Par Lomomba Emongo, écrivain et professeur de philosophie.
Ce 4 janvier 2012, jour de commémoration des Martyrs de l’indépendance au Congo- Kinshasa est avant tout le jour commémoratif des émeutes du 4 janvier 1959 à Léopoldville de l’époque. Décisives, ces émeutes le furent en accélérant la marche du Congo- Kinshasa vers l’indépendance. En effet, le 13 janvier suivant, l’État belge décidait par la bouche de son roi de « conduire les populations congolaises à l’indépendance dans la prospérité et la paix ». À côté des déclarations officielles néanmoins, le même État belge mettait en branle l’infernale machine du néocolonialisme pour, plutôt, conduire le Congo vers une indépendance en trompe-l’oeil, quitte à éliminer quiconque s’opposerait à « la solution néocolonialiste ». Avant d’en faire les frais, Lumumba a résumé on ne peut plus clairement ce néocolonialisme :
« L’indépendance politique qu’on nous a donnée de la main gauche, on veut la retirer de la main droite par la domination économique ».
Qu’est-ce qui a changé 52 ans après ?
À Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, le jour s’est levé aujourd’hui sur une ville à première vue revenue à la normale après des semaines d’agitation. À y regarder de plus près toutefois, on réalise vite qu’il n’en est rien. L’épreuve de force n’a peut-être plus les mêmes acteurs qu’en 1959, mais elle oppose fondamentalement les mêmes camps qu’alors : le peuple congolais et les puissances néocolonialistes ou, si on préfère, les forces révolutionnaires nouveau genre du changement véritable et les forces autrement puissantes du statu quo néocolonialiste.
Comment sortir de l’impasse, se demanderait un néocolonialiste ? Je me demande pour ma part comment, riche des leçons de l’histoire, le peuple congolais pourrait-il vaincre en 2012 en affirmant son indépendance véritable ?
Ci-dessous, je me propose de situer la lutte en campant dans leur exacte portée les camps antagonistes, avant de proposer au peuple congolais des actions qui à amplifier qui à initier dans sa lutte à armes inégales depuis un demi-siècle sinon davantage.
Peuple congolais contre néocolonialisme
Parler du peuple congolais en lutte suppose qu’on sait ce que c’est que le peuple congolais.
Quatre éléments de réponse me viennent à l’esprit.
Le peuple congolais,
(a) ce sont les populations congolaises dans leur diversité culturelle, revêtues de la citoyenneté congolaise de naissance et vivant actuellement sur le territoire national du Congo-Kinshasa suivant ses frontières datant de 1885 ;
(b) c’est aussi la diaspora congolaise répandue à travers le monde, du Brésil en Ukraine et de Nouvelle-Zélande au Canada, tous enfants du Congo, parents et descendants confondus, et tous profondément congolais dans l’âme ;
(c) ce sont mêmement tous ceux à qui la République démocratique du Congo a reconnu la nationalité congolaise depuis l’accession du pays à l’indépendance et qui ont continué de la mériter, notamment en ne se rendant pas coupable de crime de haute trahison contre leur pays d’adoption ;
(d) c’est en un mot l’ensemble de personnes formant la nation congolaise par reconnaissance de leur appartenance naturelle ou par naturalisation au Congo ainsi que par la reconnaissance et la soumission aux lois légitimes du pays.
Ce peuple s’est donné un projet de société dans sa constitution et dans ses lois en vigueur. Il mandaté des hommes et des femmes à la tête des institutions incarnant ce projet de société et appelés à traduire en actes ce projet de société. C’est ainsi qu’il s’est doté d’un président de la république suite au scrutin du 28 novembre 2011, en la personne d’É. Tshisekedi.
Cette dernière élection s’inscrit dans le cadre de l’alternance politique classique en démocratie, étant donné la gestion catastrophique de J. Kabila aux affaires depuis 11 ans. En effet et n’en déplaise à ceux qui voient l’avenir du Congo dans la réfection de quelques tronçons de route dont, du reste, personne ne connaît ni les coûts réels ni les conditions d’appel d’offre dans l’attribution des contrats publiques, le Congo-Kinshasa sous J. Kabila a touché le plancher du pire pays en matière de développement humain.
Et c’est là le problème. Aux yeux de certains, le peuple congolais a commis la faute d’exercer son droit d’élire le candidat de son choix à la présidence de la république. Car comme je l’ai écrit il y a peu, au Congo-Kinshasa « il ne s’agit pas de deux hommes qui se disputent le pouvoir qu’ils pourraient se partager dans le cadre d’une énième transition (…); il s’agit plutôt du peuple congolais, souverain primaire et détenteur du pouvoir absolu, qui se bat à armes inégales contre un usurpateur pour faire valoir son droit de choisir librement ses dirigeants ».
En effet, derrière J. Kabila et É. Tshisekedi il faut voir un usurpateur répondant à merveille aux critères de sélection des complicités par le système néocolonial et un président de la république régulièrement et majoritairement élu par son peuple. Pour ne rien dire de ce qu’au Congo de 2012, la communauté internationale s’évertue à jouer le même rôle que la Belgique en 1959 contre l’indépendance véritable du Congo. Comment dès lors ne pas voir dans les combats héroïques des manifestants réprimés dans le sang au Congo même ou peu ou prou écoutés dans leur pays d’adoption à l’extérieur du Congo, le même combat des émeutiers congolais du 4 janvier 1959 ?
Du coup, aujourd’hui comme jadis, le Congo est mis en demeure de vaincre ou de replonger dans la nuit et l’esclavage du néocolonialisme. Il est mis en demeure d’imposer sa volonté et de forger enfin son propre destin ou de livrer son destin à la volonté de tout autre que lui. Aussi brutal que cela puisse paraître, l’équation est on ne peut plus cruelle : la seule hypothèse du maintien de Kabila au pouvoir constitue un renoncement même virtuel de la souveraineté du peuple congolais ; de même que l’hypothèse de l’arrivée au pouvoir de Tshisekedi par la volonté populaire représente un renoncement à tout le moins partiel de la domination néocolonialiste de l’Occident sur le Congo et, par extension, sur l’Afrique sub-saharienne.
Du point de vue de l’indépendance véritable de ce pays, la donne est hautement révolutionnaire. Dans cette conjoncture, le changement que devait incarner l’alternance politique à la tête du pays s’avère désormais une vraie révolution. En attendant d’étudier plus à fond ce phénomène, je n’hésite pas à affirmer une fois encore (je l’ai déjà dit et répété ailleurs qu’ici) le caractère nouveau genre de la révolution congolaise en cours.
Témoins :
(a) sans armes et sans vandalisme, elle ne se sera pas privé d’épuiser les moyens légaux à sa disposition et, ainsi, confondre les ennemis intérieurs et extérieurs du peuple ;
(b) elle ne laisse indifférent ni le Congolais de la diaspora ni celui de l’intérieur du pays, toutes classes sociales confondues dans la même lutte pour le changement véritable ;
(c) elle répond avec une efficacité inattendue, en dépit de la disproportion des moyens comparativement à ses ennemis, à tous les fronts de la lutte, tant par la pression de la rue que via des réflexions de fond en passant par la sensibilisation des opinions internationales, voire la saisie de la Cour pénale internationale…
En somme, J. Kabila et son camp ont à ce jour clairement affiché leur allégeance à l’ennemi néocolonialiste du peuple congolais. En ce 4 janvier 2012, je me dois de rappeler deux choses relatives à la lutte héroïque du peuple du Congo-Kinshasa : non seulement ce qui s’y passe fait du Congo plus que jamais la gâchette sensible du revolver Afrique de Frantz Fanon, mais aussi et pour paraphraser en l’inversant Lumumba ce qui se passe au Congo est un test pour toute l’Afrique sous domination néocolonialiste, à tel point que si la révolution congolaise réussit, c’est toute l’Afrique dominée qui pourrait basculer demain dans le matin de l’indépendance véritable.
Le néocolonialisme détient une certaine légitimité, mais du seul point de vue de l’Occident dans l’espèce congolaise. En effet, l’actuelle puissance de l’Occident est historiquement liée entre autres à la domination qu’il exerce sur une bonne partie du monde, l’Afrique ici concernée en premier lieu. Pour l’Occident donc, il est plutôt légitime de vouloir conserver les avantages de sa position du moment. Cette légitimité perd de sa substance à partir du moment où, conformément au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le peuple congolais en l’occurrence décide enfin de mettre fin à la sujétion néocolonialiste.
Toutes proportions gardées, c’est ce qui s’est produit avec la Chine qui, malgré les nombreuses et répétées allégations de non-respect des droits de l’homme, est devenue le chouchou économique (et financier) des plus puissantes des puissances occidentales.
S’indigner de l’exemple chinois, et il le faut bien, légitime d’autant plus le combat du peuple congolais. Dans le cas du Congo en effet, c’est l’Occident (autre nom de la communauté internationale) qui bafoue et viole les droits de l’homme à travers le régime Kabila qu’il soutient contre tout bon sens. Dans le cas du Congo, son peuple ne demande qu’à jouir de son indépendance véritable, qu’à traiter d’égal à égal avec ses partenaires économiques, qu’à défendre ses intérêts sur la scène internationale, tout cela à travers des manifestations pacifiques et au nom de son droit de souverain primaire de se donner les dirigeants qu’il veut.
Quelle est la réponse de l’Occident et/ou communauté internationale au peuple du Congo?
Statu quo néocolonialiste à travers son refus tacite de reconnaître le choix clair du peuple congolais. Statu quo qui implique de
(a) ne pas créer de précédent fâcheux en Afrique sub-saharienne en termes d’indépendance véritable des pays de la région ;
(b) ne pas avoir à renégocier d’égal à égal et de peuple souverain à peuple souverain, donc forcément au rabais ses immenses intérêts économiques au Congo dans le cas d’espèce, après plus d’un siècle de jouissance en toute liberté via le contrôle des hommes de paille à la tête du pays.
Je ne le dirai jamais assez : c’est au nom de cette logique capitaliste, aussi implacable qu’à certains égards inhumaine et, de toute façon, totalement contradictoire en regard des principes généreux de la déclaration universelle des droits de l’homme, que les États et les multinationales occidentaux incarnent aujourd’hui l’ennemi numéro un du peuple congolais en lutte pour son indépendance véritable.
Et c’est dans le cadre de cette même logique de la prédation économique du Congo que J. Kabila représente pour eux le terrain connu comparativement à É. Tshisekedi. Je m’explique :
1. En ce qui concerne É. Tshisekedi, il est sûrement jugé trop imprévisible. Imprévisibilité n’est ici qu’une autre manière de dire que sa candidature comme allié objectif dans la prédation économique de son propre pays est des moins sûres. Lui est-il reproché, entre autres,
(a) de parler franc ou, si on préfère, le langage du peuple paupérisé à l’extrême, alors que l’Occident n’a « de sympathies que pour des dirigeants africains qui sont à leur remorque et qui trompent leur peuple » comme le dit Lumumba ;
(b) de profiter de l’alternance politique pour introduire décisivement le peuple du Congo dans la voie de son indépendance véritable, surtout s’il reste fidèle à des slogans comme : « Le peuple d’abord » ; (c) de faire de son accession au pouvoir le haut lieu de l’exercice démocratique qui viendrait consolider la marche du peuple congolais vers des échéances émancipatoires qu’il serait par trop onéreux à récupérer par la suite.
J’allègue plutôt que je n’analyse, c’est vrai. Il n’empêche que le problème de l’Occident (États et multinationales) avec Étienne Tshisekedi après le scrutin du 28 novembre 2011 c’est aussi d’en faire paradoxalement, mais chaque jour qui passe et avant même son entrée en fonction, le héros de la lutte démocratique et pacifique pour l’indépendance véritable du Congo. Un paradoxe certes, mais aussi un pari autrement risqué étant donné le degré de conscience politique qu’a le Congolais aujourd’hui des enjeux économiques que représente son pays sur la scène internationale. Voici que de se battre à coups de manifestations pacifiques, sans armes et sans vandalisme au Congo même, enlève à l’Occident (les États plus que les multinationales) le prétexte de donner carte blanche à Kabila de massacrer au nom soi-disant de la restauration de l’ordre publique. Voici qu’en plus, l’imprévisible É. Tshisekedi adopte de plus en plus un langage et un comportement de chef de l’État et parvient ainsi à déjouer les pièges qui lui sont tendus. À titre d’exemple, la Belgique l’a, par la bouche de son ambassadeur à Kinshasa, accusé indirectement d’être responsable du début d’émeute survenue à Bruxelles le 7 décembre dernier. Dira le précité : « … Nous avons demandé très clairement qu’il [Tshisekedi] fasse appel à ses adhérents pour que toute forme de violence cesse à l’étranger » (voir congomikili.org du 8 décembre 2011). Tshisekedi échappera au piège d’autant plus qu’on attendra en vain son mot d’ordre à la population de descendre dans la rue ; mieux, plutôt que de les télécommander, il s’abritera désormais derrière les manifestations du peuple pour justifier si besoin était sa légitimité de président élu.
Je sais qu’on me trouvera dur avec l’Occident. Peut-être même lui ai-je intenté un procès d’intentions ici ou là. Mais au lieu de m’en excuser, je le mets, lui, au défi de me démentir par les faits en reconnaissant immédiatement et inconditionnellement la vérité des urnes au scrutin du 28 novembre dernier, sinon pour les beaux yeux du peuple congolais, du moins au nom de cette démocratie dont il s’enorgueillit tant et qu’il prétend enseigner au reste du monde.
2. Quant à J. Kabila, voilà au contraire un terrain bien connu, voilà un candidat classique au maintien du statu quo néocolonialiste. En effet, la connaissance minimale de l’individu et de sa situation actuelle plus que précaire le rend plus qu’attrayant comme complice attitré dans la poursuite de la prédation économique du Congo.
M’y confortent les éléments d’analyse que voici :
(a) sa nationalité congolaise toujours litigeuse aux yeux même de ceux qu’il prétend être ses frères de sang, en l’occurrence les enfants biologiques et persécutés par lui de L.D. Kabila que certains affirment par ailleurs avoir été assassiné par ses soins ;
(b) son incompétence notoire pour diriger un pays au XXIe siècle, en dehors de la corruption active des thuriféraires sans honneur et sans principe et du recours intempestif à l’assassinat politique ;
(c) ses compromissions financières au Congo même (détournement des deniers publics via des contrats léonins notamment avec la Chine) et à l’étranger (blanchiment d’argent notamment dans l’affaire Riichto Ohashi du mouvement Kashin), compromissions dont témoigne l’origine plus que suspecte de son fulgurant enrichissement personnel ;
(c) sa notoirement frauduleuse réélection à la présidence de la république au scrutin du 28 novembre 2011 ;
(d) son implication directe dans de nombreux crimes commis à l’est du Congo (il a été formellement désigné comme le commanditaire des crimes commis en Ituri dans le dossier CPI de Germain Katanga et dans l’interview fracassante du colonel Richard Beiza), dont certains ont été qualifiés par le rapport du Projet Mapping (octobre 2010) de « crimes contre l’humanité, crimes de guerre, voire crimes de génocide » ;
(e) son implication indubitable dans les massacres des populations civiles manifestant pacifiquement (sans armes et sans vandalisme), lesquels massacres se sont accrus depuis ces deux derniers mois (on parle même de charniers à Kimwenza) ;
(f) sa plus que probable assignation en justice près la Cour pénale internationale de La Haye à tout le moins au chefs d’accusation de crime contre l’humanité…
Or, l’Occident n’aime pas seulement les dirigeants africains qui trompent leur peuple, il adore également ceux d’entre eux qui n’ont pas froid aux yeux et qui sont manipulables à souhait. Dans le cas de J. Kabila, sa faiblesse manifeste rend la tâche d’autant plus facile de le coopter comme fossoyeur du Congo. Il n’est que de considérer sa situation : filiation douteuse avec L. D. Kabila, usurpation probable de la nationalité congolaise, vil dirigeant et vénal compère qu’achèterait n’importe quel marchant de tapis pourvu qu’il soit le plus offrant, véritable gibier de potence tant au Congo qu’à l’étranger, mégalomane sans aucune légitimité électorale à la tête de l’État, etc. Qui dit mieux ?
Pour ne plus me répéter, il est clair que le combat du peuple congolais au sujet des résultats de l’élection du 28 novembre 1959 est le même combat du même peuple contre le néocolonialisme, par-delà l’indépendance échue le 30 juin 1960. Derrière J. Kabila, c’est à l’Occident, donc à la communauté internationale bien comprise, que le peuple congolais a à faire. Quelles actions prendre face à cela ?
Si j’étais le peuple congolais
Au plan liminaire, je prendrais acte, si j’étais le peuple congolais, du point tournant de ma lutte : au 4 janvier 2012, la lutte est entrée dans sa phase de non-retour. En effet, je connais mes ennemis mieux qu’auparavant, ceux intérieurs et ceux extérieurs, et je connais leurs intentions, pourquoi ils me refusent ma victoire démocratiquement acquise, pourquoi ils s’opposent par tous les moyens à ma lutte pacifique, pourquoi la communauté internationale via la MONUSCO laisse faire et assiste aux premières loges au massacre de mes filles et de mes fils. Par-dessus tout, je sais que mon destin est plus que jamais entre mes seules mains, et que les autres, ceux qui me combattent aujourd’hui y compris, adhéreront à mes vues seulement et seulement si je tiens bon à défaut de l’emporter sur toute la ligne. Enfin, je sais que mon destin, c’est la reconquête de mon indépendance véritable, à commencer par la reconquête de mon droit d’élire É. Tshisekedi à la tête du pays pour un mandat de cinq ans, conformément au projet de société que je me suis donné dans la constitution et conformément au verdict des urnes au 28 novembre dernier.
Ensuite, si j’étais le peuple congolais, je me rappellerais des leçons de l’histoire et j’agirais en conséquence dans la présente phase de la lutte pour mon indépendance véritable. Je coordonnerais mes efforts aux deux plans, national et international, en même temps que je tiendrais compte de deux niveaux d’histoire et d’action.
Au plan national :
1. Je me rappellerais
(a) que le 28 novembre 2011, j’ai majoritairement élu É. Tshisekedi président de la république, et pas J. Kabila, mieux que mon choix n’est ni discutable ni négociable ;
(b) qu’au Congo-Kinshasa, « les présidents de la république ne quittent le pouvoir que chassés de force ou assassinés – à moins de subir l’un puis l’autre sort » (Lomomba Emongo).
2. Partant, je modifierais ma stratégie d’action, toujours en maintenant la pression de la rue et toujours sans recourir aux armes en me mettant individuellement ou en tant que groupe à la disposition de mon président de la république.
Comment cela? Réponse :
(a) en désobéissant systématiquement à tout ordre hiérarchique ne venant pas directement de l’autorité légitime, par exemple en refusant de me rendre au travail ou en sabotant le travail si j’y suis forcé ou bien encore en trans férant toute information d’importance à l’autorité représentant mon président élu ;
(b) en participant à toute autre action pacifique susceptible de déstabiliser l’usurpateur Kabila et ses supporters, par exemple en attaquant leur moralité de toute façon douteuse en regard de la gestion du pays ce, dans le but d’entamer leur crédibilité…
Au plan international :
1. Je me rappellerais
(a) que si la communauté internationale a émis des critiques sur la crédibilité de l’élection du 28 novembre dernier et si elle a globalement boudé la prestation de serment de J. Kabila, elle n’a pas non plus reconnu formellement l’élection de mon candidat, É. Tshisekedi ;
(b) que la communauté internationale n’a pas à se substituer à moi pour me libérer de la sujétion néocolonialiste, d’autant moins que, toutes choses restants égales par ailleurs, elle est la tête qui commande le système néocolonialiste dans mon pays.
2. Partant, j’ajusterais mon action en recourant à son propre langage et à ses outils pour, à la fois, discréditer mes ennemis et faire valoir mes droits, à commencer par le droit d’élire mes dirigeants. C’est ainsi que, (a) tout en maintenant la pression de la rue, je constituerais des dossiers solides et porterais plainte près la Cour pénale internationale contre les J. Kabila et affidés ; µ
(b) je multiplierais et coordonnerais à l’échelle planétaire mes interventions auprès des gouvernants étrangers et des instances financières et politiques internationales pour expliquer et encore expliquer la situation de mon pays ;
(c) j’inviterais tous mes enfants capables d’analyse lucide sur cette situation de prendre leur plume et d’écrire, d’investir les stations de radio et de télévision partout où ils se trouvent pour sensibiliser les opinions publiques étrangères à mon droit de disposer de moi-même…
*
Ce 4 janvier 2012, l’espoir est plus que jamais permis au Congo-Kinshasa. L’analyse même dont je me réclame dans l’étude qui s’achève doit de le proclamer haut et fort. Les faits y confortent : J. Kabila et la communauté internationale (États et multinationales) jouent la montre et espèrent voir retomber la combativité du peuple congolais qui les a surpris. En effet, puisque la corruption et la répression ne suffisent plus, il leur reste à gagner du temps en se faisant la main de temps en temps par l’une ou l’autre expédition punitive sur les manifestants impénitents. Quant à J. Kabila, je ne nourris aucun espoir de le voir comprendre enfin le sens de l’histoire et de quitter le pouvoir ; il sait pertinemment que plus il s’entête plus il aggrave son cas. Tout comme il sait bien minces ses chances de jouir en paix de ses milliards de dollars américains accumulés en seulement une décennie de prédation économique du Congo, sans que la justice congolaise ou internationale ne lui tombe dessus. Seul l’Occident peut encore avoir beau jeu, lorsqu’il lâchera tôt ou tard Kabila et ses affidés dans le but de se faire une nouvelle virginité politique au Congo.
Il me reste à espérer que le peuple congolais ne perdra plus jamais la flamme allumée dans son coeur par le sang de ses martyrs de la liberté. J’espère qu’il n’aura de cesse de se battre avec les moyens qui sont les siens jusqu’à la victoire finale, dont le prélude est l’installation d’Étienne Tshisekedi dans ses fonctions. J’espère enfin que ceux des Congolaisqui soutiennent J. Kabila contre la vérité des urnes et le sens de l’histoire réaliserontà temps le bien-fondé de l’alternance politique et l’espoir que représentel’exercicesain de la démocratie au Congo. Je ne leur demande pas d’aimer Tshisekedi, mais seulementde le reconnaître comme le président de tous les Congolais jusqu’aux prochaineséchéances électorales. Je leur demande en fait de se donner une chance de vivre dans un pays où l’on n’est pas arrêté ou enlevé pour cause d’opinion contrariante.
Si donc j’étais le peuple congolais, je n’attendrais plus pour accélérer les choses dès les premières semaines de ce mois glorieux de janvier qui me rappelle les combats héroïques d’un autre temps.
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Par Lomomba Emongo,
Ecrivain et professeur de philosophie.
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