Par Jean-Pierre Mbelu
Plusieurs compatriotes ont allumé, hier (02 août 2018) une bougie, une lumière, pour célébrer les vingt ans que dure le génocide congolais. Des compatriotes se sont envoyés cette lumière, signe de l’éveil des consciences sur cette tragédie produite par une guerre raciste de prédation et de basse intensité.
Cette lumière est aussi le symbole d’une espérance brillant dans les cœurs des filles et fils du Congo-Kinshasa ; l’espérance active pour un avenir différent. S’envoyer fraternellement cette lumière (a trahi et) trahit un amour indéfectible, un feu de l’amour brûlant au cœur des »minorités organisées et agissantes » décidées à devenir une force collective pouvant changer les rapports de force au cœur de l’Afrique.
Cette bougie s’est souvent accompagnée d’un »petit lexique des éveillé(e)s ». Des photos de certains membres des »Forces contre le Congo » (FCC) ou des Fosses Communes au Congo (FCC) l’ont accompagnée. Un travail formidable ! Mine de rien !
Oui, une mémoire vivante et éveillée est une mémoire vigilante. Tenir dans une main notre bougie toujours allumée et dans l’autre notre « petit lexique des éveillé(e)s » constamment revisité et enrichi, cela nous évitera de sombrer dans un sommeil génocidaire et nous transformera, petit à petit, en une force collective.
Il n’était donc pas possible que ces filles et fils du Congo-Kinshasa s’envoyant une lumière pour éveiller leur mémoire collective nomment les forces de la mort, ayant pris une part active au génocide congolais, »Front Commun pour le Congo ». D’une pierre, ces filles et fils du Congo-Kinshasa ont fait deux coups : ils ont célébré la mémoire de leur génocide et nommé ceux et celles qui ont pris part en déconstruisant le vocabulaire officiel. Ils ont créé leur »petit lexique des éveillé(e)s ». Il devrait être enrichi. Et l’an dernier, les miens et moi-même avons produit »Ingeta. Dictionnaire citoyen pour l’insurrection des consciences ». C’est effectivement »un lexique des éveillé(e)s ». Il déconstruit »les mots officiels » tout en racontant, brièvement, à chaque page, l’histoire du génocide congolais afin qu’en éveillant les consciences, elles puissent devenir capables d’identifier les acteurs visibles et invisibles de cette tragédie, leur mode opératoire, les moyens dont ils disposent, les objectifs qu’ils veulent atteindre ; et d’éviter l’entretien et la perpétuation de guerre chez nous.
Une bougie et »un lexique ». Les deux doivent être tenus et entretenus ensemble. Pourquoi ? D’abord parce que toutes les lumières ont leur ombre. Une mémoire collective vivante et éveillée est critique et autocritique. Elle peut être victime de l’ombre du fanatisme, de la cupidité, du larbinsme, du syndrome de Stockholm, de la bêtise, etc. et devenir complaisante face à la crise de sens. Et là où les mots perdent leur sens, les peuples perdent leur liberté, disait quelqu’un.
Oui, une mémoire vivante et éveillée est une mémoire vigilante. Tenir dans une main notre bougie toujours allumée et dans l’autre notre »petit lexique des éveillé(e)s » constamment revisité et enrichi, cela nous évitera de sombrer dans un sommeil génocidaire et nous transformera, petit à petit, en une force collective. Oui, toutes les lumières ont leurs ombres. Faisons très attention ! Rien n’est gagné une fois pour toutes. Rien. La lutte continue !
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961