Alors que les combats s’intensifient près de Goma, l’analyste politique Jean-Pierre Mbelu rappelle la véritable nature de la guerre du M23, nous apporte un éclairage sur le mode de fonctionnement des USA, le véritable agresseur de la RDC, et nous explique pourquoi il nous est indispensable d’investir dans les lieux de réflexion et s’y investir pour renverser la donne.
Sur la véritable nature de la guerre du M23
La guerre du M23 (qui est une fabrication rwandaise) participe de la grande guerre d’agression, dénommée guerre de basse intensité qui nous est imposée par les USA et leurs alliés. Il ne faut jamais perdre cela de vue.
Sur les objectifs de cette guerre
Les commanditaires de cette guerre qui utilisent le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi avec les chevaux de troie qui sont à Kinshasa ne peuvent pas arrêter la guerre qu’ils ont déclenchée sans avoir atteint leurs objectifs. Ces objectifs sont entre autres: le pillage de nos matières premières stratégiques, l’émiettement du Congo en de petits Etats inefficaces et faibles pour pouvoir faire du Congo uniquement un réservoir de matières premières.
Sur la finalité des rapports des Nations Unies
Ce sont des rapports concoctés pour nous divertir et nous éviter d’aller aux questions essentielles. L’une de ces questions est: Pourquoi les USA et leurs alliés entretiennent-ils cette guerre de basse intensité alors que les questions auxquelles ils voudraient avoir des réponses peuvent avoir leurs réponses en marge de la guerre? S’ils veulent avoir accès à nos matières premières, il y a le commerce international pour organiser cela. Mais comme ces pays sont dominés par des multinationales qui tiennent à un profit maximal pour des dépenses minimales, ils estiment que c’est mieux de passer par la guerre, en restant cachés dans l’ombre. Pourquoi veulent-ils procéder par le pillage et la prédation au lieu de passer par les voies normales du commerce international?
Sur les annonces de sanctions des USA (cas Makenga entre autres)
Les USA savent ou estiment à partir de leurs think-tank que nous ne lisons pas et que nous ne connaissons pas la nature de la guerre qu’ils nous livrent et nous donnent donc ce genre d’informations lacunaires pour nous divertir. Chaque fois que nous prenons ces gens au sérieux, les Makenga, Kaberebe, Kabila, Kagamé, nous tombons dans le piège de ceux qui orchestrent la guerre au Congo. Ces gens là n’ont aucun pouvoir. Le jour où nous serons capables de discuter directement, en changeant les rapports de force, avec les acteurs pléniers de cette guerre, là on nous prendra au sérieux.
Sur le combat intellectuel à mener
Notre problème est que nous agissons par à coup. Nous n’avons pas de lieu pour penser. Nous ne pouvons pas nous contenter de réagir à ce qui nous arrive. Il faut mettre en place des lieux de réflexion et prendre le temps de la réflexion parce que tous ces pays, notamment les USA, ont des think-tank efficaces. Nous ne finançons pas les lieux de la pensée et on ne changera pas le Congo en agissant par à coup dans la rue. Parce que tout ce qui nous arrive est pensé. Rien de ce qui nous arrive n’arrive par hasard. Tout est pensé à court, moyen et long terme.
Sur le docteur Mukwege
Je crois qu’il a tout dit à la 25ème assemblée des Nations-Unies. Il n’y a de volonté politique ni de la part de ceux qui prétendent diriger le Congo aujourd’hui, ni de la part de la communauté internationale, qui n’a aucun intérêt à voir cette guerre prendre fin. Comment voulez-vous ensuite qu’on laisse en paix, une personne faisant de telles déclarations?
Maintenant, le jeu auquel le docteur Mukwege risque de se faire prendre est de croire que ceux qui le font promener à travers différentes conférences prennent soin de lui, parce qu’il fait du bon travail. Non. C’est parce qu’ils doivent contrôler tous ses faits et gestes, parce qu’il pourrait trahir les secrets des véritables commanditaires de cette guerre. Au final, il est en résidence surveillé. il est mieux surveillé en Europe qu’au Congo.
Sur la communauté internationale et nous, congolais
Nous devons, nous congolais, nous mettre en tête que la communauté internationale nous voudrait voir morts et prendre notre pays pour s’en servir comme réservoir de matières premières. Ils peuvent lécher les pieds du Docteur Mukwege mais ils ne nous aimeront jamais.