L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu décrypte la démarche de Kabila qui a déposé une plainte contre la corruption au Congo, analyse le recours à ses instances parallèles dans le cadre d’un Etat raté et aborde le fameux dialogue national et ses derniers soubresauts.
Il revient également sur les liens entre l’acte de terrorisme contre les noirs à Charleston, aux USA et la guerre menée contre les congolais et explique pourquoi Obama ne dispose pas du véritable pouvoir aux USA.
Si on veut lutter efficacement contre la propagande et les élites anglo-saxonnes, il serait important de se passer des médias dominants pour mieux ouvrir les cerveaux et comprendre ce qui est en train de se passer dans le monde.
Sur la plainte déposée par Kabila contre la corruption au Congo
En attendant d’en savoir un peu plus, il y a un commentaire que l’on peut déjà faire. Lui, qui a déposé cette plainte, si ceux qui sont concernés par cette plainte avaient de reproches à lui faire allant dans le même sens, à qui pourront-ils s’adresser ?
Une deuxième question : Nous avions appris que Kabila avait déposé dans les îles vierges britanniques une somme équivalente à 15 milliards de dollars. Pourquoi Kabila n’avait pas poursuivi le journaliste américain qui avait fait cette révélation pour que nous en sachions un peu plus ? Voyons si en allant vers le procureur de la république, cette histoire pourra rebondir.
Mais si nous prenions la question même de la corruption. Il n’y a-t-il corruption que lorsqu’il y a du détournement d’argent ? Est-ce que le processus politique congolais en lui-même n’est pas corrompu ?
Corrompu dans le sens où c’est un membre appartenant à ce que Laurent Désiré Kabila avait appelé le conglomérat d’aventuriers qui est devenu « président de la république ».
Supposons maintenant que cette plainte puisse permettre au Congo de rentrer dans ses droits, c’est à dire récupérer tout l’argent qui a été détourné, nous applaudirons des deux mains. Mais la grande inquiétude est qu’il ne peut pas y avoir de justice juste dans un non Etat.
Kabila peut traduire qui il veut en justice mais au niveau de la justice congolais, lui ne peut pas répondre. Cette asymétrie pose problème.
Sur le recours à des instances parallèles par Kabila
Cela saute aux yeux. Les congolais et congolaises devraient pouvoir prendre note de ce qui est en train de se passer. Il y a un ministère de la justice qui est laissé de côté. Et Kabila crée une structure parallèle qu’il fait fonctionner en fonction de ses propres objectifs. Est-ce que ce sont des objectifs poursuivis pour le bien du Congo et des congolais ? Ou est-ce que ce sont des objectifs poursuivis pour un règlement de compte personnel ?
A supposer que cette justice asymétrique permette au pays de rentrer dans ses droits, nous pourrons applaudir. Mais à quoi cela va-t-il réellement aboutir ? Attendons de voir.
Sur le dialogue national et la vie politique congolaise
Kabila est en train de tâter le terrain et de chercher à trouver une formule qui lui permettrait de tenir encore ou de rester calife à la place du calife. Il va à droite, il va à gauche, il organise des consultations, il dépose une plainte, à un certain moment on se dit qu’il y a un flou qu’il essaie d’entretenir.
Quoiqu’il en soit, dans un Etat raté, il n’y a rien de bon à attendre de ceux qui ont contribué au ratage de cet été.
Si demain nous apprenons que ces mêmes gouverneurs de province, à qui Kabila a filé la gestion du dialogue national, sont concernés par la plainte, à quoi bon confier un travail à un groupe de gouverneurs au sein duquel certains sont concernés par la plainte.
Le Congo a un problème sérieux à résoudre, celui de la direction. Quand ce problème sera résolu, le pays pourra repartir sur des nouvelles bases et pourra se reconstruire comme Etat, ses autres institutions, comme la justice, pourront avoir un début de fonctionnement moral.
Pour le moment, pour une grosse part, il s’agit d’une distraction, pour l’autre part, il s’agit d’un règlement de compte entre les amis, les copains et les coquins d’hier.
Sur l’acte de terrorisme contre les noirs à Charleston aux USA et la haine raciale
La haine raciale est un élément majeur dans la matrice organisationnelle des massacres, assassinats et guerres orchestrés par les USA.
La guerre menée contre le Congo est une guerre menée par la Grande-Bretagne et les USA et elle a coûté la vie à plus de 10 millions de congolais. C’est le pire des génocides que nous ayons connus depuis la deuxième guerre mondiale.
Sur Barack Obama et le racisme
Ils disent qu’ils vont imposer la liberté, la démocratie et qu’en tant que nation exceptionnelle, ils ont une mission morale d’aller imposer, à n’importe quel prix, la démocratie, la liberté et les droits de l’homme à d’autres peuples, et ce faisant, racistes qu’ils sont, ils exterminent les autres peuples.
Les américains cachent leur racisme, leur cupidité et leur mépris des autres, derrière des gros mots comme la démocratie, la liberté, la responsabilité de protéger, le droit d’ingérence. Mais ce qu’ils pratiquent c’est le racisme invétéré.
Sur les médias dominants et la réécriture de notre histoire
Si on veut lutter efficacement dans des réseaux de contre-propagande, il serait important de se passer des médias dominants pour mieux ouvrir les cerveaux et comprendre ce qui est en train de se passer dans le monde.
Notre attachement aux médias dominants fait partie de notre esclavage. Etre esclave pendant plus de 500 ans et rompre avec les chaînes de son esclavage, est un exercice difficile et délicat. Dieu merci, les minorités organisées et agissantes ont compris cela. Voilà pourquoi elles ont opté pour des médias alternatifs.
Qu’on n’aille pas nous dire que Lumumba a été assassiné parce qu’il était inexpérimenté en politique. Non. Il a été tué parce qu’il était un nègre qui pensait que la terre qui est en Afrique appartient aux Africains. La nation indispensable et exceptionnelle a dit : « Non. Toutes les terres nous appartiennent à nous ».
Les médias alternatifs ont intérêt à relire l’histoire pour la réécrire, la déconstruire, afin que nous puissions lutter contre la propagande et le décervelage pour pouvoir laisser aux générations futures des bases solides pour construire une autre Afrique et nous, un autre Congo.
Sur l’impuissance d’Obama et l’Etat profond anglo-saxon
Qui dit Etat profond américain, dit aussi toute cette industrie de l’armement et des pharmacies.
les africains doivent comprendre que les divisions qui nous fragilisent sont une strategie de ceux qui nous ruinent de nous maintenir sous leur joug.