Par Jean-Pierre Mbelu
D. Mitterrand
Si ces élites politiques et intellectuelles ont oublié que »la guerre perpétuelle » menée contre le Congo-Kinshasa fait partie des »guerres secrètes de la politique et de la justice internationales », il y a deux livres qu’elles peuvent aller consulter ou lire si elles ne les ont jamais lus. Il y a le livre de Florence Hartmann intitulé »Paix et châtiment. Les guerres secrètes de la politiques et de la justice internationales ». Il y a aussi le livre de Pierre Péan intitulé »Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique ».
Il y a comme une habitude établie dans le chef de certaines élites politiques et intellectuelles congolaises de mettre entre parenthèse certains livres permettant de comprendre la marche historique du Congo-Kinshasa. Ces élites, à quelques exceptions près, ne lisent pas les livres publiés par leurs compatriotes. Elles ont opté pour la vidéosphère et les selfies. Elles sont bien en constume et cravate sur facebook et twitter. C’est leur choix. Qui sommes-nous pour les juger.
Les congolais, les occidentaux et la répétition des l’histoire
Seulement voilà, cette attirance pour la vidéosphère corrompt notre mémoire collective. Elle nous plonge dans l’immédiatisme et l’amnésie. Il est curieux que des compatriotes réunis à Genval aient oublié les textes comme celui d’Arnaud Zajtman intitulé »Il est minuit moins une à Kinshasa ». Ce texte écrit le 07 décembre 2011 explique simplement comment les Occidentaux ont préféré le perdant des élections de 2011 au gagnant. Et Arnaud Zajtman soutient que la crise de légitimité créée à cette date est semblable à celle des années 1960 ayant conduit à l’assassinat de Lumumba.
En 1960, Lumumba constituait un danger. Il allait être incontrôlable. En 2011, Tshisekedi constituait un danger. Il allait être incontrôlable. Alors, comment cet homme jugé incontrôlable par les Occidentaux voudrait nous faire croire aujourd’hui que le meilleur dialogue au Congo-Kinshasa serait celui que piloterait Kodjo sous la supervision de l’UE, l’OIF et l’UA ? Quel est le poids de l’UA dans les affaires internationales ? Si l’UA avait quelque poids, Kadhafi n’aurait pas été tué.
Pourquoi notre approche de »la Communauté internationale » ne va pas au-delà de nos ex-métropoles et leurs alliées ? Où sont les pays comme la Chine, l’Inde, l’Iran, la Russie dans notre approche de la »Communauté dite internationale » ?
En 2011, Tshisekedi constituait un danger. Il allait être incontrôlable. Alors, comment cet homme jugé incontrôlable par les Occidentaux voudrait nous faire croire aujourd’hui que le meilleur dialogue au Congo-Kinshasa serait celui que piloterait Kodjo sous la supervision de l’UE, l’OIF et l’UA ? Quel est le poids de l’UA dans les affaires internationales ? Si l’UA avait quelque poids, Kadhafi n’aurait pas été tué.
Si ces élites politiques et intellectuelles ont oublié que »la guerre perpétuelle » menée contre le Congo-Kinshasa fait partie des »guerres secrètes de la politique et de la justice internationales », il y a deux livres qu’elles peuvent aller consulter ou lire si elles ne les ont jamais lus. Il y a le livre de Florence Hartmann intitulé »Paix et châtiment. Les guerres secrètes de la politiques et de la justice internationales ». Il y a aussi le livre de Pierre Péan intitulé »Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique ». En sachant que l’actuelle Présidente de l’OIF est une Canadienne, nous les invitons à lire ou à relire »Noir Canada. Pillage, corruption et criminalité en Afrique » d’Alain Denault, Delphine Abadie et William Sacher.
Le Congo dans les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales
Trois livres seulement. Ils sont écrits par les Occidentaux, connaisseurs de ce qui se passe en Afrique et de la politique économique de leurs pays. Si nous citons Mbeko, Ngbanda, Fweley, Musavuli, Tshiyoyo ou un autre Congolais, ces élites risquent de dire qu’ils ont un parti-pris pour leur pays.
Quand, lecteur de ces livres, nous nous réveillons un matin est que nous apprenons qu’à Genval, il y a eu une option pour le dialogue sous l’accompagnement de la Communauté internationale, un premier réflexe est de nous exclamer en notre langue maternelle : « Tudi bantu balowa anyi ? » (Sommes-nous ensorcelés ou pas ? Qui nous a ensorcelés?) Et nous regardons autour de nous et nous voyons le Brésil combattu par »la Communauté internationale », le Venezuela et la Bolivie, mêmement. Et nous nous disons : « Où est-ce que nos compatriotes voient la Communauté Internationale lutter pour la démocratie et la dignité humaine ? » En France, les grèves se succèdent les unes aux autres. En Belgique, mêmement. La Grèce est complètement abîmée et la Grande-Bretagne menace de sortir de l’Euro. Pourquoi cette Communauté Internationale serait capable d’aider le Congo-Kinshasa et pas la Grèce, pas la France, pas la Belgique, pas l’Espagne, pas la Bolivie, pas le Venezuela, pas le Brésil ? Qu’avons-nous, nous Congolaises et Congolais, de spécifique qui ferait que nous soyons tenus à l’écart des »guerres secrètes de la politique et de la justice internationales ».
Nous regardons autour de nous et nous voyons le Brésil combattu par »la Communauté internationale », le Venezuela et la Bolivie, mêmement. Et nous nous disons : « Où est-ce que nos compatriotes voient la Communauté Internationale lutter pour la démocratie et la dignité humaine ? »
Pourquoi nos élites politiques et intellectuelles oublient-elles si rapidement notre histoire collective ? Seraient-elles devenues comme les idoles qu’elles ont créées ? Comme l’or et l’argent ? Ils ont des yeux et ne voient pas. Des oreilles et n’entendent pas. Un nez et ne sentent rien. (cfr Ps 115)
Il est possible que nous soyons bêtes à manger du foin ; que nous ne comprenions plus rien de la marche du monde. Que les plus doués d’entre nous nous viennent au secours. Telle est notre prière.
Mbelu Babanya Kabudi