Par Jean-Pierre Mbelu
Au Congo-Kinshasa, certains laïcs et certains chrétiens croient que le monde se limite aux dimensions au Congo-Kinshasa.
Il y a dans le chef de plusieurs compatriotes congolais, laïcs ou chrétiens, une volonté tenace du refus d’apprendre, un refus de ne pas savoir. Cela les conduit à des approches herméneutiques ou exégétiques »émotionnelles » de certains passages bibliques pour le besoin de la cause. La politique comme gestion collective de la cité a été tellement galvaudée dans notre pays à tel point qu’être qualifié de »politicien » sent mauvais.
Au pays de Lumumba, la politique a été réduite au mensonge, au »Tshididi » au point de vouloir en exclure tous ceux et toutes celles qui l’appréhendent autrement. Et le politique comme lieu de la construction du »vivre ensemble » dans la gestion rationnelle et raisonnable des conflits -sans qu’ils mènent à la mort- est pratiquement ignoré.
Malheureusement, au Congo-Kinshasa, certains laïcs et certains chrétiens croient que le monde se limite aux dimensions au Congo-Kinshasa. Et que partout, à travers le monde, les textes bibliques et les relations entre »Démocratie et spiritualité » ne sont pas pensées et repensées. Ils oublient qu’ailleurs, le débat sur ces questions est permanent. Sur la relation du chrétien au politique, les Evêques Belges et Français viennent de publier des textes d’une très grande profondeur que les paresseux intellectuels habitués à ressasser ce morceau d’un vert biblique »A César ce qui est à César, à Dieu ce qui est à Dieu » ne liront pas. Ils n’ont pas envie de revisiter leurs croyances pour changer de point de vue et être exclus de »la mangeoire ». Voici le titre du texte des Evêques Français : « Dans un monde qui change retrouver le sens du politique ». Il est téléchargeable sur Internet.
Il est plus facile d’enfermer l’Eglise catholique dans son passé d’inquisition et de croisades que de lire l’évolution de sa pensée sociale à travers les siècles. Et même ‘sa théologie de libération’. Forte de ses faiblesses, elle reste ouverte aux remises en question et à la miséricorde.
L’Eglise catholique a ses faiblesses et son histoire. Elle a aussi ses qualités, son présent et son à-venir. Elle promet encore la pensée critique. Sur certaines questions cruciales de société, elle se prononce sans complaisance. Ceux et celles qui ne sauront pas lire le texte des Evêques Français peuvent se procurer l’encyclique du pape François »Loué sois-tu ! » (Laudato si). Ils verront comment il aborde la relation du chrétien à la politique et au politique. Il est plus facile d’enfermer l’Eglise catholique dans son passé d’inquisition et de croisades que de lire l’évolution de sa pensée sociale à travers les siècles. Et même ‘sa théologie de libération’. Forte de ses faiblesses, elle reste ouverte aux remises en question et à la miséricorde. Si vraiment il est impossible d’avoir accès à tous ces textes, il est possible de lire celui-ci « Homme politique et chrétien? » de Sophie de Villeneuve, rédactrice en chef de Croire:
« Je suis chrétien, cela veut dire que je ne prendrai jamais une décision qui sera contraire au respect de la dignité humaine, au respect de la personne, de la solidarité. » Nombreux sont ceux qui ont réagi vigoureusement aux propos de François Fillon lors de son passage sur TF1. Manœuvre électoraliste et clivante ? Mélange déplacé ? Faute morale ? Croire n’a pas vocation à nourrir le débat. En revanche, il est toujours utile de revenir sur cette tension entre politique et spiritualité qui prend sa source dans l’Evangile même. Dieu ou César ? L’interrogation traverse toutes les époques. Jusqu’ à aujourd’hui. Dans sa réponse, que Croire commente ici, Jésus relativise le pouvoir de César, et affirme que tout est à Dieu : notre esprit, notre corps, notre argent… et César lui-même. Il n’y a donc pas de dichotomie entre Dieu et César, pas de distinction entre sacré et profane. Dieu seul est souverain. Ce qu’en dit Jean-Baptiste de Foucauld, fondateur et président de l’association Démocratie et spiritualité, est à cet égard très éclairant. Ce n’est certes pas une réponse à tous ceux qui s’interrogent sur le bien-fondé des propos de François Fillon, mais elle donne à voir comment celui qui s’engage en politique peut mettre en pratique ce qu’en disait l’écrivain, poète et militant Charles Péguy : « La politique se moque de la mystique, mais c’est encore la mystique qui nourrit la politique ».
Mbelu Babanya Kabudi
Génération Lumumba