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Ben Kabamba de Filimbi : « Nous sommes rentrés dans la clandestinité »

Ben Kabamba de Filimbi : « Nous sommes rentrés dans la clandestinité »

Ben Kabamba de Filimbi : « Nous sommes rentrés dans la clandestinité » 960 640 Ingeta

Ben Kabamba, de la plateforme congolaise Filimbi, revient sur les événements du dimanche 15 mars 2015 à Kinshasa, dans lesquels des activistes sénégalais (Y en Marre), burkinabé (Balai Citoyen) et congolais (Filimbi) qui, lors d’une conférence de presse organisée par le FNJE (Forum national des Jeunes pour l’excellence), ont été arrêtés avec plusieurs dizaines d’autres personnes présentes lors de cet événement public consacré à l’engagement citoyen des congolais. Il expose également certains mensonges relayés à la fois, par le gouvernement congolais, la presse congolaise et internationale, précise le rôle des américains dans cette affaire et évoque sa situation personnelle ainsi que celles des autres jeunes activistes congolais au Congo.

Sur le contexte des arrestations

Il y a eu un atelier le samedi, et le dimanche, il y a eu ensuite la conférence de presse et le soir, un concert public était prévu avec les amis de Y en A marre, du balai citoyen et des artistes locaux dans la commune de Masina à Kinshasa. Je faisais partie des 4 conférenciers, avec Fadel Barro de Y en A marre ainsi que Ouedraougo Scibiri du Balai Citoyen et Fred Bauma de la Lucha.
A la fin de la conférence de presse, des militaires ont débarqué avec des armes, des kalachnikov, d’autres étaient en tenue civile.
Ils ont pris les membres de Y en marre qui étaient là, ils ont pris Fred, ils ont pris Ouedraougo, ils ont aussi pris des officiels comme Kevin Sturr, le diplomate américain et des journalistes mais aussi le personnel technique, des artistes. Ils ont pris au total une trentaine de personnes.

Sur le but de la conférence de presse

Elle avait pour objectif de faire appel à la jeunesse pour l’engagement citoyen. Nous voulions dire à la jeunesse que la violence ne résout rien. C’était le message principal de nos amis de Y en a marre et du balai citoyen.
La conférence avait pour but de responsabiliser les jeunes.

Sur les personnes arrêtées

Tous les blancs ont été libérés. Le directeur des lieux, Eloko Makasi, a ensuite été aussi libéré. Les journalistes des médiaux étrangers ont été libérés. Mais tous les congolais arrêtés ont été gardés sauf celui qui a des liens avec le gouvernement. Les sénégalais, les burkinabé présents sont toujours détenus également.

Sur ceux qui n’ont pas été arrêtés

Ils sont arrivés mal organisés. Ils ont d’abord cherché à arrêter les étrangers. Après les étrangers, ils ont commencé à arrêter tous ceux qui avaient une camera, un appareil photo ou un téléphone qui peut prendre des photos. Fred, avec qui j’étais, a été arrêté par ce qu’il détenait une caméra.
Moi, vu que je n’avais pas de téléphone, ils ne m’ont pas arrêté. Pareil, pour Floribert et Yangu. Juste après on s’est déplacés.

Sur sa situation personnelle

On est rentrés dans la clandestinité. Le porte-parole du gouvernement a présenté notre mouvement, comme étant un mouvement terroriste. On est maintenant recherchés. Etant le 4ème intervenant de cette conférence, j’ai dû rentrer dans la clandestinité. Les gens nous demandent de nous cacher.
On était avec Sylvain Saluseke, du comité d’organisation de l’événement, qui avait reçu un appel de Kalev, le numéro 1 de l’ANR. Ce dernier lui a dit qu’ils étaient du même village, et qu’il fallait qu’ils rencontrent parce qu’il pouvait le sauver mais qu’il fallait qu’il vienne seul. Sylvain a pris un taxi pour rencontre Kalev au Grand Hotel et depuis on n’a plus eu de nouvelles de lui depuis.
Nous sommes allés à la monusco, mais elle ne fait et ne dit pas grand-chose. Idem pour le centre carter. On ne sait plus quoi faire ou ni où aller.

Sur le soutien dont ils ont besoin

Le monde entier doit aider les congolais. Il faut nous aider en faisant un maximum de bruit et en augmentant la pression pour obtenir la libération, non seulement des amis de Y en a marre et du balai citoyen mais aussi de tous les congolais. Nous avons demandé à rencontrer les autorités, il n’y a pas de suite. Nous avons les termes de références, les programmes, les vidéos de tout ce qui s’est passé. Il n’y a rien de suspect.
Nous demandons que tout le monde puisse s’impliquer pour la libération de tous, qui ont été arrêtés illégalement. Nous avons des confirmations qu’ils sont à l’ANR.
Actuellement, je suis avec des amis, nous sommes 5. Nous avons besoin d’un minimum de sécurité. Pour ne déplacer et quitter le pays pendant peut-être un mois et revenir. Nous ne sommes pas destinés à l’exil, mais nous avons besoin de nous réorganiser et revenir travailler. Notre plus grand souci est le respect des droits de l’homme et des vies humaines.

Sur le rôle des américains dans cette affaire

Filimbi, c’est notre organisation. C’est nous qui l’avons créé. On a fait appel à nous. Pour cette conférence, nous avons été appelés (pour partager notre expérience) par une association appelée FNJE (Forum national des Jeunes pour l’excellence). Et c’est FNJE qui a été financé par le gouvernement américain et non Filimbi. Filimbi n’a jamais reçu l’argent de qui que ce soit.

Sur le réseau Filimbi

Le réseau Filimbi reste actif. Aujourd’hui le 17 mars 2015, à l’heure où nous parlons, 15h, il y a une grande manifestation à Goma de Filimbi et de la Lucha. 12 de nos jeunes y ont été arrêtés.
Aujourd’hui, nous sommes considérés comme les ennemis de l’Etat mais si nous avions pris les armes et tués des gens, nous serions remerciés avec des postes ministériels.

INGETA.

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