Par Jean-Pierre Mbelu
Au Congo-Kinshasa, le non-accès d’une partie importante des masses populaires à la bonne information et/ou à ce qui est tramé sur son dos, leur prise en otage par un petit groupe de « copains et de coquins », l’entretien de l’amnésie, etc. plongent au quotidien le pays au fond d’un gouffre sans fond. Ces masses populaires sont expressément tenues dans l’obscurité et dans l’obscurantisme afin qu’elles ne puissent pas envisager une proche sortie de l’auberge. (Ce thème est abordé et approfondi dans notre récent livre intitulé « Demain, après Kabila », Paris, Congo Lobi Lelo, 2018).
Il est curieux d’entendre (lundi soir, le 29 juillet 2019), plus ou moins sept (7) mois après « les élections-pièges-à-cons » de décembre 2018, « un copain et coquin » soutenir que « le peuple » a élu un président et accordé « la majorité » aux Fosses Communes au Congo (FCC) aux multiples caisses de résonance (dénommées abusivement « assemblée nationale », « sénat », « assemblées provinciales ») de « la kleptocratie » organisée au cœur de l’Afrique ! Kokamwa ! Bualu bua dikema ! Et il le dit avec « dikamakama » ! La vidéo est là et elle est à archiver.
La quête de la légitimité politique à tout prix
Ce « copain et coquin » voudrait nous convaincre que « le peuple » congolais serait tellement masochiste qu’il puisse, après avoir rejeté « le régime de la kabilie » dans la rue (en organisant des marches et des prières) et au prix du sang (Lire notre livre collectif intitulé « Les congolais rejettent le régime de Kabila », Vevey, Editions Monde Nouveau/Afrique Nouvelle, 2015), aller lui accorder « la majorité » dans les urnes ! C’est du bluff ! Un mensonge cousu de fil blanc !
Vouloir à tout prix donner « une légitimité politique » à une coalition (FCC-CASH) issue d’une mascarade électorale produite par le phagocytage de la politique par l’argent volé au Congo-Kinshasa est un signe qui ne trompe pas. Cela témoigne d’une conscience corrompue « scientifiquement » comme dirait Jean-Marc Kabund.
Et affirmer officiellement que « les consciences corrompues » gérant les institutions vidées de leur contenu au pays de Lumumba depuis plus deux décennies vont bientôt opérer un miracle, après les slogans contre-productifs au sujet de « cinq (5) chantiers » et de « la révolution de la modernité », c’est se moquer des Congolais(es).
Vouloir à tout prix donner « une légitimité politique » à une coalition (FCC-CASH) issue d’une mascarade électorale produite par le phagocytage de la politique par l’argent volé au Congo-Kinshasa est un signe qui ne trompe pas.
Et puis, voilà, des langues se délient de plus en plus et fissurent ce « système pathocratique » de l’intérieur. « Papa Molière » parle publiquement de ce secret de polichinelle et il est sceptique sur tout ce bruit sur les prochaines réalisations de « la social-démocratie » kabundo-mwilanyienne. Il est même prêt à se convertir en « mouchard » afin que les choses commencent à bouger. Il veut, malheureusement, le faire au cœur du même « système psychopathique » en croyant naïvement que cette fois-ci ça va marcher. La vidéo est là et elle est à archiver.
Alternance contre alternative
Il y a aussi ce « Fils Mukoko » dont « les bêtises » ne devraient pas couvrir « la parole vraie » qu’il dit à contretemps et lui valant les menaces d’exclusion du parti auquel il a consacré toute sa jeunesse. Oui, « la part de vérité » de « Fils Mukoko » dit « sa critique radicale » des jouisseurs ayant intégré ce parti comme par effraction. Ils créent des marchés fictifs et s’achètent des lunettes de 2.500 dollars…Il réussit, tant bien que mal, à rompre avec la peur, cette « arme politique » utilisée dans notre pays pour imposer le silence aux « dissidents » et aux autres « hérétiques de la pensée conformiste ». Il fait face aux menaces d’empoisonnement et est prêt à mourir comme son ami Mukendi Rossy.
Partisan, il décrie les dérives de son parti tout en ne remettant pas en profondeur « le système kleptocratique » auquel il participe. Il a une certaine capacité d’autocritique indiquant qu’il peut mieux faire. Il peut aller au delà de « sa critique un peu sélective ». La vidéo est là et elle est à archiver.
L’entêtement de certains responsables de ces partis à organiser l’alternance à la place d’une orientation alternative au « système de la kabilie » est un aveu de leur incapacité à pouvoir rompre avec ce qu’ils nomment souvent « les anti-valeurs ».
Ces deux compatriotes, à travers leurs discours et leurs pratiques, disent combien « le système » auquel leurs partis respectifs participent est foncièrement corrompu et mortifère. L’entêtement de certains responsables de ces partis à organiser l’alternance à la place d’une orientation alternative au « système de la kabilie » est un aveu de leur incapacité à pouvoir rompre avec ce qu’ils nomment souvent « les anti-valeurs ». Cette incapacité peut être lue comme une incapacitation des cœurs et des esprits mangés par l’idolâtrie de l’argent, de grosses bagnoles, de maisons dans « la République de la Gombe », etc.
Ils nous enseignent que le Congo de leurs têtes n’est pas disposé à sortir du néocolonialisme corrupteur des cœurs et des esprits. Ils viennent rejoindre « la kabilie » dans son rôle destructeur du pays de Lumumba en racontant aux masses populaires des mensonges. Pour eux, c’est cela la politique. C’est « le tshididi ».
Pour le contrôle social des politiques par le peuple souverain
Ils sont retors et ont développé l’usage de plusieurs discours contradictoires. Ils les arrangent selon les circonstances. Ils ont un discours quand ils font « l’opposition ». Ils ont un autre quand « ils négocient » à l’insu des masses populaires le partage des strapontins. Ils ont un autre encore quand ils jouent à s’insulter mutuellement pour drainer ces masses populaires en vue de leur accès à la mangeoire au cours des élections-pièges-à-cons. Ils ont un autre enfin quand ils doivent constituer des « coalition des ventriotes ». Les masses populaires utilisées pour remplir les stades et les salles des meetings sont aussitôt abandonnées à leur triste sort « d’indigents » pendant autant d’années que durera le partage du « gâteau » ; avant que « les copains et les coquins » ne rentrent vers elles pour les ameuter en vue d’une autre farce électorale. Ce faisant, ils soutiennent que chercher à avoir accès à la mangeoire, ce n’est pas de l’affairo-apolitisme, c’est pratiquer de « la politique dynamique » dans « notre jeune démocratie ». Eza pasi !
Dans ce contexte, il faut faire très attention à certains discours. Les critiques internes telles qu’entendues de la bouche de « Papa Molière » ou de « Fils Mukoko » peuvent participer, de l’une ou de l’autre façon, d’une stratégie destinée à la consommation des fanatiques de « notre jeune démocratie » ! Cette stratégie participerait de la pérennisation du « système kleptocratique » si elle n’arrive pas à impulser des solidarités participatives et résistantes à même de rompre avec le statu quo et de proposer « la démocratie souveraine » fondée sur « une constituante » reconnaissant au peuple le droit d’élaborer des lois et de veiller leur mise en pratique.
Sans le contrôle social, raconter que la corruption va être combattue, c’est de la distraction. Le contrôle social est différent des arrangements entre « copains et coquins » au sein des caisses de résonance abusivement dénommés « parlements ».
« Le peuple folklorique » évoqué par « les copains et les coquins » pourrait réellement céder sa place au véritable souverain primaire. Le gouvernement faussement représentatif céderait la place à un véritable gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. La Bolivie, le Venezuela et le Cuba ont des leçons à nous apprendre sur tout ça.
Sans le contrôle social, raconter que la corruption va être combattue, c’est de la distraction. Le contrôle social est différent des arrangements entre « copains et coquins » au sein des caisses de résonance abusivement dénommés « parlements ». Le souverain primaire doit être à la fois législateur, contrôleur de la mise en application des lois et électeur. Le confiner dans l’unique rôle d’électeur pour le rouler après dans la farine de la corruption et du mensonge, c’est lui manquer du respect.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961