Par Serge Gontcho di Spiritu Sanctu
Dans la grande équation de l’insécurité dans l’est, une question a divisé le Congo : d’un côté la population manifestant pour le départ de la MONUSCO, et de l’autre, les dirigeants politiques qui la défendait. La divergence totale observée entre le peuple et les dirigeants est plus significative qu’il y paraît ; elle est révélatrice en fait du vrai problème du Congo, cause première de tous nos problèmes : le néocolonialisme. Il n’y aura pas de solution à l’est tant que le néocolonialisme ne sera pas mis en échec.
Le colonialisme se définit, selon le dictionnaire, comme « une doctrine visant à légitimer l’occupation, la domination politique et l’exploitation économique de territoires par certains États ». L’Afrique a connu le colonialisme jusqu’aux indépendances de 1960, du moins officiellement. Où en est le Congo aujourd’hui ? L’occupation est toujours là, via des supplétifs locaux (les pays voisins), l’exploitation économique bat son plein (c’est le malheur de l’Est), et la domination politique est là, n’en déplaise. La colonisation a bien continué au-delà des indépendances formelles, en changeant seulement d’atours. Le néocolonialisme, c’est lui le vrai problème, et non Kagame et Museveni, et non les chefs des groupes armés, et non les frères députés du Grand Kivu actionnaires des groupes armés. Évidemment, nous ne dédouanons nullement toutes ces personnes, nous demandons plutôt pourquoi on veut s’arrêter seulement à eux.
Le néocolonialisme, c’est lui le vrai problème, et non Kagame et Museveni, et non les chefs des groupes armés, et non les frères députés du Grand Kivu actionnaires des groupes armés. Évidemment, nous ne dédouanons nullement toutes ces personnes, nous demandons plutôt pourquoi on veut s’arrêter seulement à eux.
Le plus subtil c’est le volet domination politique évoqué dans la définition. Oui, nos dirigeants politiques sont sous la domination néocolonialiste. Lorsque Félix Tshisekedi prend le parti de la MONUSCO contre son peuple, c’est la domination néocolonialiste. Lorsque le Président de l’Assemblée nationale préfère diriger la colère sur les députés du Grand Kivu en évitant soigneusement toute question relative à la MONUSCO, c’est la domination politique, puisqu’il détourne astucieusement la juste colère des manifestations contre sa première cible. Lorsque les opposants montrent les muscles contre Félix Tshisekedi et se font totalement silencieux face à la communauté internationale, c’est la domination politique. Gouvernants ou opposants, nos politiciens ont intégré dans leur esprit que le pouvoir s’obtient en Occident. Dès lors, quelle différence si tous sont serviteurs du néocolonialisme ? N’est-ce pas là une classe politique de distraction, qui amuse la galerie par un semblant d’opposition entre LAMUKA à CACH alors que tous sont aux mamelles de ceux qui leur donnent les moyens de mener une campagne à l’américaine ?
Mais le néocolonialisme va encore plus loin. Les élites en général, la société civile, même la plus respectable, sont aussi assujetties par le néocolonialisme par les financements venant d’Europe ou en Amérique. Et voilà qui explique le silence que l’on a observé de la part des grandes organisations de la société civile durant le bras-de-fer Population-MONUSCO. Dans ce combat, entre les puissances financières mondiales et les pauvres mais bakolo mabele, il n’y a pas de neutralité, et tout silence est coupable.
La trêve décrétée par l’état de siège nous aura au moins servi à réfléchir sur la question fondamentale et à indiquer une voie pour la deuxième mi-temps de notre lutte pour la paix. Il n’y a pas de solution dans la question de « l’Est », sans pointer du doigt le néocolonialisme. Ce sera désormais notre cheval de bataille, comme une suite logique de ce qui a été fait jusque-là. Le 30 juin 2021, dans un mois, on est censé fêter l’indépendance. Saisissons cette occasion pour lancer solennellement la lutte contre le néocolonialisme, sur les pas de Lumumba, Sankara et Magufuli. Celui qui se sent concerné peut nous contacter.
Serge Gontcho di Spiritu Sanctu (+ 243 81 27 22 490)
Conscience nationale en action (CNA)