Par Jean-Pierre Mbelu
« Si tu ignores ton ennemi et que tu te connais toi-même, tes chances de perdre et de gagner seront égales. Si tu ignores à la fois ton ennemi et toi-même, tu ne compteras tes combats que par tes défaites. » – Sun Tzu
En 2013, des compatriotes kongolais publiaient un livre intitulé « La République Démocratique du Congo face au complot de balkanisation et d’implosion ». Au pays des « autodafeurs », il est important de rappeler que ce livre est encore et toujours d’une actualité brûlante. La sortie du film de Thierry Michel, « L’empire du silence », vient confirmer cela.
S’inscrivant dans un contexte de lutte contre la loi du silence pesant sur les tueries des Kongolais(es) depuis plus de deux décennies, le cinéaste Belge essaie de réveiller les mémoires amnésiques en faisant une présentation publique de quelques crimes que résument le Rapport Mapping. Son film abonde dans le même sens que plusieurs autres tels que « Rwanda’s untold story » ou « The impunity ». Ce magnifique travail pourrait accompagner la plaidoirie du regroupement kongolais dénommé « Conscience Congolais pour la Paix (Kopax) » contre l’impunité. Après la sortie de « L’empire du silence » à Bruxelles, mardi 26 octobre 2021, Thierry Michel aurait voulu se rendre à Kinshasa pour préparer la présentation de ce film aux filles et aux fils du pays.
Qui peut expliquer le fait qu’un pays se préparant à organiser une « justice transitionnelle » donne l’impression d’avoir peur de l’appropriation de sa mémoire par des filles et fils ; surtout les plus amnésiques ? Cela finira par se savoir…
Eh bien voilà ! Le visa lui est refusé ! Pourquoi ? Qui refuse ce visa à Thierry Michel ? Qui ne veut pas de Thierry Michel au Kongo-Kinshasa ? A qui profite le complot pour la balkanisation et l’implosion du pays de Lumumba ? A qui profite l’entretien de l’amnésie dans ce pays où les alliances se font et se défont entre « les criminels présumés » et leurs clients ?
Qui peut expliquer le fait qu’un pays se préparant à organiser une « justice transitionnelle » donne l’impression d’avoir peur de l’appropriation de sa mémoire par des filles et fils ; surtout les plus amnésiques ? Cela finira par se savoir… Dieu merci ! Thierry Michel pourra effectuer une tournée africaine (« L’empire du silence »). C’est déjà ça.
L’enjeu kongolais est à la fois national, africain, international et mondial. Les vampires, leurs sous-fifres, leurs proxys et leurs nègres de service ont peur de la lumière de la vérité. Ils ont peur. Ils ont la trouille contrairement aux apparences. Ceux et celles qui, après avoir vu « L’empire du silence » et qui voudraient aller plus loin pour mieux approfondir la question kongolaise peuvent lire ces quelques livres ,à titre illustratif :
-R. CUSTERS, Chasseurs des matières premières, Bruxelles, Investig’Action, 2013
-F. HARTMANN, Paix et châtiment. Les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales, Paris, Flammarion, 2007
-P. PEAN, Carnages. Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique, Paris, Fayard, 2010
-P. MBEKO, Le Canada dans les guerres en Afrique centrale. Génocides & pillages des ressources minières du Congo par le Rwanda interposé, Le nègre éditeur, 2012
H. NGBANDA NZAMBO, Crimes organisées en Afrique centrale. Révélations sur les réseaux rwandais et occidentaux, Paris, Duboiris, 2004
-M. TSHIYOYO, L’heure de nous-mêmes a sonné : messages à la base congolaise (et africaine), Paris, Congo Lobi Lelo, 2019
-J. REVER, Rwanda. L’éloge du sang, Paris, Max Milo, 2020,
-J.-.P. MBELU, Demain, après Kabila, Paris, Congo Lobi Lelo, 2018
-J.-P. MBELU, La fabrique d’un Etat raté, Paris, Congo Lobi Lelo, 2021
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961
