Dans le cadre de la conférence « Comment résister aujourd’hui et réinventer demain ? » du 1er octobre 2016 à Lille, en France, Koronko-Mayamba Boula, secrétaire national du parti socialiste progressiste de la RD Congo (PSP), a apporté un éclairage utile et pertinent sur les enjeux de la refondation de l’élite et de la classe politique congolaise mais aussi sur la mise en place d’un parlement citoyen. Ci-dessous une version légèrement éditée de sa contribution.
« Comment refonder l’élite et la classe politique congolaise ?». Pour moi, la conjonction ET semble importante, parce qu’elle ne les confond pas mais en même temps les rassemble.
Non, l’élite congolaise n’est pas seulement dans le milieu politique
Non, l’élite congolaise n’est pas seulement dans le milieu politique ; on la retrouve aussi dans le corps enseignant, dans l’Armée et la Police (Officiers supérieurs), dans le monde économico-financier (nos fameux PDG et toute sa déclinaison) dans le milieu socio- culturel (nos musiciens, par exemple), et aussi dans la hiérarchie des églises.
Quant à notre classe politique qui confond le commerce (les affaires, le business) et le Service à rendre au peuple, elle se caractérise par la multiplication de partis qui ne sont rien d’autre que des Petites et Moyennes Entreprises (P.M.E.) qui doivent être rentables à leurs initiateurs. Parfois composé de quatre voire même de deux individus, sans conviction ni idéal politique, ces P.M.E s’allient facilement au parti du « Prince » pour en tirer aussitôt des largesses et privilèges. Cela s’observe dans leur création et leur fonctionnement et leur comportement : Ce sont des « Président Fondateur…à vie ».
Qu’il s’agisse de l’élite ou de la classe politique, elles ont un dénominateur commun. Elles et nous, tous et toutes, nous sommes rongés par ce que j’appelle NOS PRINCIPALES FAIBLESSES que nos ennemis de l’extérieur comme de l’intérieur exploitent ingénieusement pour nous détruire et nous humilier.
Il s’agit de :
1. La CUPIDITE, lokosa ya mbongo, l’argent facile avec son corollaire de corruption dans laquelle les corrupteurs et les corrompus naviguent aisément. On achète et on vent nos consciences, nos dignités, (surtout avec la fausse monnaie= faux dollars).
2. Le REGIONALISME. Certains parmi nous raisonnent en fonction de sa Région jusqu’à rejeter les autres (régions avec nos compatriotes) parfois avec mépris et véhémence passionnelle. Alors que nous avons une jeune NATION à construire ensemble.
3. Une certaine LEGERETE, proche de l’insouciance, voire même d’irresponsabilité dans nos comportements, dans nos actions sans rigueur. Nous n’anticipons pas les événements, nous ne nous souvenons guère des événements passés. Nous sommes très souvent, pour ne pas dire toujours, surpris par ce qui nous arrive, et réagissons de façon spontanée, c’est-à-dire sans lendemain, sans objectif précis.
4. L’IGNORANCE. Nos élites, notre classe politique, nous semblent ignorer ce qu’elles sont dans la société, ce qu’est leur rôle dans la construction de la NATION et pour le développement de leurs populations. Donc… une ignorance coupable.
Pour un parlement citoyen congolais
Voilà, pour moi, ce dont le PARLEMENT CITOYEN devrait se saisir, s’en occuper au premier chef et quotidiennement. Les parlementaires devraient, à mon sens, s’emparer de ces thèmes, les ingurgiter, et ensuite s’outrepasser pour aller devant le Peuple, aller devant nos concitoyens sans « agenda caché »
Le PARLEMENT, c’est quoi le Parlement ? Je répondrais tout simplement que le Parlement est au Pays ce que le cœur est au Corps. Quand le cœur bat et fonctionne normalement, le corps en tire tous les bénéfices et il va bien. Dans le cas présent, j’assimile le Corps à notre pays, le Congo, à notre peuple que nous connaissons tous et toutes, le PEUPLE CONGOLAIS. Notre pays s’appelle : République Démocratique du Congo. Le Congo nous le connaissons, comme je viens de le dire. Mais qu’est-ce qu’une République et de surcroît Démocratique ?
Le mot république nous vient du latin, « res publica »= « chose publique ». Et le Larousse nous en donne une définition, certes, minimaliste, mais pleine d’intérêts, lorsqu’il nous précise : « Forme d’organisation politique dans laquelle les détenteurs de pouvoirs (y compris le pouvoir de légiférer accordé au Parlement) l’exercent en vertu d’un mandat conféré par le corps social (les citoyens qui votent). En cela la République s’oppose à la monarchie, mais ne se confond pas avec la Démocratie.
Au total la République (avec majuscule) définit et désigne un Etat, pays ayant cette forme d’organisation. Mais la République, à mon sens, n’est pas seulement un système juridique. Elle est aussi un projet politique et social ordonnancé autour des valeurs fondamentales : LES VALEURS REPUBLICAINES :
1. La LIBERTE (toutes les libertés publiques et individuelles)
2. La DEMOCRATIE qui repose sur trois grands piliers à savoir : La Justice équitable et transparente, la Tolérance ou le vouloir vivre ensemble, et la Solidarité qui s’exprime par les impôts et la répartition équitable des richesses produites.
3. La LAICITE qui consacre l’indépendance du pouvoir politique de tout pouvoir religieux.
4. Le Social (pour ne pas dire socialisme). La République doit assurer aux populations la sécurité et la promotion, càd son développement permanent et toujours en PROGRES. Le Parlementaire doit être toujours aux aguets des populations pour faire des propositions afin de combler les carences et d’améliorer leur condition de vie.
« Les amis de la République »
Pour conclure. L’élite que nous sommes, la classe politique à laquelle appartiennent certains parmi nous, les uns et les autres, nous devons être tous et toutes en capacité de combattre juridiquement les grandes faiblesses dont je viens parler, et de défendre ces VALEURS REPUBLICAINES.
Permettez-moi de signaler que sur le thème « des valeurs républicaines » j’ai déjà mené (et mène encore) une réflexion, assez avancée pour créer une Association(ASBL) sous l’appellation : « LES AMIS DE LA REPUBLIQUE ».
Je vous remercie.
Koronko-Mayamba Boula