1. Bref résumé du contexte des affrontements à Kitchanga entre les FARDC et LES APCLS
Les affrontements opposent à Kitchanga depuis ce mercredi 27 février 2013 à 5h, heures locales. les FARDC dirigées par le Colonel Mudahunga et les combattants des APCLS dirigés par le Général JANVIER. La tentative des APLS de fouiller le camp des déplacés de Kahe majoritairement occupé par les personnes qui sont rentrées du Rwanda a été à la base des affrontements avec les FARDC à Kitchanga. Les APLCS accusaient les réfugiés de détenir des armes à feu et auraient tué l’un de leur chef. Pour rappel, il y a deux semaines, les positions des APLCS avaient été attaqués dans la région et dont les assaillants seraient venus du camp des retournés de Kahe.
2. Le bilan des violations des droits humains.
Les combats ont surpris les populations dans leurs habitations et plusieurs n’avaient plus la possibilité de fuir. Les personnes dont les maisons étaient aux environs du camp de la MONUSCO ont pu se réfugier dans la base de casques bleus. Plusieurs personnes ont été tues et blessées et plus centaine des blessés sont admis et traités dans les hôpitaux de la ville de Goma .
Les dégâts matériels sont énormes. Plusieurs maisons ont été incendiées par des bombes des forces opposées. D’autres sources nous renseignent que les maisons dans le centre de Kitchanga ont été incendiées par les populations civiles qui seraient identifiées comme des retournés du camp de Kahe avec l’appuie de certains militaires FARDC. Des boutiques et magasins des commerçants ont été également pillés et incendiés par certains militaires FARDC à l’appuie aux personnes civiles qui seraient armées des armes blanches. Plus d’une cinquantaine de maisons appartenant aux civils ont été incendiées et pillées. On enregistre les mouvements de certaines familles vers le sud de Kitchanga sur la route Kitchanga-Sake à 27 km de la ville de Goma. Ces déplacements de plus des populations civiles viennent s’ajouter à une catastrophe humanitaire décriée dans la région avec plus 800.000 personnes déplacées et refugiées. Les parties au conflit, les FARDC et les APCLS devraient savoir que s’attaquer aux civils ainsi qu’à leurs biens quelque soit leur appartenance, sont des actes inacceptables et constituent des crimes au droit international humanitaire.
3. La situation sur le terrain ce Samedi 2 Mars 2013
La tension est encore alarmante sur terrain et les populations continues à fuir dans toutes les directions
4. Enjeux et perspectives
Cette crise est la énième raisons d’admettre que toutes les solutions militaires employées pour stabiliser le territoire de Masisi n’ont pas été adéquates et adaptées aux réalités locales et aux causes pertinentes de l’instabilité et des tensions ethniques perpétuelles dans cette zone de la province du Nord-Kivu. La peur de vivre ensemble caractérise les communautés locales du Nord Kivu. Pourquoi ?
La République Démocratique du Congo et la région du Kivu en particulier est sous l’emprise de plusieurs crises depuis une décennie. Les conflits entre les ethnies sont la principale cause qui semble être négligée des affres connues depuis lors dans cette région. Vers les années 1993, les communautés ethniques au Nord Kivu se sont entredéchirées. La cohésion sociale a été rompue suite à l’intolérance et à l’occupation des terres. Différentes forces d’autodéfense ont été créées. D’une part, les Hutus et les Tutsis étaient réunies dans le MAGRIVI «Mutuel des Agriculteurs des Virunga ». Et d’autre part, les Hundes, les Nyanga, les Tembo et les Nandes étaient protégés par les groupes traditionnels d’autodéfense Mai Mai. Pendant que le régime de Mobutu était en perte de vitesse, pour espérer contrôler la situation au Nord Kivu, il a porté son soutien au MAGRIVI contre les rebelles qui incarnaient l’espoir de quatre autres communautés. C’est ainsi que la situation s’était enlisée par des massacres inouïs et qui n’ont jamais été punis.
En 1994, l’entrée massive des refugiés hutus rwandais sur le territoire de la RDC (ex Zaïre) a empiré la situation déjà explosive. Des milliers des citoyens tutsis vivant au Congo avaient décidé de rentrer au Rwanda après la prise du pouvoir par le Front Patriotique Rwandais (FPR) par peur des représailles de la part des refugiés hutus.
En 1996, avec l’entrée de l’Alliance de Force Démocratique pour la Libération du Congo (AFDL) dirigée par le feu Président Laurent Désiré Kabila, la situation s’est empirée de plus en plus. Les forces combattantes de l’AFDL étaient majoritairement composées des jeunes tutsis qui avaient fuis l’ex Zaïre après l’entrée massive des refugiés hutus rwandais. Pendant cette campagne de conquête du Zaïre, il y eut certainement la commission des crimes graves contre les populations civiles4 dont des règlements de compte à caractère tribal.
En 1998, suite à la collision des intérêts entre les ténors de l’AFDL, le Rassemblement congolais pour la Démocratie RCD Goma, mouvement rebelle téléguidé par le Rwanda, fut créé à dessein de changer le régime. Au cours de cette période, la tension ethnique fut remontée. Les tutsis et les hutus qui étaient majoritaires dans les forces du RCD, ont commis des représailles contre les autres communautés rivales. C’est ainsi que, pour se protéger contre cette cruauté, ces dernières se sont regroupées au tour des mouvements d’autodéfense locales Mai Mai.
En 2004 le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) fut créé pour défendre la cause des tutsis en République Démocratique du Congo. La ville de Bukavu fut conquise pendant un mois en juin 2004 par les forces du CNDP pour protéger les tutsis des menaces qu’ils seraient l’objet.
Pendant cette occupation, plusieurs crimes de violations des droits humains furent commis notamment les viols des femmes. Jusqu’en 2009, la situation s’est détériorée. Le CNDP a imposée une guerre sans précédent dans cette région. Les territoires de Masisi, de Rutshuru et de Nyiragongo avaient été les plus affectés.
Une catastrophe humanitaire sans précédent a été vécue dans la région. Les déplacements des populations de leurs foyers, les viols des femmes, l’enrôlement des enfants dans les forces et groupes armés. La plus grande mission du CNDP était de protéger la population Tutsi ainsi que leurs intérêts liés à la terre et à l’identité, etc. Dès lors, les autres groupes ethniques s’étaient estimés menacés. Et aujourd’hui on a le M23 depuis avril 2012 qui provoque aussi ses conséquences sur la cohésion communautaire, locale, nationale et régionale.
Ainsi, chacun est resté en train de réfléchir sur un mécanisme tribal d’autodéfense armé contre le CNDP qui incarnait la voix des tutsis congolais. Depuis lors, la cohabitation pacifique entre les communautés locales est difficile. Les gens développent une culture d’hypocrisie et de vengeance à l’absence d’un mécanisme de réconciliation et de vérité.
C’est pourquoi il est une nécessité de construire la paix sociale et la cohabitation pacifique par un dialogue social dont le but est d’amener les peuples à se rapprocher, à se pardonner et à accepter de vivre ensemble dans la perspective de la justice et du développement communs.
Ainsi les gens, les communautés locales à la base vont vaincre la peur de vivre ensemble. La communication ouvrira le cadre d’échanges avec les communautés locales à la base, les leaders coutumiers, les leaders de confessions religieuses, les autorités locales et autres ; et particulièrement avec les jeunes et les victimes centre d’espoir pour la réconciliation, la paix, l’avenir et le développement, qui constituent à ces jours, l’une des couches vulnérables à la persistance de l’intolérance et de la discrimination tribale en leur donnant la possibilité de participer à toutes les démarches de la paix et de la cohabitation pacifique par le dialogue social.
Fait à Goma le 2 Mars 2013
Pascal Mugaruka, Président.
Web: www.africareconciled.org
Email: info@africareconciled.org