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Cameron, Hillary, Sarkozy, Hollande, etc. et nous

Cameron, Hillary, Sarkozy, Hollande, etc. et nous

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Par Jean-Pierre Mbelu

Un certain Occident vit la fin d’un monde et voit le commencement d’un autre. 

Le système  américain ayant marqué  »le vieux monde » depuis plus de sept décennies se décompose de plus en plus en révélant le côté illusoire du  »rêve » sur lequel il était fondé et  »l’impuissance de la puissance » à laquelle il a eu souvent recours.  En effet, son usage fréquent de la puissance armée sur fond de corruption, de vol et de mensonge ; son recours régulier à  »la stratégie du chaos »  sans boussole éthique a contribué à exaspérer les inégalités et l’humiliation des Etats-nations considérés comme des  »ennemis de l’empire » ou des vassaux à soumettre.

Quand l’Occident américanisé s’effondre

Cet Occident américanisé a toujours eu l’avantage d’avoir ses penseurs, ses idéologues et ses géopoliticiens. Il se régénère ou défaille en fonction des idées produites par ses têtes pensantes. Il n’a pas respecté les promesses faites à la Russie avant et après la chute du mur de Berlin. Il a poursuivit sa politique de confinement et d’expansion des bases militaires sans penser un seul instant à la revanche des humilités.

La montée du populisme de droite coïncide avec le rejet majoritaire de l’Europe et le repli identitaire. Les Etats-nations coopérant dans le respect des principes de l’égale souveraineté, de la réciprocité et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats tiers sont de plus en plus préférés au marché mondialiste sans limites prôné par les fondamentalistes de l’économisme.

Brzezinski l’avait prévenu que sa perte serait consécutive à l’émancipation économique et politique de l’Eurasie. La Chine, la Russie et les pays de l’Organisation de Coopération du Shanghai  s’en emparent. Elles font de leurs cultures et de leurs traditions le ciment du patriotisme, créent leurs banques et leur Fonds monétaire. Le Yuan est reconnu officiellement par le FMI comme étant une monnaie de réserve.

Cet Occident américanisé s’effondre. Le Brexit a sonné le glas d’une Europe unie et obéissant à Bruxelles. Cameron en a payé le prix. Trump, bien qu’étant issue du système élitiste US, l’a démoli à travers une campagne électorale virulente menée contre Hillary Clinton. Il a disqualifié le mondialisme et prôné le patriotisme économique. En France, deux présidents, membres de ce système, Nicolas Sarkozy et François Hollande  sont désormais mis hors d’état d’agir (officiellement).

La montée du populisme de droite coïncide avec le rejet majoritaire de l’Europe et le repli identitaire. Les Etats-nations coopérant dans le respect des principes de l’égale souveraineté, de la réciprocité et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats tiers sont  de plus en plus préférés au marché mondialiste sans limites prôné par les fondamentalistes de l’économisme.

Comme si de rien n’était…

Des débats s’organisent au cœur de certains pays où les parlements et les sénats réunis en congrès cherchent à indiquer les nouvelles voies de leur politique intérieure et extérieure. Ces pays pensent  »le monde qui s’effondre » et cherchent à se poser comme partenaires indispensables du monde qui advient.

Au Congo-Kinshasa, il ne nous semble pas avoir eu écho d’une pareille orientation de la pensée collective. Le mental de plusieurs politicards et de certains jeunes de la société civile donne l’impression de fonctionner sur fond des données politiques du monde en train de s’effondrer. Pendant que les constructeurs du monde de demain vont en Eurasie, les politicards  et certains jeunes congolais  se rendent encore à Atlantic Council. Ce  n’est pas vrai ! C’est comme s’ils ne voyaient pas et ne comprenaient pas ce qui est en train de se réaliser sous nos yeux. Terrible ! L’approche de la politique comme  »coups tordus »,  »mensonge éhonté »,  »tshididi » entretenus par  »un conglomérat de caïmans » ou  »d’aventuriers » poursuit son petit bonhomme de chemin comme si de rien n’était.

Le mental de plusieurs politicards et de certains jeunes de la société civile donne l’impression de fonctionner sur fond des données politiques du monde en train de s’effondrer. Pendant que les constructeurs du monde de demain vont en Eurasie, les politicards et certains jeunes congolais se rendent encore à Atlantic Council.

Des intellectuels  organiques et structurants congolais doivent pouvoir  poursuivre le travail de la pensée  pour apporter leur pierre à l’édifice d’un Congo-Kinshasa émancipé du  »monde qui s’effondre ». Ils doivent pouvoir chercher à enrichir les réponses à la question « A quand le Congo ? ». S’émanciper du  »monde qui s’effondre » n’est pas synonyme de croire en  »la fin de l’histoire ». L’attachement  de l’Occident aux choses de l’esprit peut toujours l’aider à rebondir.

Pour aller plus loin que ce petit édito,  ces ouvrages peuvent être lus :
E. TODD, Après l’empire. Essaie sur la décomposition du système américain, Paris, Gallimard, 2002.
J.-C. GUILLEBAUD, Le commencement d’un monde. Vers un modernité métissé, Paris, Seuil, 2008.
B. BADIE, L’impuissance de la puissance. Essai sur les nouvelles relations internationales, Paris, Fayard, 2004
B.BADIE et D. VIDAL, La fin du monde unique, Paris, La Découverte, 2010.
B. BADIE, Nous ne sommes plus seuls au monde. Un autre regard sur l’  «ordre international », Paris, La Découverte, 2016.
J.-P. MBELU, A quand le Congo ? Entretiens avec Esimba Ifonge, Congo Lobi Lelo, 2016

 

Mbelu Babanya Kabudi

 

INGETA.

REINVENTONS

LE CONGO

Informer. Inspirer. Impacter.

Notre travail consiste à :
Développer un laboratoire d’idées sur le passé, présent et futur du Congo-Kinshasa.

Proposer un lieu unique de décryptage, de discussion et de diffusion des réalités et perspectives du Congo-Kinshasa.

Aiguiser l’esprit critique et vulgariser les informations sur les enjeux du Congo, à travers une variété de supports et de contenus (analyses, entretiens, vidéos, verbatims, campagnes, livres, journal).