Par Jean-Pierre Mbelu
Pour avoir cru dans la lutte pour la dignité humaine et les libertés fondamentales, nos compatriotes, Floribert Chebeya et Fidèle Bazana ont payé de leur vie dans un pays qui, par ‘’inversion sémantique’’, voudrait se faire passer pour ‘’une jeune démocratie’’. Il est bon de savoir que leurs compagnons de lutte leur sont restés solidaires ; contre vents et marées. Paul Nsapo Mukulu en est un. Leurs multiples sacrifices pourraient porter du fruit. Telle est notre espérance !
Des sources sûres nous informent que Dakar pourrait devancer Kinshasa en procédant à l’ouverture du procès sur le double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana ce mardi 26 août 2014. Les organisations citoyennes congolaises, les veuves et les enfants de ces deux compatriotes seraient déjà en route pour le pays de Macky Sall.
A leurs yeux, la justice congolaise a perdu toute crédibilité dans la mesure où elle n’a pas pu mettre la main sur les auteurs matériels et intellectuels de ce double assassinat. Au contraire, elle a donné l’impression de les couvrir et de les protéger. Les tentatives d’enlèvement de l’épouse de Paul Mwilambwe par deux des auteurs présumés de cet assassinat semblent confirmer les appréhensions des organisations citoyennes congolaises et des familles des compatriotes Chebeya et Bazana.
Les enquêtes qu’elles ont menées et les preuves dont ils disposent pourraient contribuer à l’avancement de ce dossier et à mettre en mal certaines ‘’autorités morales ‘’ du Congo-Kinshasa. Celles-ci se seraient trompées d’époque et de cible. Elles auraient sous-estimé la capacité d’action de certaines organisations citoyennes congolaises et l’engagement des compatriotes opérant en leur sein. C’est ici l’occasion de rendre hommage à ces ‘’minorités organisées’’ qui, malgré leurs limites, n’ont ménagé aucun effort pour mettre les veuves et les enfants de nos deux compatriotes en lieux sûrs, aider Paul Mwilambwe ainsi que son épouse à partir du Congo-Kinshasa et mobiliser certaines organisations internationales afin qu’elles prennent en compte la cause de Chebeya et de Bazana.
‘’Ces minorités organisées’’ ont, par respect pour la dignité humaine et les libertés fondamentales, transcender les frontières des tribus et ethnies congolaises ; elles ont cru en la fraternité nationale. Elles demeurent une référence dans la lutte pour le triomphe des valeurs de la dignité et de la liberté des peuples. En leur sein, certains compatriotes ont failli, au nom de leur engagement, sacrifier certains membres de leurs familles vivants au Congo-Kinshasa. Espérons qu’ils pourront participer à l’achèvement de ce procès dont ils n’attendent plus rien de Kinshasa.
Annie Chebeya avait juré qu’elle allait se battre jusqu’à la dernière goûte de son sang pour que la vérité sur la mort de son mari éclate au grand jour et que les coupables répondent de leur forfait. Dieu merci ! Elle est encore debout et elle se bat !
Mbelu Babanya Kabudi