Par Jean-Pierre Mbelu
Dans la deuxième partie de cet article, nous avons essayé d’indiquer comment il pourrait nous être difficile de devenir autonomes dans un pays téléguidé de l’extérieur. Dans cette dernière partie, nous pensons qu’il y a des luttes d’émancipation (qui se mènent et) à mener pour rompre avec le principe d’hétéronomie et les croyances mythiques en des « bienfaiteurs extérieurs », ‘’fanatiques’’ de nos beaux yeux. Une bonne partie de la jeunesse congolaise (se joignant aux minorités organisées et résistantes) donne de plus en plus des signaux positifs dans la compréhension des enjeux de notre tragédie et pourrait constituer un espoir pour le Congo de demain.
Il ne nous semble pas possible d’accéder à une véritable alternance politique en RDC sans un immense effort de changement de croyance dans le principe d’hétéronomie et une thérapie de choc re-civilisatrice.
Cette alternance ne pourrait rien dire, même si elle est portée par « une Congolaise ou un Congolais pur jus », si elle évite d’analyser et de trouver une réponse citoyenne à la question fondamentale de l’étatisation des secteurs stratégiques pourvoyeurs de richesses dans notre pays. Ici, les dés semblent piper. La peur de rompre avec les IFI tétanise « les nègres de service ». Un leadership responsable pourrait y arriver si, dans sa vision du Congo demain portée par les masses populaires, il intègre la justice sociale conduisant à l’appropriation des biens collectifs tels que la terre, l’eau, l’éducation, la santé, l’électricité, etc.Pour dire les choses autrement, une alternance politique responsable ne peut pas se faire sur fond d’un système économique lié au capitalisme du désastre. Elle peut être initiée et ne s’achever que si ses initiateurs confèrent à leur politique (ou au vivre-ensemble) une autre matrice organisationnelle. (Les initiateurs du Manifeste convivialiste[2] pensent, par exemple, à une matrice « convivialiste » ; c’est-à-dire fondée éthiquement sur (entre autres) le principe de commune humanité, , le principe de commune socialité et le principe d’opposition maîtrisée. Les socialistes du XXème siècle , eux, essaient de la fonder sur le coopérativisme et le solidarisme.)