L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu décrypte le débat à huis-clos au parlement congolais sur «l’insécurité à Beni » dans le contexte d’un Etat raté et de l’impuissance organisée au Congo, suggère de pouvoir travailler au renversement des rapports de force, met en perspective le processus d’extermination des congolais, et explique pourquoi nous devons créer davantage des lieux du savoir où les questions qui se posent à nous peuvent être approfondies et les propositions de solutions des compatriotes étudiées.
Sur le débat à huis-clos au parlement congolais sur «l’insécurité à Beni »
Si nous avions des institutions responsables, dans chaque province du Congo, un débat public aurait pu être organisé pour permettre aux congolais de se saisir de la question. Il n’y a même pas de manifestation publique organisée par les institutions du pays pour pouvoir éveiller la conscience congolaise à cette question sensible. Il ne faut pas être un grand clerc pour comprendre que ces institutions là sont complices de ce qui se passe à l’Est du pays. La meilleure chose à faire serait de rompre avec ces institutions complices de ce qui se passe dans l’Est du pays.
Sur l’impuissance organisée
Sur la formation à la citoyenneté
Il y a un travail de formation à la citoyenneté, qui devrait être mené pour pouvoir éveiller les consciences et aider les compatriotes à comprendre que nous n’avons pas d’autre pays que celui-là. Si nos terres sont dépeuplées à l’Est, petit à petit, elles finiront par être dépeuplées ailleurs dans le pays. C’est aujourd’hui, ici et maintenant, que nous devons pouvoir nous mobiliser comme un seul homme pour mettre fin à ce dépeuplement là.
Sur le renversement des rapports de force
Il y a comme une priorité de pouvoir renverser les rapports de force, résoudre la question de la direction du pays et puis voir comment procéder à cette éducation qui pourra petit à petit à aider à l’éveil des consciences.
Sur le sens du conflit et la citoyenneté
Le conflit traduit aussi nos limites cognitives. Nous n’avons pas toujours une même compréhension ou un même approfondissent des questions.
Nous devrions beaucoup plus aller vers la mise sur pied de collectifs citoyens qui instituent le débat, la délibération et la participation citoyenne comme un droit, et un écueil à gérer.
Sur les questions liées à la guerre de l’AFDL
Au lieu de nous entraîner dans un faux processus dit démocratique, nous devrions de ces questions et trouver comment créer des espaces de sécurité et des fédérations sécuritaires, et petit à petit, nous ouvrir petit à petit à l’intégration politique, économique, sociale et sécuritaire.
Sur l’extermination des congolais
Il ne faut pas oublier que parmi les gens qui interviennent à l’Est du Congo, il y a le fils d’un homme, Warren Buffet, qui a dit ceci : Nous les riches, nous sommes en guerre contre les pauvres et nous sommes en train de la gagner. Par moment, nous sombrons dans une confusion qui nous fait croire que les nègres de service que l’on trouve dans certaines institutions peuvent se mettre du côté des populations paupérisées. Non, ils ont choisi le camp des dominants. Ils sont utilisés par les dominants qui exterminent les pauvres.
Sur notre faiblesse
Ceux qui sont en face de nous, commencent d’abord par créer des paradigmes et des idées. Il crée des lieux du savoir et de la fabrication des idées. Nous ne pouvons pas nous contenter de costumes-cravates et de poser à côté des envoyés spéciaux. Créons davantage des lieux où les questions qui se posent à nous peuvent être approfondies et les propositions de solutions des compatriotes étudiées. Sinon, nous allons tout le temps reconduire les solutions des autres et tomber dans le larbinisme qui nous conduit à croire que nos bourreaux peuvent, à force de nous voir pleurer, devenir nos sauveurs.