Par Jean-Pierre Mbelu
Je ne sais plus qui disait que pour éviter de s’empoigner il faut donner aux mots leur sens.
Cette « maxime de sagesse » devrait interpeller plusieurs compatriotes entretenant une terrible confusion entre la démocratie et les valeurs libérales. La démocratie est « le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple ». C’est la souveraineté du peuple dans le gouvernement de la cité.
Les libertés fondamentales, les droits individuels et collectifs font partie des valeurs libérales. Il y a des pays qui, tout en exerçant « un soft totalitarisme », garantissent, tant soit peu, l’exercice des libertés individuelles au dépens des droits collectifs et de la démocratie. Tout comme il y a des « gouvernements populistes » qui, tout en étant porté par « un peuple fanatisé », combattent les libertés individuelles tout en compromettant les droits collectifs sur « le marché non régulé ».
Il y a aussi des pays qui, eu égard à leur histoire et leurs luttes, choisissent « la démocratie souveraine » et/ ou donne du contenu propre à « la démocratie », etc. Il ne suffit pas qu’un pays dise qu’il est démocratique ou libéral pour qu’il le soit réellement. L’examen du mode de fonctionnement de ses institutions et de la place accordée au peuple dans la prise des décisions collectives et le contrôle social est nécessaire.
Hélas ! Là où, comme au Congo-Kinshasa, la crise anthropologique s’accompagne de la crise de sens, l’inversion sémantique ou l’usage abusif des mots jouent un rôle important dans la fanatisation, l’abrutissement, l’abâtardissement et l’assujettissement des masses. Cela permet aux « borgnes » d’être « rois » au royaume des aveugles. Avec applaudissements !
Sur ces questions, le Congo-Kinshasa aurait, me semble-t-il, beaucoup à apprendre…
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961