Par Jean-Pierre Mbelu
Qu’est-ce qu’est la politique? Qu’est-ce qu’un citoyen ? La politique est l’art de l’édification de »la polis » (la cité, le ciota ou le katunga (en Tshiluba) par la parole, l’action collective réfléchie et volontaire. Un citoyen est un membre de »la civitas » (cité). Tous ces mots ont toute une histoire sociale et politique qu’il convient d’étudier ou sur laquelle il est important d’être formé et informé. Disons qu’être citoyen conscient d’une »civitas », d’un »ciota », d’un »katunga » demande un minimum d’ouverture à la culture (moderne ou traditionnelle). Un citoyen ignorant des réalités propres à l’édification de »la civitas » appartient à la populace et non au peuple. Quand un responsable d’un mouvement citoyen affirme, sur la place publique, qu’il est a-politique, il avoue son analphabétisme politique. Malheureusement, au cours de ce »temps de pourrissement » au Congo-Kinhasa, l’a-politisme fait des émules et le débat non meurtrier est interdit.
Précisons. L’exportation du gouvernement représentatif au Sud du monde a fait croire aux »professionnels de la pseudo-bourgeoisie parlementariste congolais » qu’il était possible de participer à l’exclusion des masses populaires congolaises de la sphère politique en les transformant en une foule d’applaudisseurs, de laudateurs, de thuriféraires et d’autres indigents assoiffés de miettes tombant de la table des »Préso ». L’ a-politisme des »mouvements dits citoyens » participe de cette exclusion de pans entiers des populations congolaises des espaces où les principes orientant leur avenir et celui de leurs enfants sont cooptés. Il consolide la perpétuation de »la pseudo-bourgeoisie parlementariste » en soutenant, à tort, que l’activisme militant n’est pas politique. Pour dire les choses autrement, cette approche biaisée de la politique soutient »la négritude de service » dans la mesure où »la pseudo-bourgeoisie parlementariste congolaise » est au service de la régression anthropologique au pays en étant au service du capital ensauvagé.
Souvent, l’affirmation de l’a-politisme des mouvements citoyens congolais marche de pair avec leur instrumentalisation par les agences susmentionnées en vue de servir »la sécurité nationale US » ; c’est-à-dire le contrôle des marchés des énergies et des matières premières stratégiques en vue d’en écarter les concurrents réels ou imaginaires. Un tel a-politisme pourrait se révéler catastrophique pour le Congo-Kinshasa. Pour l’éviter, il faut rompre avec l’analphabétisme politique. L’école et l’université « occidentologues » peuvent y aider ; tout comme l’apprentissage en commun à partir des collectifs citoyens.
Entendons-nous bien. Le fait de reconnaître aux partis politiques leur orientation vers la conquête du pouvoir n’exclut pas l’importance des luttes populaires pour un gouvernement respectueux des droits fondamentaux et des libertés politiques et servant, en conscience, du bien commun et de l’intérêt général. Ces luttes citoyennes, bien que n’étant pas politiciennes, sont politiques. Elles participent, dans la respect du principe démocratique, à l’avènement d’une cité construite par toutes ses filles et tous ses fils.
Avouons que l’approche a-politique des mouvements citoyens risque de faire la part belle aux quêteurs de l’apathie citoyenne. De ces hommes et femmes qui, voulant que tous les pays du monde puissent être sous le joug des hiérarque de l’argent, luttent contre l’irruption des masses en politique en exigeant que »les professionnels politiques » se soumettent aux épreuves du »Looso », du »Kinzonzi » ou des »Masambakanyi ». C’est-à-dire qu’ils soient capables de travailler à l’éducation, à l’information et à la formation des masses populaires dans un circuit d’apprentissage en commun et qu’ils les associent aux procédures de participation, de délibération, de décision et d’évaluation au sujet des questions engageant le devenir collectif. Démentir cette approche consisterait à avouer la politisation des mouvements citoyens congolais et à y travailler tout en les libérant de la dépendance pécuniaire vis-à-vis des agences de sédition made in USA .
Souvent, l’affirmation de l’a-politisme des mouvements citoyens congolais marche de pair avec leur instrumentalisation par les agences susmentionnées en vue de servir »la sécurité nationale US » ; c’est-à-dire le contrôle des marchés des énergies et des matières premières stratégiques en vue d’en écarter les concurrents réels ou imaginaires. Un tel a-politisme pourrait se révéler catastrophique pour le Congo-Kinshasa. Pour l’éviter, il faut rompre avec l’analphabétisme politique. L’école et l’université »occidentologues » peuvent y aider ; tout comme l’apprentissage en commun à partir des collectifs citoyens.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961