Par Bénédicte Kumbi Ndjoko
Qu’un Congolais meurt à Kiwanja, à Beni, à Erengeti, dans le village de Kamwina Nsapu, à Kinshasa cela importe peu, pourvu que les Congolais meurent.
Hier nous étions tous suspendus qui à un mot de nos familles, qui à un mot de nos amis. Nous lisions les dépêches, regardions les images de sang se répandre sur nos écran. Nous entendions le cri de notre peuple dire assez, n’ayant que pour seule arme son courage et sa volonté d’en finir avec un régime honni, cynique et meurtrier. Au milieu de ce tumulte, il y avait le silence.
Silence d’un mercenaire engagé pour en finir avec le Congo-Kinshasa, le Congo de Lumumba. Tout président soucieux de son peuple aurait fait une déclaration où qu’il soit, à l’endroit de son peuple pour lui demander de revenir au calme, pour le rassurer, voir annoncer sa démission pour l’intérêt supérieur de la nation.
Silence de la part des chancelleries occidentales qui par la voix de leurs caisses de résonance que sont leurs journaux, leurs télévisions, se sont dit préoccupés de ce qui se passait au Congo-Kinshasa, au Congo de Lumumba. Le peuple, il s’en fichaient, son cri, ils s’asseyaient dessus au nom d’une logique implacable qui est celle de la préservation de leurs intérêts. Qu’un Congolais meurt à Kiwanja, à Beni, à Erengeti, dans le village de Kamwina Nsapu, à Kinshasa cela importe peu, pourvu que les Congolais meurent.
Ce silence devrait parler à tout congolais qui met encore quelques espoirs dans cette mal nommée communauté internationale. Ce silence qui est un crachat envoyé à la face du peuple congolais devrait lui montrer qu’Addis Abeba, que la résolution 2277 ne sont que des leurres qu’ont leur jette comme l’on jette un os à ronger à une meute de chiens. Qu’ils s’en occupe, qu’ils se le dispute pendant que l’on prépare les collets pour les attraper avant de les piquer.
L’histoire peut être un éternel recommencement, mais c’est aussi cet oeil qui ne dort pas qui veille l’humanité à chaque moment, qui parfois peut aussi être juge, débusquer les silences, les forfaitures pour réenterrer les morts dans la dignité.
Silence encore de la part des Africains dans leur majorité. Silence auquel nous nous sommes habitués depuis toutes ces années de souffrance qui ne font pas le poids face aux rues propres de Kigali devenues proprement un fantasme africain. Pourquoi s’intéresser à de pauvres bougres qui personnifient selon eux la défaite de l’Afrique servile, Afrique inféodée à laquelle ils aspirent pour avoir des bases militaires de l’Africom et l’espérance partant d’avoir une autoroute, des évangélistes Américains et remplacer le crédo des ancêtres gaulois par la lecture de la Case de l’oncle Tom.
Silence enfin d’une partie des Congolais qui condamnent les pillages et fustigent les leurs car ils n’ont pas fait preuve de civilité. Ces juges appointés le 19 Septembre 2016, aspirant hommes d’affaires, titre honorifique et convoité par tous les pilleurs de la République, ont effacé de leur mémoire les massacres de Lemera; ont certainement dû considérer qu’il était juste de donner le commandement de l’armée congolaise à James Kabarebe, un Rwandais; se sont dit que plus 500 000 femmes violées au Congo c’est un détail de l’histoire; que faire des enfants des soldats c’était une forme de rééducation des têtus; que les les Congolais qui sont devenus des réfugiés dans leur propre pays partaient certainement en villégiature; qu’une armée loyale, patriote, responsable que l’on assassinait où que l’on ridiculisait sur le champs de bataille ne savaient juste pas se battre; que si le peuple mourrait de faim et de maladie c’était parce que c’était des paresseux; qu’un gouvernement qui n’avait jamais gagné aucune élection et qui s’est toujours maintenu dans le crime et le sang ne faisait qu’appliquer la loi du plus fort et il devait être admiré pour ça.
L’histoire peut être un éternel recommencement, mais c’est aussi cet oeil qui ne dort pas qui veille l’humanité à chaque moment, qui parfois peut aussi être juge, débusquer les silences, les forfaitures pour réenterrer les morts dans la dignité.
Bénédicte Kumbi Ndjoko