Par Mufoncol Tshiyoyo
Mitterrand disait, et je cite : « Notre erreur était de croire que l’on pouvait reconstruire une maison quand elle brûle ». Oui, le Congo est en feu et en flammes. Même si vous, vous ne voulez pas le reconnaître.
Des photos et des vidéos de villes européennes mortes, abandonnées ou complètement vides ressemblent, à y regarder de près, à l’état de villes en guerre. On a l’impression qu’aucune vie n’y souffle. Car des places jadis bondées se transforment en des endroits fantômes et, de ce fait, méconnaissables aux habitués.
La fin de la domination occidentale…
Pendant ce temps, les masses, gagnées par la panique et la peur, fuient les agglomérations urbaines, en laissant derrière tout ce qui était culturellement synonyme de bonheur et de réussite tant vantés. Et c’est ici que je découvre, non sans étonnement, que l’Européen pouvait aussi avoir la peur au ventre. La grande majorité se soumet sans rouspéter aux mesures de confinement, qui sont un peu prises à la hâte, d’autres diraient arbitrairement par des régimes réputés jusque-là démocratiques. Or, malgré toutes les dispositions adoptées, quelques observateurs de l’histoire occidentale déclarent « qu’à ce jour, aucune maladie n’a été vaincue par des mesures de quarantaine. Celles-ci peuvent permettre de gagner du temps, pas de vaincre » (Thierry Meyssan). Première question : Où sont passées la raison, la liberté et la séparation des pouvoirs, notion essentielle de la démocratie, reprise par le libéralisme et chère à Montesquieu ?
Pourquoi se montre-t-on incapable au Congo de mobiliser la nation, de rassembler des filles et des fils du Congo, du nord, du sud, du centre, de l’est et de l’ouest autour des idéaux graves, afin de barrer une fois pour toutes la voie à l’hégémonie anglo-saxonne au Congo par les Tutsis interposés ? N’est-ce pas que c’est le moment que saisissent des Grands hommes pour naître et afficher leurs ambitions ?
De toute façon, ce qui se déroule aujourd’hui dans le monde, parfois sous nos regards un peu inquisiteurs, sonne comme la fin d’une ère, celle de la domination de l’Occident sur l’univers, qui a longtemps été soumis à son autorité. Même si Jacques Attali, longtemps considéré le chantre du libéralisme en Europe, semble ne pas l’entendre de cette oreille. Dans un article récemment publié, que beaucoup ont applaudi pour des raisons qui leur sont propres, il évalue l’après coronavirus. Mais ce qu’il ne semble pas dire, en parlant du monde de l’après Coronavirus, c’est qu’il y a eu un avant, sinon comment le monde saisira les conséquences de l’après coronavirus si de l’avant, on en fait peu de cas. Le monde de l’avant, ce fut le règne du libéralisme après l’échec tant parlé du socialisme. Cependant, la différence entre la fin du socialisme et celle du libéralisme réside dans le fait que la première n’a pas entraîné avec elle tant de morts comme c’est le cas actuellement avec la fin du libéralisme.
La fin du socialisme a été célébrée avec pompe dans le monde occidental. Fukuyama a même eu l’occasion d’annoncer la fin de l’homme, pour ne pas dire de l’histoire. Aujourd’hui, les Attali et les autres Fukuyama se taisent et tout en présentant, sans faire allusion au déclin du libéralisme, un avenir différent du présent. La question, c’est de quel présent dont il s’agit ? La fin du libéralisme, du moins tel qu’il a été connu et enseigné jusque-là coïncide, malheureusement ou heureusement, c’est le selon le cas, avec la montée en puissance des populations « jaunes » : les Asiatiques dont le « soft power » (Joseph Nye) se répand rapidement à travers le monde. C’est l’image de médecins chinois, à la demande de l’Italie, atterrissant dans ce pays, bastion de la civilisation occidentale avec Rome et César.
Le constat est remarquable. Hier, ce furent pourtant des médecins français, allemands, américains, norvégiens, britanniques, allemands et autres qui se précipitaient aux cheveux de malades. Aujourd’hui, voir des Chinois atterrir en Italie et à la demande de l’Italie, un appel qui a provoqué la colère de pays têtes d’affiche de l’Occident, tels que la France, l’Allemagne et les USA, on se dit que ce monde n’est plus les mêmes. Je ne voudrais pas parler de finance pour ne trop charger mon texte. J’en reviendrai une autre fois. Outre la Chine, il y a l’expression presque magique du soft power cubain. Malgré des sanctions économiques infligées par des pays donneurs de leçon à Cuba, ce dernier se rend en Italie la tête haute, et ce, après avoir porté secours aux Chinois.
Quel rêve formulons-nous pour le Congo ?
Qui dira qu’il n’avait vu rien arriver ? Et contre toute attente, l’Occident, qui ne s’avoue pas vaincu, empêche que l’aide chinoise destinée à l’Italie y arrive. Est-ce qu’il s’agit du cynisme d’une civilisation qui massacre ses propres enfants. L’Europe qui a eu à fabriquer Hitler bouffe à son tour ses citoyens. L’Occident laisse mourir des populations italiennes et « blanches » sans leur apporter son secours. Le cynisme serait-il un élément composite de sa nature ? On peut comprendre pourquoi les morts du Congo n’ont jamais produit aucun effet ni pitié.
En ce moment où la raison a pris congé, les peuples qui n’auront pas pris conscience d’exister disparaîtront. Malheureusement, Coronavirus trouve le Congo dans un état lamentable, presque en morceaux, et sans boussole, sans direction, un Congo placé par les élites anglo-saxonnes sous l’autorité du mercenariat tutsi du Rwanda. Ailleurs, on agirait sous le prétexte du Coronavirus soit pour attaquer le Rwanda soit pour se libérer de son emprise car tout le monde semble être occupé. Pourquoi se montre-t-on incapable au Congo de mobiliser la nation, de rassembler des filles et des fils du Congo, du nord, du sud, du centre, de l’est et de l’ouest autour des idéaux graves, afin de barrer une fois pour toutes la voie à l’hégémonie anglo-saxonne au Congo par les Tutsis interposés ? N’est-ce pas que c’est le moment que saisissent des Grands hommes pour naître et afficher leurs ambitions ?
L’Occident laisse mourir des populations italiennes et « blanches » sans leur apporter son secours. Le cynisme serait-il un élément composite de sa nature ? On peut comprendre pourquoi les morts du Congo n’ont jamais produit aucun effet ni pitié. En ce moment où la raison a pris congé, les peuples qui n’auront pas pris conscience d’exister disparaîtront. Malheureusement, Coronavirus trouve le Congo dans un état lamentable…
Pour ce faire, Il n’existe qu’une seule voie possible, accepter de mourir pour le Congo et montrer le chemin à suivre. Qu’est-ce que l’histoire nous enseigne ? Le constat est que devant la menace du Coronavirus, aucun pays n’achète de bus pour ses citadins, aucun ne construit des routes, aucun ne laisse ses frontières ouvertes. L’Occident ferme ses frontières et renvoie les autres chez eux. Chez nous, ils sont plus démocrates que les démocrates, ils sont plus pacifistes que les pacifistes. Or, Mitterrand disait, et je cite : « Notre erreur était de croire que l’on pouvait reconstruire une maison quand elle brûle ». Oui, le Congo est en feu et en flammes. Même si vous, vous ne voulez pas le reconnaître.
Quant à ce qui nous concerne, nous plaçons encore foi en notre jeunesse. Nous l’invitons au dépassement et au courage pour ce que demain réserve au Congo. La France avait déjà le Rwanda et le Burundi. Le Rwanda, c’est le quartier général des élites anglo-saxonnes. Au Burundi, les Chinois y sont. La France a aussi perdu la Centrafrique. Les Russes y sont. L’Allemagne tente d’arracher le Togo à la France. Plus rien ne sera comme avant en Afrique. Tout change. Quel rêve formulons-nous pour le Congo ? Oui, des traîtres existent depuis la nuit des temps. Ils seront toujours là, tant que l’adversaire qui nous impose son adversité ne changera de nature, ne sera vaincu. Cabral critiquait avant sa mort le cancer de la trahison. C’est la trahison qui l’emporta. Et de la trahison, Fanon nous en avait avertis : « Notre tort est d’avoir été légèrement confus dans nos démarches. Il est de fait qu’en Afrique, aujourd’hui, les traîtres existent… Des Africains ont cautionné la politique impérialiste au Congo, ont servi d’intermédiaires, ont cautionné les activités et les singuliers silences de l’ONU au Congo » (Fanon, La mort de Lumumba : pouvions-nous faire autrement ?). La question, ce n’est jamais la fin de la trahison, des traîtres qui existeront toujours, et je me répète, mais c’est plutôt ce que nous en faisons, ce que nous sommes capables d’en faire qui importe plus.
Likambo oyo eza likambo ya mabele…
Mufoncol Tshiyoyo, MT,
Un esprit et un homme libre, un dissident