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Peut-on justifier l’irréparable par la jeunesse de la démocratie en RDC ?

Peut-on justifier l’irréparable par la jeunesse de la démocratie en RDC ?

Peut-on justifier l’irréparable par la jeunesse de la démocratie en RDC ? 605 397 Ingeta

Par Kwakwa Faustin, Docteur en théologie & Master en sciences politiques. Source: Congoindependant.com

Plus d’une fois, nous avons entendu plusieurs acteurs politiques de la Majorité au pouvoir, évoquer l’état de jeunesse de la démocratie congolaise pour justifier et légitimer les affres du pouvoir, les atteintes multiples aux droits humains et la mauvaise gouvernance… Nous devons savoir que la démocratie ne se définit pas d’abord par le facteur temps qu’on doit mettre pour la construire ou la bâtir, mais elle est d’abord un état d’esprit, une volonté politique imprégnée des convictions dans les valeurs qu’elle incarne et auxquelles on adhère.

Plus d’une fois, nous avons entendu plusieurs acteurs politiques de la Majorité au pouvoir, (le Premier ministre, le Président de l’Assemblée nationale, le ministre de l’information pour ne citer que ceux-là), évoquer l’état de jeunesse de la démocratie congolaise pour justifier et légitimer les affres du pouvoir, les atteintes multiples aux droits humains et la mauvaise gouvernance. Aux différentes prises de position du Président français stigmatisant la gestion du système démocratique dans ce pays, ces personnalités n’ont eu pour argument de réponse que l’invitation à être compris parce que la R.D.C était « une jeune démocratie ». Nous ne pouvons laisser sous silence une telle aberration encore moins tolérer une telle attitude teintée de légèreté et d’irresponsabilité dans la gestion d’un Etat. Faudra-t-il encore rentrer à l’école pour apprendre ce que sont la démocratie et l’exercice du pouvoir ou alors assumer sans se disculper les conséquences des actes qu’on pose en âme et conscience ?

Si nous disons que le Congo est un pays démocratique ou mieux que nous voulons en faire un pays démocratique, nous devons savoir que la démocratie ne se définit pas d’abord par le facteur temps qu’on doit mettre pour la construire ou la bâtir, mais elle est d’abord un état d’esprit, une volonté politique imprégnée des convictions dans les valeurs qu’elle incarne et auxquelles on adhère. Si le système démocratique peut varier d’un Etat à un autre, l’esprit démocratique demeure et il est commun à tous. On prétend que la RDC est une jeune démocratie pour justifier les atteintes aux valeurs démocratiques, que dira-t-on alors du Ghana ? Du Brésil ? Du Sénégal ? Nous devons nous interroger: comment les pays, récemment encore qualifiés de dictatures, s’en sont-ils sortis au point d’être cités en exemple.

Nous affirmons que la démocratie est un état d’esprit. Il faut la vouloir pour la pratiquer. Ou bien on l’accepte et on l’instaure dans le respect de tout ce qu’elle implique, ou alors on n’en veut pas et on le traduit par la dictature qu’on instaure. Il n’y a pas de demi-mesure.

Au Brésil, toutes les couches de la société avaient combattu la dictature militaire, et les premières élections organisées conduisirent Lula au pouvoir. Cet homme qui croyait à l’instauration de la démocratie et qui incarnait les aspirations du peuple n’a pas mis 5 ans pour la faire advenir. Contre vents et marrées, il a résisté aux adversités. A la fin de son deuxième mandat, bien que plébiscité de 85% d’intentions de vote, il a laissé la place à quelqu’un d’autre. A son accession au pouvoir au Ghana, le Capitaine Rwolings avait promis de le rendre aux civils dans les meilleurs délais une fois le socle de la démocratie bâti. Trois ans après, il a tenu parole et a propulsé le Ghana sur le chemin de la démocratie qui fait de lui aujourd‘hui un des exemples en Afrique. En quittant le pouvoir, cet ex-grand président n’avait même pas une résidence privée pour lui. L’Etat devait lui trouver une maison.

Dans ce monde, partout où la démocratie s’est installée, elle a toujours été le fait d’une volonté politique des hommes, voire le fait d’une politique volontariste pour l’instaurer. C’est d’abord la mission de ceux ou de celui qui détient le pouvoir et l’inculque après au peuple. Au Congo, on a déjà mené la lutte contre la dictature. Le peuple congolais a déjà exprimé sa volonté de vivre dans la paix, la justice, la tolérance, l’égalité et la liberté. Ce sont là les valeurs qui fondent la démocratie. Nous pouvons bien dire que du point de vue de la base, les conditions de possibilité sont établies afin de favoriser l’avènement d’une telle société. Qu’est-ce qui fait défaut à son émergence ? Loin de recourir aux subterfuges et faux-fuyants, le Congo manque d’hommes ou plus particulièrement n’a pas encore à sa tête l’Homme charismatique apte à le propulser à ce type de société tant attendue et désirée par son peuple.

La démocratie est un état d’esprit, elle est une culture.

– elle recommande que celui qui vient au pouvoir soit capable de reconnaître qu’il n’a pas le monopole de la vérité, que le pouvoir ne lui appartient pas en propre, mais qu’il le reçoit de la politie (la société politique). Il doit donc l’exercer pour réaliser les objectifs de cette dernière. Il n’est donc pas l’indispensable sans lequel tout s’écroule.

– L’Elu n’a pas à prendre le peuple en captivité en s’accrochant au pouvoir alors que la confiance lui est retirée par la voie des urnes ou que son mandat est terminé ;

– Prendre conscience que la légitimité du pouvoir provient du respect des règles fonctionnelles de la démocratie mais aussi de ses valeurs principales. On ne peut bâtir la démocratie si on ne place pas la loi au-dessus de tous. Le respect de la loi et l’égalité de tous devant elle, constituent le socle fondamental d’une société démocratique.

Il faut croire à ces valeurs, les vivre soi-même et les promouvoir. Ce n’est donc pas le fait d’être jeune en démocratie qui empêcherait des acteurs politiques d’un pays donné à instaurer et à faire respecter les valeurs démocratiques. La confiscation des libertés citoyennes telle que vécue au Congo ; les atteintes aux droits humains jusqu’aux assassinats de certaines personnes jugées gênantes par le pouvoir, la manipulation de la Constitution au gré d’un individu et la planification de la tricherie dans les élections ; l’exaltation d’un individu au détriment de l’Etat et de ses institutions ; l’érection d’un individu au rang de « Papa Noël » dont les quelques actions réalisées sont considérées comme des dons offerts à la Nation ; l’instrumentalisation de la justice au profit de certains individus ; la corruption érigée en système étatique de gestion ; la réduction d’une frange de l’armée nationale et des services de sûreté en milice privée bien équipée alors que celle qui doit veiller à la sécurité nationale est dépourvue de tout, « clochardisée »; l’arrogance et le manque de respect à l’égard de l’opposition politique ; etc.

Tout ceci est-il dû au fait que le pays est une jeune démocratie ? Quel esprit épris de bon sens peut l’admettre. C’est plutôt dû au fait qu’il n’y a pas d’abord de volonté politique réelle pour instaurer ladite démocratie. Ensuite, c’est le fait de la cupidité qui habite les parvenus, les arrivistes pour qui la politique est devenue le lieu par excellence d’enrichissement arrogant. Sans vision politique réelle, sans sens de leadership, ne sachant comment répondre aux aspirations du peuple, on multiplie des fautes, et on monte des stratégies anti démocratiques afin de demeurer au pouvoir. On espère ainsi ne jamais avoir la possibilité de rendre compte à qui que ce soit. Erreur, l’expérience nous apprend le contraire. Qui que l’on soit, quoi qu’on fasse, un jour ou l’autre, on aura à répondre si pas devant le peuple, mais devant l’Histoire à moins qu’on n’ait aucun sens de dignité et d’honneur pour ne pas en tenir compte et se laisser interpeller.

 

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