L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu expose les enjeux de la cohésion nationale et explique pourquoi et comment ce qui se passe chez nous aujourd’hui n’est pas différent de ce qui s’était passé dans les années 1960.
Sur l’action des congolais notamment ceux de la diaspora
En 2012, les congolais ont sérieusement travaillé à cerner les tenant et les aboutissants de la guerre d’agression. Aujourd’hui, il y a davantage de compatriotes mieux armés pour aller de l’avant dans la résistance contre cette guerre de basse intensité et la transformation de cette résistance en action pour que le Congo devienne totalement souverain.
Sur les raisons de l’optimisme congolais
Le fait que ceux qui ont orchestré le hold-up électoral ne réussissent pas à gouverner par défi, le fait que les amis de ceux qui ont orchestré ce hold-up avec les pays voisins (Rwanda et Ouganda), le fait que ces derniers ont été très clairement pointés du doigts dans des rapports, tous ces faits ont affaibli les usurpateurs du pouvoir à Kinshasa. Il appartient désormais aux congolais de poursuivre la lutte, en capitalisant sur le travail effectué en 2012.
Sur le concept de cohésion nationale
Il aurait fallu demander à Kabila quand est-ce que la cohésion nationale a été brisée ? Après avoir participé à une guerre d’agression contre le peuple congolais, après avoir organisé un hold-up électoral, on ne peut pas parler de cohésion nationale comme si on n’avait pas participé à sa rupture.
Kabila fait partie des personnes qui ont participé à la rupture de la cohésion nationale, une cohésion que les congolais essayaient de restructurer avec tous les efforts conjugués au cours de la conférence nationale souveraine. C’est cette guerre venue de l’extérieur à laquelle a participé Joseph Kabila, en tant qu’acteur, qui est venu briser davantage la cohésion nationale et l’enfoncer en novembre 2011.
Sur la répétition de notre histoire
Ce qui se passe aujourd’hui au Congo, ressemble de très près à ce qui s’est passé chez nous après notre indépendance politique. Les entreprises monopolistiques occidentales qui n’avaient pas voulu de notre indépendance politique sont les mêmes qui, aujourd’hui, avec les mêmes acteurs pléniers, essaient de torpiller notre souveraineté politique, économique et culturelle, en utilisant à peu près les mêmes marionnettes et en recourant aux mêmes mécanismes, comme celui de l’intervention de l’ONU chez nous.
Sur le dialogue intercongolais de Kabila
Il y a toute une documentation qui montre qu’aujourd’hui parler de dialogue en mettant entre parenthèses la guerre de basse intensité, c’est ne rien comprendre à notre histoire.
Depuis la guerre de l’AFDL, il y a eu des dialogues qui ont été organisés. Pourquoi toutes les résolutions prises au cours de ces dialogues n’ont jamais connu un début de leur mise en pratique ? C’est, entre autres, parce que ce sont les mêmes qui pratiquent le gangstérisme économique et le gangstérisme humanitaire chez nous, ils ne peuvent pas être à la fois juges et parties. Si nous voulons qu’il y ait un dialogue intercongolais, il faudrait que ces gens là soient appelés au ban des accusés. Ils n’organiseront pas de dialogue franc et sincère.
Sur l’opposition congolaise
Ils disent que Kabila est le problème mais le reconnaissent quand même comme président après un hold-up électoral. Il y a là une absurdité qui ne dit pas son nom. Il y a chez nous un vide de pensée énorme. Il n’y a plus d’hommes politiques dignes de ce nom au Congo. Nous avons le devoir de tout mettre à plat pour récréer une nouvelle classe politique. Ces politiques que nous avons en ce moment font partie du réseau d’élites transnational qui est le problème au Congo.
Sur la reprise des négociations de Kampala
Ces négociations ne servent à rien. C’est une perte de temps. Du moment que les USA, via Obama, ont appelé Kagamé à cesser de soutenir le M23. L’un des protagonistes de la guerre d’agression a parlé, un point, un trait. S’il y a des négociations à faire, c’est avec les USA, c’est avec la Grande-Bretagne et leurs alliés.
Sur ceux qui prétendent gouverner à Kinshasa
Il ne faut pas oublier que ceux qui sont à la tête de notre pays ne sont pas venus chez nous pour nous aider à jouir de notre souveraineté politique, économique et culturelle. Ils font partie d’un réseau d’élites transnational de prédation, de vol, de viol, et d’extermination des congolais. Si nous ne nous levons pas pour mettre fin à ce calvaire, en croyant que ces gens là vont prendre des décisions qui vont aller dans le sens de notre bien être collectif, nous nous trompons énormément, et nous n’aurons que nos yeux pour pleurer.
Sur la présence des troupes congolaises à Bangui
Le gouvernement congolais n’a pas pour mission de sécuriser le nord et le sud Kivu. Sa mission, entre autres, est de soutenir les petits dictateurs au service des maîtres du monde. Ces dictateurs, Kabila, Museveni, Kagamé, Nkurunziza, Bozizé, constituent la dernière race des nègres de service qui, bien que voyant que le monde est en train d’évoluer, s’amusent à servir les maîtres du monde.
Sur le ralliement de Lumbala au M23
Lumbala faisait partie du RCD Goma. Les criminels reviennent toujours sur les lieux de leur crime. Le M23 prétend s’en prendre à Kabila et chercher l’impérium pour Tshisekedi mais tuent les congolais. Est-ce normal ? Comment voulez arriver à un tel ensauvagement ?