Par Mufoncol Tshiyoyo
Pour le Congo-Kinshasa, le plus grand bonheur est de nous battre contre des monstres titanesques, tout le sens même de notre existence…
« Nous, on est riches, parce que nous sommes en train d’appauvrir l’Afrique de nouveau, l’Amérique latine, l’Asie. Nous sommes les responsables de ces millions de morts… »
– Riccardo Petrella, auteur de « Au nom de l’humanité – L’audace mondiale »
Les propos repris ci-dessus, qui servent d’introduction à la présente réflexion, sont de l’Italien Riccardo Petrella. Et s’il faille se conformer à la mode de l’ordre dominant, Riccardo Petrella se fera designer à la fois comme un politologue et comme un économiste. Cette tentation nous la laissons à ceux qui s’y abreuvent. La vie est déjà plus embrouillée avec des titres qui souvent ne résolvent rien en dehors du fait qu’ils la compliquent davantage.
Dans une vidéo qui circule sur le net, et que plusieurs connaissances, dont l’un est un ami journaliste, nous ont fait parvenir via « inbox », Riccardo Petrella n’y va pas avec le dos de la cuillère dans ses sorties publiques.
Il parle carrément d’un « Nous » dont il a courage de nommer tout en se pointant du doigt. Lui, y compris. Riccardo cite l’Europe, il désigne l’Occident dans son « Nous », étant donné que le nom de la France et celui des États-Unis y sont nominalement repris. Nous pouvons affirmer sans risque d’être contredit que son « Nous » porte une identité reconnue comme telle et qui plus est identifiable.
Le privilège des puissants
En se désignant et en se montrant des doigts, Riccardo affirme ce que nous savons déjà, et ce depuis toujours. Sauf que nous ne sommes pas entendus par les nôtres au nom de qui nous parlons. Même si être entendu, – par qui ? -, importerait peu. Le plus important à nos yeux est de prendre le temps dans l’avènement de notre agir. Pour ce qui de Riccardo, qu’il soit Italien ou pas, européen ou pas, c’est ce qui sort de sa bouche, puisque c’est ce qui tue, qui interpelle notre conscience d’homme qui considère et part de son propre paradigme.
Les guerres contre la Libye, l’Irak, la Syrie sont de la même nature que la boucherie du mercenariat rwandais au Congo-Kinshasa. Ce sont les mêmes au nom de qui des Congolais sont tués et meurent chaque jour. Est-ce que ce péché a un nom, celui de déclarer tout haut que les Autres nous massacrent.
C’est son refus de l’hypocrisie qui frappe notre intelligence. N’est-ce pas que c’est le privilège des puissants pour qui tout est permis. Il n’y aura pas de représailles contre lui. Et qui le fera aussi longtemps qu’il est considéré comme un de leurs même s’il se caractérise par le culot de les dénoncer. Nous nous demandons où est la place du droit pour ceux qui entonnent cette musique académique du droit, et qui font du juridisme juste pour se mettre en vedette au même titre que les chauffeurs de taxi dans le roman Kocoumbo l’Etudiant Noir d’Aké Loba. Ils claxonnent sans motifs valables. Il n’y a pas de droit là où la force est absente. Triste réalité.
L’évangile selon Riccardo affirme notamment : « Les Guerres qu’on est en train de faire, c’est quoi ? C’est parce qu’ils nous ont attaqués ? Qui ? Quand Sarkozy a bombardé la Libye, aucun libyen n’avait attaqué la France. […] Quand les Américains ont bombardé l’Irak, parce que c’était l’ennemi du mal. […] La guerre ne se fait plus parce qu’on tue l’ennemi. La guerre est une activité économique la plus rentable. On fait la guerre parce que c’est rentable », fin de citation. Et on sait trouver l’intégralité de son interview sur le site « pour écrire la liberté ». Les guerres contre la Libye, l’Irak, la Syrie sont de la même nature que la boucherie du mercenariat rwandais au Congo-Kinshasa. Ce sont les mêmes au nom de qui des Congolais sont tués et meurent chaque jour. Est-ce que ce péché a un nom, celui de déclarer tout haut que les Autres nous massacrent.
Sauf que quand c’est nous qui le clamons, certaines voix nous baratinent en nous accusant de tous les noms. Elles nous font comprendre combien elles nous adoreraient si seulement nous nous éloignerions de ce que leur éducation académique corrompue, de ce que leur culture idéologique et politique appelle la violence, la radicalité ou le radicalisme. Nous n’avons jamais saisi tout le sens de de « radicalisme » alors que nous ne faisons qu’exprimer la souffrance que notre peuple endure. C’est toujours dans le même cadre d’autres nous insultent alors que leurs insultes ressemblent fort bien à la boue dans laquelle ils se noient eux-mêmes.
Nous avons décidé de nous battre contre des titans et des monstres
Contre ce genre de comportement et de discours, Balzac que nous paraphrasons nous fait la recommandation suivante : « Ne craignez pas de vous faire des ennemis ; malheur à qui n’en a pas dans le monde où vous allez ; mais tâchez de ne donner prise ni au ridicule ni à la déconsidération ; je dis tâchez, car à Paris un homme ne s’appartient pas toujours, il est soumis à de fatales circonstances ; vous n’y pourrez éviter ni la boue du ruisseau, ni la tuile qui tombe. La morale a ses ruisseaux d’où les gens déshonorés essaient de faire jaillir sur les plus nobles personnes la boue dans laquelle ils se noient. Mais vous pouvez toujours vous faire respecter en vous montrant dans toutes les sphères implacables dans vos dernières déterminations », Honoré de Balzac dans « Le Lys dans la Vallée ».
Nous nous sommes déjà fait notre idée à partir de ce que vit le peuple du Congo au nom duquel nous sommes engagés dans la lutte de sa gloire. Nous ne voulons pas mener de petites batailles, contre des « ennemis » de petites dimensions, des fusibles, de trompe -œil, des chiens de garde. Ce genre de combat, nous le laissons à tous ceux qui nous vendent l’illusion que leur monde est si merveilleux quand il a cessé de l’être.
Nous ne nous en foutons pas pour le plaisir de ce que nous sommes. Loin de là. C’est plutôt parce que nous avons intériorisé le fait que « La disposition de l’homme au sacrifice, au renoncement ou au don, est la condition majeure sous laquelle il peut conférer du sens à sa propre vie, autrement définie par les seuls codes de la biologie », leçon de Jean- Claude Michéa tiré de son livre « L’enseignement de l’ignorance et ses conditions modernes ».
Bref, pour le Congo-Kinshasa, nous nous sommes déjà fait notre idée à partir de ce que vit le peuple du Congo au nom duquel nous sommes engagés dans la lutte de sa gloire. Nous ne voulons pas mener de petites batailles, contre des « ennemis » de petites dimensions, des fusibles, de trompe -œil, des chiens de garde. Ce genre de combat, nous le laissons à tous ceux qui nous vendent l’illusion que leur monde est si merveilleux quand il a cessé de l’être même dans la fantaisie du genre Game of Thrones de George R. R. Martin. Pour les uns, courir après les maîtres suffit. Ils peuvent se contenter, et ce n’est pas certain non plus, juste de ce qui leur serait servi. Nous voulons quant à nous de tout, grand, le Congo dans sa dimension globale. C’est pourquoi nous avons décidé de nous battre contre des titans et des monstres.
Likambo oyo eza nde lilambo ya mabele…
Mufoncol Tshiyoyo,
MT & Associates Consulting Group