jean-Pierre Mbelu
Du Canada, la Société des Juristes Catholiques nous a fait parvenir une lettre d’un avocat, John Philpot, adressée au Ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile. Cette lettre a pour objet »l’interdiction de territoire (de Paul Kagame) pour atteinte aux droits humains ou internationaux et pour grande criminalité ». Cet avocat est canadien. Et deux prêtres canadiens ont été assassinés au Rwanda en 1994 et 1997. Il est, donc, parmi ces Canadiens qui estiment qu’assassiner deux Canadiens, cela mérite d’être traîné devant les Cours et les Tribunaux. Et je commente : »La vie humaine est sacrée. Elle mérite d’être sécurisée et protégée. » Et il y a des lois nationales et internationales protégeant la vie. Les violer mérite d’être traîné en justice.
Une autre Canadienne, Judi Rever, a mené, sur la criminalité de Kagame, une recherche au cours de deux dernières décennies. Je dis bien de deux décennies. Elle vient de publier un livre contribuant à mettre à la disposition des populations et pays victimes de la criminalité de Paul Kagame soutenu par les USA, la Grande-Bretagne et leurs alliés. Elle a fouillé les archives du TPIR, elle a eu des échanges avec les proches du »boucher de Kagali » et de plusieurs avocats ayant participé à l’enquête sur »le génocide rwandais ». Les preuves qu’elle a mises à la disposition de ces populations et de ces pays victime de Kagame peuvent être consultées à tout moment par ceux et celles ayant à cœur de reconstruire une sous-région des Grands-Lacs en paix et en sécurité. Le Blog de Médiapart vient d’aider à avoir les grandes lignes de toute cette démarche.
Kagamé et le règlement de « la crise congolaise »
Quand John Philpot écrit au Ministre, il cite le travail de Judi Rever. Il écrit ceci : »Le livre publié en avril 2018 par une Canadienne, Mme Judi Rever, In Praise of Blood, The Crimes of the Rwandan Patriotic Front. (Random House Canada, 2018) clarifie et explique la nature de la criminalité de M Kagame. Elle décrit sur la base des informations obtenues par les collaborateurs de M Kagame lui-même, comment son parti et son armée ont tenté d’exterminer une partie de la population hutue du Rwanda avant, pendant et après la prise du pouvoir par la force en juillet 1994. »
Il est stupéfiant que des compatriotes soient complaisants à l’endroit de Paul Kagame en le trouvant fréquentable et capable de participer au règlement de »la crise congolaise » après avoir tué des millions de Congolais(es) et avant que justice leur soit rendue. D’où viennent cette légèreté et cette vénalité ? Le goût du lucre, la soumission aux « créateurs de Kagame », la cupidité, le mépris de la vie des Congolais(es), l’appât du « pouvoir-os » ne pourraient peut-être pas suffire comme explication.
Et il ajoute : »M Kagame et son armée ont tué des millions de Congolais depuis l’invasion du Congo/Zaïre en novembre 1996. De plus, M Kagame et des services infiltrent le Burundi pour y commettre des crimes de terrorisme et déstabiliser le gouvernement élu. M Kagame a été impliqué dans la tentative de coup d’État le 13 mai 2015 au Burundi. » La lettre de John Philpot est documentée. Elle est sourcée. Lui et Judi Rever décrient un criminel invité au Canada.
Il est stupéfiant que des compatriotes soient complaisants à l’endroit de Paul Kagame en le trouvant fréquentable et capable de participer au règlement de »la crise congolaise » après avoir tué des millions de Congolais(es) et avant que justice leur soit rendue. D’où viennent cette légèreté et cette vénalité ? Le goût du lucre, la soumission aux « créateurs de Kagame », la cupidité, le mépris de la vie des Congolais(es), l’appât du « pouvoir-os » ne pourraient peut-être pas suffire comme explication.
Il est aussi un fait que »le Tshididi » qu’ils pratiquent comme »politique-des-coups-bas » participe du complot contre les populations congolaises et contre le pays de Lumumba. Ils ne seraient pas disposés à changer de paradigme. Ce faisant, ils amplifieraient la crise de sens et la crise anthropologique dont souffre le Congo-Kinshasa.
Ces compatriotes complaisants à l’endroit de Paul Kagame se moquent de l’histoire de notre pays, de la recherche scientifique et du désir de rebâtir dans la dignité ce grand pays en garantissant sa souveraineté et en le refondant sur des solides bases d’une éthique reconstructive.
La justice avant la paix
Dieu merci ! Des minorités agissantes et organisées veillent ! L’avocat susmentionné représente des Rwandais, des Burundais et des Congolais. Il le note dans sa lettre quand il dit : »Nous représentons le Congrès rwandais du Canada, la Communauté burundaise au Canada, et une organisation congolaise- Agir ensemble pour la Paix. »
Il y a, donc, en dehors de ces compatriotes complaisants, beaucoup d’autres qui pensent que le retour de la paix dans la sous-région des Grands-Lacs passe absolument par la justice. Et que Paul Kagame doit rendre compte de ses crimes de guerre, de ses crimes économiques et de ses crimes contre l’humanité. Ces compatriotes archivent, au quotidien, tout ce qui est publié sur »le boucher de Kigali » et savent qu’il finira par être jugé. Même à titre posthume.
Ce refus de voir et de savoir ce que Paul Kagame a fait et fait encore, cette volonté d’ignorer ses crimes et les tentatives de l’impliquer dans la recherche de solutions à « la crise congolaise » sont des signes trahissant une corruption des cœurs et des esprits déclassifiant ces compatriotes complaisants.
Au sujet des compatriotes complaisants, il faut dire qu’ils refusent de voir tout ce que Paul Kagame fait au Rwanda et en Centrafrique. Il modifie la constitution pour un pouvoir-os à vie. Il emprisonne ses contradicteurs et les candidats à la présidentielle. Il verrouille l’espace public. Il institue au Rwanda un système des mouchards, etc. Et il serait la personne la mieux indiquée pour »aider » les Congolais(es) pendant que »ses casques bleus » tueraient les centrafricains !
Ce refus de voir et de savoir ce que Paul Kagame a fait et fait encore, cette volonté d’ignorer ses crimes et les tentatives de l’impliquer dans la recherche de solutions à « la crise congolaise » sont des signes trahissant une corruption des cœurs et des esprits déclassifiant ces compatriotes complaisants. Si le Congo-Kinshasa était un pays normal, ils seraient poursuivis en justice pour avoir mené des démarches subversives visant à créer une association de malfaiteurs et de criminels.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961