L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu décrypte, à travers les massacres de civils à Beni, le processus d’occupation, balkanisation et extermination des congolais, rappelle comme les discours de Mende et Kabila, au cours de ces 10 dernières années, se ressemblent à dessein, interpelle sur le rôle ambigû des ONGs comme Human Rights watch. Et explique pourquoi les massacres de Beni, l’opération likofi et le délogeage des congolais de leurs terres répondent aux objectifs d’une même guerre de prédation menée contre les congolais.
Sur les massacres de civils à Beni
Qui arrive facilement à identifier ceux qui massacrent nos compatriotes à l’Est du pays? Pourquoi les ADF n’attaquent pas l’Ouganda puisqu’ils sont des rebelles ougandais mais tuent, massacrent nos populations?
En quoi les massacres par ces faux ADF diffèrent-ils des exécutions extrajudiciaires de nos jeunes à Kinshasa ?
Il faut prendre ensemble, les massacres de nos compatriotes à l’Est, les exécutions extrajudiciaires de nos jeunes à Kinshasa, la mort par la faim et par la soif de nos compatriotes de nos compatriotes chassés de leurs villages au Katanga : Tout cet ensemble constitue une autre forme de la guerre, dans la guerre de prédation et de basse intensité menée contre le Congo depuis les années 1990.
Nous avons l’impression que les mercenaires qui opèrent au cœur des institutions congolaises ont mis fin à la guerre initiée à la fin des années 1990. Non. C’est une même guerre qui prend plusieurs formes.
L’un des indices est que l’on pratique ce qu’on a toujours eu comme mode opératoire. Ceux qui tuent indiquent eux-mêmes ou ont des tactiques pour désigner l’ennemi (qui est toujours les FDLR ou les ADF-NALU), jusqu’au jour où les congolais vont eux-mêmes mettre la main sur les véritables ennemis que sont les armées des pays voisins et leurs complices qui opèrent à partir de l’armée et police congolaises.
Nous sommes en plein dans le processus d’occupation, balkanisation et extermination des congolais. Si nous nous limitons à commenter l’actualité des massacres, les uns après les autres, nous risquons de perdre de vue le fil conducteur de la guerre qui est menée contre la RDC depuis les années 1990.
Sur les déclarations du pouvoir usurpateur de Kinshasa
Ce qui est en jeu ce n’est pas que ces messieurs là mettent fin à la guerre que le Congo subit, ce qui est en jeu c’est que l’occupation du pays se poursuive.
Les congolais doivent pouvoir s’organiser pour mettre fin, eux-mêmes, à ce chaos. Eux-mêmes à partir de fronts de résistance, à partir de groupes d’autodéfense qu’ils peuvent créer en synergie avec leurs frères et sœurs en dehors du pays.
Il est temps que les congolais comprennent que 1. leurs pleurs ne contribueront jamais à la cessation de la guerre menée contre eux. 2. ils ne peuvent rien attendre des mercenaires et imposteurs «du gouvernement congolais » qui travaillent avec les acteurs nationaux et internationaux de la mise en coupe réglée du Congo.
La difficulté que nous éprouvons se situe au niveau de l’approche des acteurs de ce qui se passe au pays. Il y a d’une part les acteurs pléniers qui opèrent dans l’ombre, à partir de l’extérieur et des pays voisins. Il y a, d’autre part, des acteurs apparents, ceux qui sont sur le devant de la scène et que nous voyons. Mais tous travaillent à une même opération : l’occupation, la balkanisation et l’extermination des congolais.
Sur les ADF et les rebelles au Congo
Sur Kabila, Human Rights Watch et l’opération likofi
Nous parlons de pouvoir, nous parlons de régime, là où il y a imposture, là où il y a occupation, là où il y a mercenariat. C’est quand nous aurons réellement créé un imaginaire alternatif qui appelle un chat un chat, comme les minorités organisées congolaises sont en train de le faire. C’est quand cet imaginaire alternatif aura atteint une bonne partie de nos compatriotes, que nous pourrons avancer dans la lutte que nous menons pour mettre fin à cette imposture.
Opérer des massacres extrajudiciaires fait partie du système de notre occupation, de notre extermination et de la balkanisation du Congo. Ce qui se passe aujourd’hui au Congo participe de ce qui a été initié depuis la conférence de Berlin en 1885 : Faire du Congo un espace inhabité, un réservoir de matières premières.
Le travail d’Human Right watch est ambigû. Cette ONG, Ceux à qui cette ONG demande de prendre des mesures contre Kanyama sont des oiseaux du même plumage. HRW est d’abord une ONG américaine, qui travaille pour la sauvegarde des intérêts américains. Et dans ce contexte là, de l’opération Likofi, ce n’est pas seulement Kanyama qu’il faut suspendre, c’est le système qu’il faut changer, ce sont les commanditaires lointains de cette guerre de basse intensité qu’il faut atteindre.
Pourquoi on tue les congolais ? Ce système est amoral. Ce système comme tout système marchand ne voit que le profit. Les coûts sociaux et humains importent peu pour ce système. Nous devrions en principe arrêter de nous poser ces questions. Ce système opère sous fond d’une matrice qui organise la guerre de tous contre tous.
Sinon nous voulons sortir de ce système, nous devons créer des alliances entre les fils et filles du pays qui sont au pays et ceux qui sont à l’extérieur pour créer des contre-alliances, des contre-réseaux vis-à-vis des réseaux de prédation.
Le mensonge est constitutif de ce système. Tous les congolais qui essaient de mettre ces mensonges sur la place publique sont soit tués soit mis en prison.
Ce que Human Rights watch cherche à faire ? Nous pousser à reconnaître que ces mercenaires sont des gens responsables à qui on peut donner certains rapports pour qu’ils réagissent en connaissance de cause. C’est une façon insidieuse de nous les faire accepter comme gouvernants alors que ce sont des mercenaires.
Sur le rapport d’Amnesty International et la question de la terre