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Cupidité, mépris des autres et instinct de domination : Pourquoi les congolais doivent rompre avec le système qui régit le Congo

Cupidité, mépris des autres et instinct de domination : Pourquoi les congolais doivent rompre avec le système qui régit le Congo

Cupidité, mépris des autres et instinct de domination : Pourquoi les congolais doivent rompre avec le système qui régit le Congo 1024 578 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu revient sur les fondements géopolitiques, géostratégiques et économiques de la guerre menée contre le Congo, souligne comment Ban Ki-Moon, lors de son séjour à Kinshasa a dévoilé la véritable nature de la guerre menée contre le Congo et encourage les congolais à se regrouper en collectifs citoyens et à se prendre en charge. Il rappelle également pourquoi les USA et les Occidentaux n’ont pas de leçon à donner aux Congolais et pourquoi nous devons rompre avec ce système fondé sur la cupidité, le mépris des autres et l’instinct de domination.

Sur la présence de Ban Ki-Moon au Congo

A partir de quand date cette crise de légitimité au Congo ? Qui l’a provoqué ? Qui l’entretient ? La crise de légitimité ne date pas de la guerre de l’AFDL. La crise de légitimité date de l’assassinat du premier ministre Patrice Emery Lumumba. Qui l’a assassiné et qui a participé à son assassinant ? Quand nous relisons notre histoire, nous savons qui sont les puissances qui y sont impliquées et qui ont entretenu une dictature de plus de 30 ans dans notre pays, et qui, à la fin de cette dictature, ont créé une guerre. Vous ne pouvez pas ne pas impliquer ceux qui ont provoqué la crise de légitimité dans le fameux dialogue et croire qu’en mettant ensemble leurs nègres de service, cette crise de légitimité va être résolue. Il y a là comme un entretien de l’amnésie qui ne permet pas de pouvoir identifier les véritables acteurs de la crise de légitimité politique, économique, culturelle et sociale au Congo-Kinshasa.
Ensuite, l’ONU était au Congo quand cette crise a été créée, qu’a-t-elle fait à ce moment là ? Rien. Que pourra-t-elle faire maintenant ? Rien. Pourquoi ? Sur la question de l’ONU, il y a des textes de Frantz Fanon qui ne sont pas dépassés jusqu’à ce jour. Si vous lisez le discours de Ban Ki-Moon a tenu à Kinshasa, en filigrane, vous verrez que l’une des insistances porte sur l’amélioration du climat des affaires. Donc, tout le bruit, autour du dialogue, de la démocratie et des élections, c’est du bruit inutile. Cela d’autant plus que Ban Ki-Moon est venu chez nous au moment où cette fameuse conférence sur les investissements privés avait lieu à Kinshasa. C’est à dire quoi ? La guerre menée par l’AFDL contre le Congo avait pour buts ultimes de forcer le Congo à s’ouvrir aux entreprises transnationales et multinationales, et de forcer le Congo à partager ses ressources avec les pays voisins. Voilà qu’il y a eu un premier pas qui s’est fait quand cette conférence sur les investissements a été convoquée, mais on couvre cela dans le drap de la démocratie.

Sur le rôle des populations congolaises

De plus en plus d’intellectuels organiques estiment que c’est le peuple de la base qui doit se prendre en charge en organisant des collectifs citoyens. Des petits groupes commencent à émerger. Et ces groupes doivent petit à petit comprendre qu’ils n’ont rien à espérer des nègres de service des multinationales et que ce sont eux qui, à la base, qui doivent former des petits comités d’auto-prise en charge, qu doivent être aussi des lieux de formation et de conscientisation. Parce que sans éducation, sans un peuple éduqué, la démocratie, c’est la tyrannie des imbéciles.
Comme notre peuple est abandonné à son propre sort, c’est à lui qu’il appartient avec ses élites organiques et structurantes, de pouvoir créer à la base des petits collectifs qui auront demain vers d’autres organisations de la base pour leur apprendre comment travailler à l’auto-prise en charge et à l’émancipation politique, mais aussi créer des structures de la démocratie participative qui puissent intégrer l’émancipation culturelle, l’émancipation sociale, l’émancipation politique de toutes les forces de la mort.

Sur les fondements de la guerre au Congo

Que s’est-il passé en Libye ? Nous avons vu une coalition de ceux prétendent être des donneurs de leçon de démocratie qui a décidé de pouvoir étouffer certains projets que Kadhafi avait pour son pays et l’Afrique, en détruisant ce pays afin de pouvoir piller son pétrole.
Que se passe-t-il en Syrie ? Le cas de la Syrie est lié au gaz. Même les médias dominants reviennent dessus. Assad est attaqué, non pas parce qu’il est un dictateur, mais parce qu’il y a un conflit sur la question du gaz entre le Qatar, lié aux Occidentaux, et la Syrie, liée à la Russie et à l’Iran. Il s’agit de problèmes géopolitiques et géostratégiques, mais aussi de problèmes économiques de contrôle des énergies.
Ces sont des guerres programmées depuis longtemps. Et nombre de politiques congolais n’en savent rien. Nous avons tendance à croire que, parce que certaines personnes ont occupé certains postes à responsabilité, ils sont restés sur la bonne information. C’est ainsi qu’on évite de dire la réalité de ce qui se passe en Syrie et en Libye et on invite les congolais à croire que si demain, une guerre éclate, ce sera parce que les congolais auront refusé de pouvoir dialoguer. C’est faux. La guerre qui se perpétue au Congo, est un morceau de la nouvelle guerre froide que les impérialistes sont en train de mener contre la Chine. La Russie et les BRICS. Ils cherchent à occuper tous les pays pouvant fournir des matières premières stratégiques à leurs concurrents. Et parmi ces pays,il y a le Congo. Il faut aller au-delà de ce qui est dit pour analyser les choses en profondeur.

Sur les leçons que veulent donner les occidentaux

Nous lisons mal l’actualité politique. Pourquoi devons-nous croire, que pour que les choses changent chez nous, les pressions doivent venir de l’extérieur ? Qui donne à ceux qui font les pressions de l’extérieur la permission de pouvoir les faire ? Est-ce que les relations internationales sont fondées sur les pressions ou sur l’égalité souveraine, le principe de réciprocité et de non ingérence dans les affaires intérieures ?
Nous sommes des dominés mentalement et culturellement. Vous ne verrez pas les USA envoyer quelqu’un en Chine pour dicter aux chinois ce qu’ils doivent faire. Et pour que la Chine en arrive là, Mao a dû se battre, pour impliquer les chinois pour qu’ils comprennent que l’émancipation politique est d’abord l’affaire du peuple. Au Congo, nous n’en sommes pas encore là.
Les USA sont un pays où les inégalités ont explosé. De quel droit, quelqu’un venant de ce pays, où les inégalités ont explosé et toutes les richesses sont concentrées entre les mains du 1%, peut-il croire qu’il a des leçons à donner aux congolais. Idem pour les européens. Ca ne marche plus en Europe. De plus en plus, les pays occidentaux cherchent à sortir de l’Europe. Et c’est cette Europe là qui a tiré un trait sur la démocratie, qui vit sous le joug des nouveaux cercles de pouvoir des entreprises transnationales et multinationales, qui veut donner des leçons au monde entier.

Sur la nécessité du déformatage

Le fait que beaucoup d’entre nous qui vivent ici et au pays sont occupés à chercher à manger et à boire, et cela de manière permanente, ne leur laisse pas suffisamment de temps pour la réflexion et le déformatage. Quand vous avez été décervelé depuis votre enfance, vous tombez dans la misère intellectuelle et vous ne vous en sortez pas indemne, et il faut du temps pour le déformatage. Voilà pourquoi, au lieu d’accuser ce qui n’ont pas encore compris, nous devons patienter avec eux, pour qu’ensemble nous puissions nous engager dans un processus de déformatage qui va prendre du temps.

Sur l’idolâtrie au Congo

Quand vous vous insérez dans un système fondé sur la cupidité, le mépris des autres et l’instinct de domination, vous vous videz intérieurement, humainement, et vous tombez dans l’idolâtrie. Et les idolâtres sacrifient ceux qu’ils estiment constituer des freins à leur boulimie pour l’avoir et le pouvoir, qui deviennent vos Dieux. Vous pouvez sacrifier votre intelligence, votre humanité, les autres que vous livrez à des bourreaux. Vous ne sortez pas, d’un tel système, indemne.

INGETA.

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